Fini les sièges du milieu non occupés. Les deux plus grandes compagnies aériennes canadiennes font coïncider l’abandon de leur principale politique de distanciation physique à bord de tous leurs appareils avec la Fête du Canada ce 1er juillet.
Cette décision provoque beaucoup de réactions négatives et elle intervient alors que le ministère fédéral, Transports Canada, mentionne la distanciation physique parmi les principaux moyens de prévenir la propagation du virus dans les transports.
L’Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente les compagnies aériennes dans le monde, avait proposé le mois dernier la fin des règles d’éloignement physique en vol, suggérant en lieu et place une série de mesures, dont certaines vont à l’encontre des politiques du gouvernement canadien.
L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) se dit toutefois favorable à une diminution des mesures de distanciation physique en vol. L’OACI recommande tout de même le maintien d’une distance physique entre les passages, notamment à l’aide de sièges séparés vides lorsque le faible nombre de passagers le permet.
Une pratique qui n’est plus nécessaire?
Au cours des derniers mois, Air Canada avait bloqué la vente des sièges adjacents en classe économique, et WestJet avait fait de même dans tous ses avions, pour prévenir la propagation de la COVID-19.
Les transporteurs ont cependant déclaré vendredi qu’ils revenaient sur ces décisions au moment où American Airlines annonçait elle aussi vendredi qu’elle commencera à effectuer des vols remplis à partir de mercredi prochain. Elles affirment que le nombre de passagers augmente rapidement et qu’il n’est plus possible de bloquer des sièges.
« Au plus fort de la crise, il était courant d’avoir moins de 20 personnes dans un avion. Mais de Vancouver, je viens d’en faire venir 65. Plus tôt dans la journée, d’Edmonton à Vancouver, nous en avions plus de 100 », a déclaré Chris Rauenbusch, agent de bord de WestJet et président de la section locale 4070 du SCFP.
Selon l’IATA, la mesure de distanciation ne serait plus nécessaire, car des filtres à air HEPA utilisés dans la plupart des avions contrôleraient efficacement les bactéries et les virus en suspension dans l’air. La distanciation des sièges ne serait donc plus aussi vitale qu’on l’avait d’abord prétendue il y a quelques mois.
Ces filtres minimisent les risques de transmission de la COVID-19 d’un passager à un autre d’autant plus que les passagers ont l’obligation de se couvrir le visage.
Passagers surpris
« Nous avons vraiment l’impression qu’on nous a tiré le tapis sous les pieds, a dit à CBC News Sarah Antonio, une résidente de Toronto munie d’un billet pour un vol WestJet à destination de Vancouver le 8 juillet. J’ai juste pensé qu’ils voudraient prendre notre sécurité plus au sérieux. »
Sarah Antonio et son mari avaient annulé un voyage d’affaires qu’ils étaient censés faire en mars en raison de la pandémie. Elle déclare que la principale raison pour laquelle ils se sentaient maintenant à l’aise de réserver leur vol était que WestJet avait dit explicitement pendant le processus de réservation des billets que le siège du milieu serait vide.
Elle dit avoir été bouleversée lorsqu’elle a découvert que le siège du milieu entre elle et son mari pouvait être occupé grâce à un message envoyé par une amie sur Twitter, et non par la compagnie aérienne.
La députée néo-démocrate Niki Ashton mentionne que les règles d’éloignement physique qui s’appliquent partout au Canada dans les transports publics devraient également s’appliquer aux avions.
« Cela montre bien que les compagnies aériennes cherchent à faire des profits. Le gouvernement canadien devrait faire beaucoup plus que d’encourager ou de hausser les épaules.
Un porte-parole du ministre canadien des Transports Marc Garneau affirme que l’exigence d’espacement à bord est une recommandation seulement et n’est donc pas obligatoire.
Une solution pour les voyageurs inquiets?
Jim Scott, PDG du transporteur canadien à bas prix Flair Airlines, propose aux passagers qui veulent bloquer l’accès au siège du milieu de payer un léger supplément. « Il était vraiment facile d’avoir de l’espace entre les passagers parce que, jusqu’à il y a deux semaines, nous n’avions pas de passagers », explique-t-il.
Par contre, comme de plus en plus de billets ont été réservés au cours des 14 derniers jours, la compagnie a dû faire un choix : bloquer les sièges du milieu et augmenter tous les tarifs jusqu’à 40 % ou trouver un autre moyen. Flair a choisi de permettre aux passagers qui réservent des vols dans une section spécifique d’un avion de payer une taxe de 49 $ pour s’assurer que le siège à côté d’eux reste vacant.
D’autres compagnies aériennes canadiennes, dont Air Transat et Porter Airlines, ont suspendu leurs vols jusqu’à la mi-juillet ou la fin juillet. Air Transat a déclaré que lorsqu’elle reprendra ses vols le 23 juillet, les sièges du milieu ne seront pas bloqués.
La porte-parole de WestJet, Morgan Bell, a dit à CBC News que la sécurité des clients est une priorité absolue.
« Dans le cas où un passager n’est pas à l’aise à bord, nous suggérons qu’il discute de la disposition des sièges avec notre équipage, car il continuera à s’adapter s’il y a de la place. »
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