Lorsque Justin Trudeau a été élu premier ministre du Canada en 2015, il a lancé à ses alliés internationaux un message simple : « Nous sommes de retour! » Cinq ans plus tard, de nombreux Canadiens croient que la présence du pays sur la scène internationale n’a pas beaucoup changé, a révélé un nouveau sondage.
En tant qu’acteur international, le Canada continue toutefois d’être reconnu par ses citoyens pour sa contribution à un monde « plus juste, plus durable et plus sûr ». Les organismes de coopération internationale croient que le pays peut en faire plus.
Le sondage
Selon de nouvelles données de l’Institut Angus Reid, organisme à but non lucratif, deux Canadiens sur cinq affirment que la réputation internationale de leur pays s’est détériorée au cours de la dernière décennie (41 %).
En 2015, lors de la campagne pour la 42e élection fédérale, un nombre presque identique (39 %) pensait la même chose de l’image du pays sous le premier ministre conservateur Stephen Harper.
En 2018, les libéraux de Justin Trudeau semblaient avoir fait quelques progrès puisque le nombre de ceux qui disaient que l’image du Canada s’était améliorée était supérieur à celui de ceux qui disaient qu’elle s’était détériorée, mais cette opinion positive a maintenant diminué. À la question : la réputation du Canada dans le monde est-elle en meilleur ou en pire situation qu’il y a 10 ans? les Canadiens ont répondu comme suit :
Par ailleurs, si l’on analyse les réponses des participants au sondage selon leur préférence politique, on observe entre autres que :
- Sept électeurs conservateurs sur 10 affirment que l’image du Canada s’est dégradée au cours de la dernière décennie (71 %).
- Seulement un électeur sur cinq (21 %) a déclaré cela en 2015, alors que Stephen Harper était encore à la tête du pays.
- Seuls 11 % des récents électeurs libéraux affirment aujourd’hui que l’image du Canada s’est dégradée, alors que 6 sur 10 (58 %) ont déclaré cela en 2015.
Ce qui est peut-être surprenant pour les libéraux de Justin Trudeau, c’est que seulement 45 % des récents électeurs de son parti disent que l’image du Canada s’est améliorée.
La plupart des Canadiens estiment encore que leur pays est perçu de manière positive
Malgré l’absence de progrès perçue par les Canadiens, la grande majorité d’entre eux considèrent que la réputation du Canada est moins bonne lorsqu’il s’agit de l’évaluation de la communauté internationale. Seuls 11 % la jugent mauvaise.
Outre l’échec de la candidature du Canada pour obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, le pays a également connu des conflits diplomatiques avec la Chine, ce qui a poussé de nombreux alliés à se prononcer en sa faveur après que deux citoyens canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor, ont été détenus par le gouvernement chinois sur ce que beaucoup ont appelé des allégations « sans fondement » d’espionnage.
Au début de l’année, le premier ministre Trudeau a été félicité, tant à l’échelle nationale qu’internationale, pour sa gestion des retombées de l’accident d’un avion de la compagnie aérienne ukrainienne en Iran, qui a tué 57 Canadiens.
Et plus récemment aux États-Unis, le gouvernement de Justin Trudeau a été loué pour sa gestion de l’épidémie de COVID-19 par rapport au président américain Donald Trump.
Est-il temps de repenser la politique étrangère du Canada?

(Photo : ©iStock/MicroStockHub)
À la fin de l’année 2019, le Sommet canadien du leadership mondial s’est tenu dans la capitale Ottawa. L’événement a rassemblé des représentants de la diplomatie canadienne ainsi que des organisations civiles intéressées et engagées dans la coopération canadienne à l’étranger.
Une nouvelle politique étrangère canadienne est-elle nécessaire? C’est la grande question posée par les organisateurs et par les participants, mais il y en a eu beaucoup d’autres. Quel devrait être le plan de politique étrangère du Canada? Quels sont les liens entre le changement climatique et la migration? Comment le Canada peut-il devenir un allié pour le leadership mondial autochtone?
RCI s’est entretenu avec Sebastian Vielmas, un des membres du comité organisateur du Sommet représentant le Conseil canadien pour la coopération internationale.
Il nous a expliqué que les principales raisons de s’interroger sur ce qui est fait en matière de présence canadienne à l’étranger tiennent à la conviction que le Canada a besoin d’un projet d’aide au développement solide et ambitieux qui doit se traduire, selon M. Vielmas, par un budget correspondant.
Les organisateurs de cet événement ont voulu réunir des acteurs d’horizons divers tels que le commerce, la diplomatie, la coopération internationale et les intérêts canadiens en matière de sécurité afin d’évoquer une vision commune et conjointe sur la base de laquelle chacun peut travailler dans son secteur.
Et c’est ce qu’ils croient avoir fait pendant le sommet.
Une vision commune

(Photo : Evgeny Gromov/iStock)
Avant le début du Sommet canadien sur le leadership mondial, les organisateurs et les participants ont travaillé à la rédaction et à la publication d’une vision commune sur le sujet. Cela, dit M. Vielmas, est en soi une grande réussite. Mais il y en a eu d’autres, comme l’identification des points communs et des lacunes, ainsi que des domaines dans lesquels il faut travailler davantage, a-t-il ajouté.
Qu’en est-il de la responsabilité sociale des entreprises canadiennes à l’étranger?
Le 8 avril 2019, le gouvernement du Canada a nommé Sheri Meyerhoffer comme ombudsman canadienne pour la responsabilité des entreprises, le premier poste du genre dans le monde.
Son mandat est d’examiner les allégations de violations des droits de la personne découlant des activités des entreprises canadiennes à l’étranger. Les recommandations de l’ombudsman seront rendues publiques et les entreprises non coopératives pourront être exposées à des actions commerciales.
Dans l’exercice de ses fonctions, la nouvelle ombudsman se concentrera sur les secteurs des mines, du pétrole et du gaz et de l’habillement. Il est prévu que la portée de son mandat soit étendue à d’autres secteurs au cours de la première année de fonctionnement.
Des organismes à but non lucratif croient que les pouvoirs de Mme Meyerhoffer doivent être étendus.
Peggy Mason, de l’Institut Rideau, a demandé que le Canada s’engage, lors d’une des séances plénières, à donner au médiateur les pouvoirs d’enquêter sur les sociétés d’extraction canadiennes et de les sanctionner si nécessaire.
Affaires mondiales Canada, qui comprend trois ministères du gouvernement Trudeau, s’est engagé à consulter et à soutenir la discussion et la coopération avec des experts non étatiques, des universitaires, des organisations de la société civile et le secteur privé pour créer des stratégies communes.
En complément :
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