En point de presse, mercredi, le premier ministre canadien a déclaré que bien des questions seront posées sur la façon dont la pandémie de coronavirus a commencé en Chine et sur sa gestion des premiers jours de la crise.
Il a dit que le monde entier à des questions « particulièrement » pour la Chine et pour certains autres pays. Il est de plus en plus admis, en occident, que la lenteur de la réaction et les dissimulations des dirigeants chinois ont permis au virus de se propager rapidement à Wuhan et dans la province de Hubei.
« Depuis les débuts, nous savons que l’on va avoir des questions difficiles pour plusieurs pays, dont la Chine, sur les origines et le début de cette pandémie, comment ça s’est rendu à un niveau global. En même temps, nous savons qu’une pandémie globale exige des réponses globales. »
Il a fait ses commentaires dans la foulée d’un nouveau sondage Angus Reid qui révèle qu’une forte majorité de Canadiens ne pensent pas que la Chine ait été transparente dans sa gestion de la pandémie et qu’ils ne veulent pas de liens plus étroits avec ce pays.
Ainsi, 85 % des Canadiens interrogés ont déclaré que le gouvernement chinois n’a pas été honnête dans ses rapports avec les autres pays concernant les dangers de la pandémie émergeant sur son territoire.

Seulement 14 % des répondants canadiens disent avoir une opinion positive de la Chine. Il y a six mois, deux fois plus de Canadiens (29 %) avaient une opinion favorable. En 2015, ce pourcentage était de 40 %. Le président chinois Xi Jinping (Johannes Eisele-AFP/Getty Images)
Évaluation critique de l’ambassadeur du Canada en Chine
Ces déclarations plus pointues du premier ministre font également suite à la publication, mercredi matin, d’un article du Globe and Mail selon lequel l’ambassadeur du Canada en Chine, Dominic Barton, estime que les gestes autoritaires du régime chinois nuisent aux efforts de ce pays pour accroître une réelle influence dans le monde.
Le journal canadien indique également que l’ambassadeur Barton appuie une vérification vigoureuse des décisions prises par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et leurs effets sur la transmission du virus une fois que le pire de la pandémie sera passé.

Justin Trudeau a refusé cependant de dire s’il partageait l’évaluation de son ambassadeur. Photo de Dominic Barton (Paul Chiasson/Canadian Press)
Le Canada coincé quelque part entre la Chine et les États-Unis?
Jusqu’à maintenant, le premier ministre canadien avait évité de montrer d’un doigt trop accusateur la Chine. Selon plusieurs observateurs, le fait que le Canada dépend de la Chine pour la confection et l’expédition de la majorité de ses équipements de protection contre la COVID-19 semblait peser lourd dans son esprit.
« Ma responsabilité maintenant et en tout temps, c’est d’assurer le bien-être, la sécurité des Canadiens, a indiqué le premier ministre. Et dans cette pandémie, nous nous devons de travailler avec tout le monde pour obtenir l’équipement de protection nécessaire, pour obtenir les partenariats nécessaires, pour pouvoir passer à travers. Oui, on va tous avoir des questions à répondre dans les mois à venir sur comment on s’est comporté depuis le début. Et ça comprend évidemment la Chine. »
M. Trudeau laisse maintenant entendre qu’il pressera la Chine au sujet de la COVID-19 en moment opportun.
Les théories et conspirations abondent
Les origines du coronavirus font par contre l’objet d’intenses spéculations aux conclusions souvent diamétralement opposées, et elles sont alimentées par les machines à rumeurs que sont les réseaux sociaux, mais d’abord et avant tout par la propagande politique.
Aux États-Unis, l’administration Trump a accusé l’agence des Nations unies d’avoir camouflé l’éclosion de la pandémie et prétend que la Chine a caché des informations à l’OMS.
Plus récemment, le président Trump et ses partisans ont mis de l’avant une théorie non fondée que le virus aurait été conçu dans un laboratoire de Wuhan.
Des informations des services de renseignement américains divulguées aux médias laissent aussi penser que l’épidémie aurait commencé plusieurs mois avant que la Chine ne signale le virus à l’Organisation mondiale de la santé le 31 décembre 2019.

L’Institut de virologie de Wuhan, près de l’épicentre de la pandémie
PHOTO : GETTY IMAGES / HECTOR RETAMAL
Une nouvelle théorie canadienne sur les origines américaines du coronavirus
Un très haut fonctionnaire chinois fait en ce moment la promotion d’une théorie non fondée d’un site web canadien selon laquelle le coronavirus a ses racines dans l’armée américaine.
« C’est peut-être l’armée américaine qui a amené l’épidémie à Wuhan. Soyez transparent! Rendez publiques vos données! Les États-Unis nous doivent une explication », a écrit Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, à ses 286 000 abonnés sur Twitter jeudi.

Zhao Lijian (Greg Baker/AFP/Getty Images)
Cette nouvelle théorie est l’oeuvre du Centre de recherche sur la mondialisation, ou Global Research, un site fondé par Michel Chossudovsky, professeur émérite de l’Université d’Ottawa et qui a fait l’objet de critiques sévères en 2017 de la part du Centre d’excellence en communications stratégiques de l’OTAN. Selon ce centre, en 2017, Global Research était alors un acteur en ligne important faisant la promotion de récits soutenus par le Kremlin et le régime du président Bachar Al-Assad en Syrie. Les articles de Global Research sur des sujets controversés se sont parfois classés au-dessus de ceux d’organisations de presse réputées dans les moteurs de recherche en ligne.
Des scientifiques occidentaux indiquent que des chauves-souris en Chine sont la source probable du virus et qu’un marché public vendant des animaux sauvages à Wuhan était un lieu important pour sa propagation vers les humains.
LISEZ : Forte dépendance du Canada envers la Chine pour des EPI souvent inférieurs
RCI avec CBC News, La Presse canadienne et Globe and Mail
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