Les grandes villes du pays enregistrent des baisses substantielles de la pollution comme le suggère cette image printanière du parlement canadien mise en ligne un 21 mai par le leader du Parti conservateur Andrew Sheer.

Voyez à quel point la pandémie a purifié le ciel des grandes villes du pays

Dans les régions métropolitaines de Toronto et de Montréal, les niveaux de dioxyde d’azote ont baissé de plus de 30 %!

De nouvelles mesures effectuées par Environnement et Changement climatique Canada révèlent la magnitude de l’amélioration de la qualité de l’air dans la plupart des grandes villes canadiennes au cours des deux derniers mois. Le confinement des citoyens a notamment retranché des millions de déplacements en véhicule.

Montréal vue depuis le parc de l’île Sainte-Hélène PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-CLAUDE TALIANA

Chris McLinden et Debora Griffin, deux scientifiques dans la division de la recherche sur la qualité de l’air à Environnement et Changement climatique Canada, passent leurs journées à utiliser des capteurs satellitaires pour mesurer la qualité de l’air et la présence de polluants comme l’ozone, le monoxyde de carbone et le dioxyde d’azote.

Or, ces capteurs montrent en ce moment des baisses importantes des niveaux de dioxyde d’azote, l’un des principaux gaz produits lorsque les combustibles fossiles sont brûlés pour alimenter les véhicules et chauffer les bâtiments.

Le dioxyde d’azote est à leurs yeux l’une des meilleures mesures pour une comparaison au jour le jour de la qualité de l’air, car ce gaz a tendance à se dissiper beaucoup plus rapidement que le monoxyde de carbone, ce qui en fait un excellent indicateur d’un changement sur une courte période.

Le dioxyde d’azote peut enflammer les voies respiratoires et déclencher des crises d’asthme, des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.

Dans le ciel de Montréal, il y a deux semaines, des avions de l’équipe de voltige des Forces canadiennes lors d’un tour du pays pour remonter le moral des Canadiens. (Ryan Remiorz/La Presse canadienne)

Un tour d’horizon des grandes villes du pays

Alors qu’à Toronto et Montréal, les niveaux de dioxyde d’azote ont baissé de plus de 30 %, plus à l’ouest, à Edmonton et à Calgary, la chute est encore plus marquée et frôle les 40 %, selon les données analysées par les deux scientifiques du ministère canadien de l’Environnement.

Récemment, un dôme d’un bleu intense au-dessus de la région de Vancouver a capté l’attention des résidents. Sur les médias sociaux, ils ont commenté l’absence de traînées de condensation laissées par les avions et la vue dégagée sur les montagnes lointaines.

Dans le Canada atlantique, où les niveaux de dioxyde d’azote sont généralement très bas, les capteurs ne peuvent pas saisir les données suffisamment bien pour décrire une quelconque réduction.

Montréal au cœur d’une analyse continentale de la qualité de l’air

Université de Montréal

Récemment, deux membres du Consortium canadien de recherche en santé environnementale urbaine ont analysé l’évolution de la pollution par le dioxyde d’azote (NO2) en Amérique du Nord à l’aide d’images satellites captées du 1er mars au 11 avril.

Ying Liu et Audrey Smargiassi, de l’Université de Montréal, ont produit une image saisissante montrant clairement un déclin spectaculaire, en mettant en évidence des villes importantes comme Toronto, Montréal et Vancouver.

Ils ont fait une mise en garde toutefois en expliquant que les niveaux de NO2 varient selon les saisons et qu’on s’attendait à ce qu’ils baissent à cette époque de l’année de toute façon.

Cliquez pour accéder au graphique en mouvement et aux résultats des chercheurs montréalais

Baisse plus marquée à Toronto?

En Ontario, des chercheurs du Southern Ontario Centre for Atmospheric Aerosol Research (SOCAAR) ont découvert une réduction substantielle des niveaux de pollution dans le centre-ville de la plus grande ville canadienne.

Le SOCAAR a analysé la concentration de dizaines de polluants de l’air tirés directement d’un conduit de College Street dans le centre-ville de Toronto pendant 24 jours avant le 13 mars et 24 jours après.

Les résultats préliminaires montrent que les niveaux d’oxyde d’azote et de particules ultrafines, tous deux révélateurs de la pollution des véhicules, ont fortement diminué, de moitié environ, ce qui correspond à la réduction de la circulation automobile dans la région.

Le centre-ville de Vancouver est photographié le mercredi 11 mars 2020, le jour où l’Organisation mondiale de la santé a commencé à qualifier de pandémie l’épidémie de COVID-19. Cette place – normalement entourée par une circulation automobile intense – située au cœur du centre-ville de Vancouver sert de site de surveillance de la qualité de l’air. (Ben Nelms/CBC)

Les données analysées par The World Air Quality Project

Une autre série de données analysées par un groupe à but non lucratif fondé en 2007 et qui fournit des informations transparentes sur la qualité de l’air dans plus de 100 pays, couvrant 1000 grandes villes, dresse un portrait d’améliorations variables au pays.

Selon ces données, Calgary a connu la plus forte baisse de la pollution atmosphérique, avec une diminution de 26% en 2020 par rapport aux cinq années précédentes. Halifax, Edmonton et Montréal ont également connu une amélioration à deux chiffres. La plupart des autres villes ont connu des baisses de pollution moins importantes, mais significatives.

Dans 14 des plus grandes villes du Canada, les niveaux de pollution ont ainsi diminué en moyenne de 5% en avril 2020 par rapport à la même période l’année dernière. Par rapport à la moyenne d’avril entre 2015 et 2019, la baisse en avril 2020 a été d’environ 8% dans tout le pays.

Une analyse de la présence moyenne de particules fines dans l’air et de deux polluants entre avril 2015 et avril 2020 révélée par le tableau suivant

The World Air Quality Project

Ailleurs dans le monde

En avril, la société internationale de technologie de la qualité de l’air (IQAir) a analysé la présence dans 10 villes du monde de particules fines de moins de 2,5 microns.

L’étude a montré que ces PM2,5, comme on les désigne, ont diminué de 60 % à Delhi, par rapport à la même période de trois semaines en 2019, et de 54 % à Séoul, 31 % à Los Angeles et 25 % à New York.

Miriam Diamond, professeure de sciences de la terre à l’Université de Toronto, a déclaré que même une baisse temporaire de la pollution atmosphérique peut avoir un impact positif sur la santé humaine.

Une vidéo de CBC News sur la réduction de la pollution atmosphérique dans le monde

DÉCOUVREZ LA RÉPONSE : Étrangler les intersections pour les piétons provoquerait-il plus de pollution?

S’il est vrai que l’étranglement des voies de circulation au niveau d’un nombre croissant d’intersections nous permet, comme piétons, de traverser plus rapidement au feu vert, ces étranglements pourraient-il en fait créer encore plus de pollution automobile dans une ville comme Montréal?

RCI avec La Presse canadienne,The National Observer, CBC News et Radio-Canada

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