« Les caméras sont un élément de transparence et de redevabilité pour les corps policiers dans le pays », soutient Justin Trudeau, dans la foulée des événements survenus aux États-Unis et des multiples situations de profilage racial et de violences policières contre les communautés racialisées au Canada. Crédit : istock

Trudeau discutera du port de caméras par les policiers avec les provinces

Le premier ministre Justin Trudeau s’est dit sensible à la discrimination systémique et au racisme au Canada.

Il y a eu un élan de solidarité dans le monde après la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, tué par un policier blanc, à Minneapolis, aux États-Unis. Le Canada n’a pas été en marge de ce mouvement, avec plusieurs marches dans les principales artères de ses grandes villes.

On a vu Justin Trudeau, un genou au sol, lors de la marche à Ottawa, où des milliers de personnes se sont mobilisées.

« Pour moi, ça signifie d’avoir du respect pour les gens en train de manifester autour de moi », a souligné M. Trudeau, qui a reconnu que tout n’est pas rose dans son pays, en ce qui a trait à l’inclusion de certaines communautés. C’est ainsi qu’il a dit être à l’écoute des revendications des Canadiens noirs.

Je vous entends dénoncer la discrimination systémique, le racisme, les préjugés inconscients qui persistent chez nous […] On a un système qui continue de discriminer des gens noirs racialisés et autochtones. On doit reconnaître que malgré qu’on vit dans un pays extraordinaire, peut-être le meilleur pays au monde, on a du travail à faire pour que tout le monde sente qu’ils vivent dans le meilleur pays du monde. Me mettre sur un genou est un signe de solidarité pour eux.JustinTrudeau

Le contexte de la pandémie de la COVID-19 a durement sévi au sein des communautés noires, ce que déplore le premier ministre Trudeau. Il souligne qu’un tel fait trahit un système inégalitaire.

« Nos communautés subissent des inégalités et le racisme en ce moment, incluant dans le contexte de la pandémie. Il suffit de regarder une carte de cas de COVID-19 à Toronto et à Montréal pour constater que les Canadiens noirs sont plus durement touchés par la COVID-19. » – Justin Trudeau

Le premier ministre s’est aussi prononcé sur les cas de violences policières au cours des derniers jours dans les communautés autochtones. Une jeune femme autochtone a été tuée par un policier, alors qu’elle avait sollicité de l’aide. Un chef de communauté s’est montré ces derniers jours avec le visage tuméfié, en raison de coups de poing qu’il aurait reçus d’un policier.

J’ai été perturbé par les photos partagées par le chef Adams. Le ministre Miller a communiqué avec lui, j’en ai parlé avec la commissaire de la GRC. On doit accélérer le changement à la GRC. On a amené des mesures additionnelles pour assurer une plus grande redevabilité. Il y a plus à faire et on va travailler pour annoncer d’autres mesures.JustinTrudeau

Il est question pour le premier ministre et son gouvernement d’agir au plus vite pour mettre un terme à de tels faits au sein des peuples autochtones qui ont une histoire douloureuse avec les forces de police. Il y a une semaine, c’était le premier anniversaire du dépôt du rapport sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Les associations autochtones ont critiqué l’absence du plan fédéral attendu pour faire face aux violences et à l’insécurité dans ces communautés.

Les événements aux États-Unis ces derniers jours sont venus en quelque sorte remettre le sujet en avant plan. M. Trudeau estime qu’il faut passer à la vitesse supérieure.

« Les choses doivent changer. Pour réparer des siècles d’injustice, d’exclusion et de violence, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut travailler ensemble et il faut travailler fort . Aujourd’hui, je m’engage à contribuer à mener la charge. Notre gouvernement va travailler aussi fort et aussi vite que possible pour bâtir un pays juste et meilleur avec vous.JustinTrudeau

Le premier ministre Justin Trudeau se rend sur le podium pour une conférence de presse à l’extérieur du chalet Rideau, à Ottawa, lundi 8 juin 2020. LA PRESSE CANADIENNE / Adrian Wyld

Caméras corporelles : un élément de transparence

Justin Trudeau s’est dit ouvert à l’idée que les policiers portent désormais des caméras. Il en a quelque peu discuté avec la commissaire de la GRC et il compte également le faire avec les premiers ministres des provinces et territoires. Avec ces derniers, il a déjà échangé sur la pertinence d’envisager des actions à prendre pour lutter contre la brutalité policière.

« J’ai parlé avec les premiers ministres du besoin de prendre des actions concrètes. On n’a pas directement parlé des caméras, mais je vais le souligner, dans les jours à venir, lors de notre réunion hebdomadaire […] Au fédéral, on a une responsabilité pour la GRC, mais les provinces ont une responsabilité pour les polices provinciales et municipales. On doit travailler ensemble, mais les caméras sont un élément de transparence et de redevabilité pour les corps policiers dans le pays », a dit Justin Trudeau.

Le premier ministre a mis en exergue quelques difficultés, surtout d’ordre logistique ou économique et non substantiel, liées au port de caméras par les forces policières. Mais il souhaite aller de l’avant.

« Il y a des défis techniques, mais on est d’accord qu’on doit aller de l’avant pour les officiers de la GRC. Les gens s’attendent à ce qu’on révise les budgets pour s’assurer qu’on finance les bons outils pour garder les Canadiens en sécurité. »JustinTrudeau

Cette idée de faire porter des caméras aux policiers semble avoir un écho favorable auprès du premier ministre du Québec, François Leagult. Lors d’un point de presse lundi, en réponse aux préoccupations concernant la lutte contre le racisme dans la province, M. Legault a prôné une évolution tranquille au Québec où il a toujours répété qu’il n’existe pas de racisme systémique. Il a fait volte-face sur la question des caméras portatives chez les policiers. Il s’est dit ouvert à l’envisager, alors qu’un projet pilote dans la ville de Montréal, où le profilage racial est une réalité, s’était achevé en queue de poisson.

Avec des informations du gouvernement fédéral.

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Catégories : Politique
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