Des études de Statistique Canada permettent de noter une hausse du taux de transition vers la résidence permanente au sein des travailleurs étrangers temporaires au Canada depuis les années 2000. Crédit : Istock

Immigrants au Canada : de plus en plus de travailleurs étrangers sélectionnés?

Trois études sur cinq, dont les résultats viennent d’être publiés par Statistique Canada, le prouvent.

Ces études sont publiées alors que le fédéral et le Québec cherchent toujours un terrain d’entente sur la régularisation de la situation des anges gardiens. Il s’agit de demandeurs d’asile qui ont joué et qui continuent de jouer un rôle important auprès des personnes âgées, dans la lutte contre la COVID-19 dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Le contexte est aussi marqué par la controverse entourant le Programme d’expérience québécoise (PEQ), qui permet à des étudiants étrangers de demander la résidence permanente au Canada, et par les décès de trois travailleurs étrangers temporaires qui sont venus prêter main-forte dans les fermes canadiennes et qui ont été frappés par la COVID-19.

L’organisme fédéral constate dans ses études qu’à cause des restrictions liées à cette pandémie, le flux d’immigrants au Canada a quelque peu fléchi. Cela se traduit par le recul de 75 % d’une année à l’autre, en avril et en mai 2020, du nombre de personnes qui ont obtenu le statut de résident permanent, selon les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Comme c’est le cas depuis le début des années 2000, les demandes d’immigration des travailleurs étrangers temporaires déjà présents sur le sol canadien ont été traitées parmi les demandes prioritaires. C’est ainsi que la sélection d’immigrants économiques parmi les travailleurs étrangers temporaires a bondi et influe désormais sur le marché du travail au pays.

C’est du moins ce qui découle de cinq études, dont les résultats de trois sont publiés par Statistique Canada, en collaboration avec Immigration, Réfugiés  et Citoyenneté Canada. Ces études offrent une vue d’ensemble des travailleurs étrangers temporaires dans la sélection et la situation sur le marché du travail des nouveaux immigrants au Canada.

Il est démontré qu’au fil des ans, les travailleurs étrangers qui se positionnent mieux sur le marché de l’emploi et qui voient leurs revenus s’améliorer considérablement sont surtout ceux qui ont travaillé au Canada et qui ont eu une expérience préalable au processus d’immigration. Photo : iStock

Importance de l’expérience professionnelle canadienne préalable à l’immigration

Selon la première étude, en 2018, 46 % des nouveaux immigrants économiques sont d’anciens travailleurs étrangers temporaires, soit une hausse comparativement à 8 % observés en 2000. Il revient au gouvernement de déterminer le nombre de résidents temporaires admissibles à la résidence permanente, mais les employeurs canadiens jouent un rôle central dans le processus de sélection des travailleurs étrangers temporaires.

La sélection se fait en deux étapes pour arrimer les profils des candidats aux exigences des postes sur le marché de l’emploi. Au cours de la pandémie de la COVID-19, l’étude soulève le problème de la dépendance du Canada à l’égard des travailleurs étrangers temporaires, une certaine incertitude qui plane sur la main-d’œuvre dans le secteur industriel ainsi que les mauvaises conditions de travail de certains travailleurs étrangers temporaires qui se sont soldées récemment par la mort de certains d’entre eux au Canada.

La deuxième étude remonte toujours au début des années 2000 pour documenter l’évolution de la sélection des immigrants en deux étapes, sur la base de l’analyse de leur expansion au Canada. Constats : 12 % des nouveaux demandeurs principaux de la catégorie économique ont travaillé au Canada avant d’obtenir la résidence permanente. Il y a eu un accroissement au fil des ans, ce chiffre est passé à 59 % en 2018, parce que le nombre de travailleurs étrangers temporaires qui détiennent un permis de travail valide au Canada a augmenté tout comme le taux de passage au statut de résident permanent a été en hausse en 18 ans.

Le nombre de travailleurs étrangers temporaires est passé de 60 000 à 429 300 personnes durant cette période, 30 % sont devenus des résidents permanents entre 2001 et 2010. Ce taux est passé à 39 % au milieu des années 2000 chez ceux qui sont arrivés au Canada pour la première fois. Il y a aussi eu un accroissement du taux de transition vers la résidence permanente en raison de la croissance du programme des candidats des provinces et de la création de la catégorie de l’expérience du Canada (CEC).

C’est ainsi qu’en 2018, 25 % des demandeurs principaux de la catégorie économique ont été admis dans le cadre du programme des travailleurs qualifiés au fédéral (PTQF). Et 46 % ont été sélectionnés dans le cadre des programmes provinciaux et 20 % par l’entremise de la CEC. Dans le cadre du PTQF, 11 % des travailleurs en 2018 œuvraient déjà au Canada avant l’immigration, comparés à 62 % des immigrants dans les programmes provinciaux et 97 % des immigrants de la CIC.

Les travailleurs étrangers temporaires qui décident d’immigrer au Canada après une expérience professionnelle sur le marché de l’emploi verraient leur rémunération s’accroître considérablement au fil des ans, selon Statistique Canada. Photo : iStock

L’expérience préalable à l’immigration conditionne-t-elle l’augmentation des revenus?

Selon les résultats de la troisième étude, la première année après l’immigration, les revenus annuels des immigrants ont augmenté, passant de 81 % à 87 % de 2000 à 2016 chez les hommes de 20 à 54 ans, et à 61 % chez les femmes. Cette croissance est influencée par la proportion croissante des nouveaux immigrants qui ont travaillé au Canada avant d’immigrer et qui ont eu un niveau de revenus annuels moyens de 20 000 à 50 000 $ en 2017, ou des niveaux de revenus élevés à partir de 50 000 $ par an.

On note aussi une augmentation de 23 % des revenus moyens au cours de la première année complète après l’immigration chez les hommes employés, et de 32 % chez les femmes employées, notamment de 2000 à 2016. Plus de 90 % de cette augmentation dans les deux sexes sont attribuables à la proportion croissante des niveaux d’immigrants qui ont travaillé au Canada avant l’immigration.

Il en découle que les immigrants qui ont travaillé au Canada avant l’immigration ont eu plus de faveurs sur le marché de l’emploi que les immigrants qui n’ont pas eu d’expérience professionnelle canadienne préalable. De 2000 à 2005, parmi les immigrants économiques qui sont arrivés au Canada, ceux qui ont des revenus en tant que travailleurs étrangers temporaires à un niveau moyen ou élevé présentent une incidence d’emploi de 19 à 20 points de pourcentage plus élevé au cours de la première année complète après l’immigration que ceux qui n’avaient pas d’expérience professionnelle préalable. Cinq ans après l’immigration, cet écart se réduit à 10 points de pourcentage et stagne à 7 points de pourcentage 10 ans après l’immigration.

Autres constats, les immigrants arrivés de 2000 à 2005 ayant eu des revenus moyens au Canada avant l’immigration gagnaient 38 % de plus au cours de la première année complète après l’immigration que ceux qui n’avaient pas d’expérience professionnelle canadienne, 17 % de plus la 5e année, et 13 % de plus la 10e année. Les immigrants arrivés au cours de cette période et qui ont des revenus élevés au Canada avant l’immigration gagneraient 4,2 fois plus au cours de la première année complète après l’immigration que les immigrants n’ayant pas d’expérience professionnelle canadienne, 2,6 fois de plus la 5e année, et 2,1 fois de plus la 10e année.

Avec des informations de Statistique Canada et du gouvernement fédéral


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