L’Université McGill au centre-ville de Montréal a été ainsi nommée en hommage à James McGill, son fondateur, présenté comme un homme d’affaires prospère qui a fait fortune dans le commerce de la fourrure. De philanthrope adulé hier, il est vu aujourd’hui comme un esclavagiste de la première heure dont le nom doit disparaître de l’espace public. Crédit : Istock

Racisme systémique Canada : démanteler les hommages aux figures controversées?

Le Canada procédera au cas par cas, répond Justin Trudeau

Les événements survenus aux États-Unis, au cours des derniers jours, et au Canada avec le meurtre de deux membres de la communauté autochtone, en l’espace de quelques jours, sont venus raviver le ressentiment d’une bonne frange de la population qui dénonce depuis de nombreuses années le racisme systémique et ses ravages au Canada.

Le premier ministre Justin Trudeau a reconnu l’existence d’un tel fléau dans son pays où les personnes issues des communautés culturelles, notamment des groupes autochtones et des communautés noires, sont plus susceptibles de subir la discrimination et la violence aux mains des forces de l’ordre.

En l’espace de quelques jours, ce sont deux Autochtones qui ont été tués par les policiers au pays, portant à huit le nombre des membres des Premières Nations qui ont trouvé la mort sous les tirs des forces de l’ordre depuis le début de 2020.

M. Trudeau a dû répondre aux préoccupations des journalistes sur la nécessité de combattre un tel fléau, en procédant par exemple au changement des noms attribués à certains symboles nationaux, en hommage aux figures historiques du Canada qui ont joué un rôle dans l’instrumentalisation du racisme.

Il en est par exemple de sir Wilfried Laurier, 7e premier ministre, de 1896 à 1911, et ancien chef du Parti libéral du Canada. S’il est reconnu comme l’un des plus grands premiers ministres du pays pour son rôle dans la réconciliation des deux peuples fondateurs que sont les francophones et les anglophones, l’évocation de son nom retentit de façon moins glorieuse aujourd’hui où le racisme semble prendre des proportions inquiétantes au Canada, en raison d’un rôle présumé dans ce fléau au pays.

D’autres figures du passé, à l’instar de l’homme politique québécois Louis-Joseph Papineau, au XIXe siècle, de James McGill, dont le nom est attribué à l’une des universités les plus prestigieuses du Canada à Montréal, de John Macdonald, premier chef de gouvernement du Canada, de 1867 à 1873 et de 1878 à 1891, sont également considérées aujourd’hui comme des personnages controversés. Cela en raison de leur apologie de l’esclavage et de leur possession par le passé d’esclaves noires pour les deux premiers, et du traitement inhumain infligé aux peuples autochtones et à leurs enfants pour M. Macdonald.

Ce n’est pas la première fois que le Canada aborde ce sujet. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’entente concrète sur la façon de procéder. Sans dire avec précision s’il faut retirer de l’espace public les noms de certains héros du passé devenus embarrassants aujourd’hui, Justin Trudeau a indiqué lundi qu’il fallait se pencher sur cette question en concertation avec l’ensemble des Canadiens. Il a réitéré l’importance de procéder au cas par cas.

 Montréal déterminée à agir

Le racisme et la discrimination sont deux réalités présentes dans les débats publics à l’échelle du monde. En Grande-Bretagne (une statue de Churchill est visée pour son passé esclavagiste), en France, en Afrique et dans bien des pays, l’heure est au démantèlement d’instruments susceptibles de rappeler de quelque façon que ce soit des événements se rapportant au racisme et à la discrimination.

À Montréal considérée comme l’une des villes les plus multiculturelles du Canada en raison de la forte présence des minorités visibles au sein de la population, l’Office de consultation publique a documenté les faits de discrimination et de racisme et proposé des solutions pour y remédier.

La mairesse Valérie Plante a reconnu l’existence de ces faits dans sa ville et fait part de son engagement à y apporter des solutions concrètes.

En plus de reconnaître leur caractère systémique, elle a appelé le chef de la police de la ville de Montréal à faire de même. Mme Plante a annoncé la création d’un poste de commissaire à la lutte contre le racisme et la discrimination et elle souhaite que soit déployé un plan de lutte contre le profilage racial et social avec des indicateurs et des objectifs précis.

« Ce rapport contient 32 recommandations très pertinentes. Plusieurs d’entre elles sont transversales et visent la mise en œuvre de changements organisationnels et opérationnels tandis que d’autres abordent des problématiques spécifiques. Je l’accueille avec beaucoup d’ouverture. L’heure des analyses et des études est passée et il est maintenant temps de reconnaître formellement le problème et de mettre en place des mesures nécessaires pour le combattre. » – Valérie Plante (dans un communiqué)
Plus tard lundi, le premier ministre du Québec François Legault a abondé dans le même sens, affirmant vouloir renforcer les actions pour exorciser le racisme et la discrimination. Il a annoncé la mise en place d'un groupe d'action contre le racisme, mais des voix continuent à s'élever pour dénoncer sa controversée Loi 21 sur la laïcité, adoptée le 16 juin 2019, jugée discriminatoire à l'endroit de plusieurs groupes.

Il faut mentionner que les tares de la société que sont le racisme et la discrimination sont un frein à l’intégration des minorités qui demeurent sous-représentées dans différents secteurs publics, au sein de la police comme dans l’administration publique partout au Québec.

Avec des informations du gouvernement fédéral et de la Ville de Montréal

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Catégories : Politique
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