Le gouvernement fédéral vient de conclure une entente avec les géants pharmaceutiques Pfizer et Moderna pour acheter des millions de doses d’un éventuel vaccin contre la COVID-19. Avec cette annonce, le Canada entre officiellement dans la course, déjà bien enclenchée, à un futur remède contre la maladie.
La ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, en a fait l’annonce mercredi matin. « Maintenant et aujourd’hui nous annonçons deux ententes officielles et fermes et aussi nous avons des négociations avec d’autres fournisseurs », a-t-elle ajouté.
Elle refuse cependant de dévoiler le montant de ces ententes ainsi que le nombre de doses assurées par ce contrat afin de ne pas nuire aux négociations en cours.
« Les vaccins potentiels devront recevoir l’homologation réglementaire de Santé Canada avant d’être utilisés pour vacciner les Canadiens », précise le gouvernement.
La ministre Anand espère aussi pouvoir annoncer une entente prochainement avec la compagnie québécoise Medicago dont le vaccin est en première phase de test depuis la mi-juillet.
L’essai clinique de phase 1 de la compagnie canadienne Medicago est une étude sur 180 personnes en bonne santé, hommes et femmes âgés de 18 à 55 ans. Il évaluera diverses doses du vaccin combinées aux particules de coronavirus. (Photo : Groupe CNW/Medicago)
Mardi, la directrice générale de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, avait lancé un appel à la prudence en affirmant qu’un futur vaccin est un espoir important, mais pas une solution miracle à la pandémie.
Tests prometteurs
Les deux vaccins sécurisés par Ottawa font l’objet d’études de phase 3, c’est-à-dire, qu’ils sont testés à grande échelle afin de déterminer leur efficacité, depuis la fin juillet. Quelque 30 000 personnes essayeront le médicament.
Si un de ces vaccins obtient des résultats prometteurs lors de ces essais, son approbation par les autorités sanitaires et son utilisation pourrait même débuter d’ici la fin de l’année.
Dans cette éventualité, Pfizer affirme être capable de créer jusqu’à 100 millions de doses d’ici la fin de l’année et environ 1,3 milliard de doses d’ici la fin de 2021.
Réactions
Les ententes signées par Ottawa suscitent de l’espoir, mais elles soulèvent également des questions.
Le professeur de politique publique à l’Université de Carleton Marc-André Gagnon critique un manque de transparence du gouvernement Trudeau, qui refuse de dévoiler les détails de l’entente, surtout en période de pandémie.
« Dans ces conditions-là, des ententes derrière des portes closes, ce n’est pas une bonne façon de fonctionner. L’idée, c’est qu’on veut que la population fasse confiance aux autorités sanitaires », souligne-t-il.
Pour sa part, Cécile Tremblay, microbiologiste et infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, estime que ces ententes sont une bonne nouvelle. « Le fait d’avoir au moins une entente avec deux compagnies différentes, c’est rassurant. C’est une bonne nouvelle qu’on espérait, qu’on attendait », déclare-t-elle.
Course au vaccin
Mercredi matin, les États-Unis ont annoncé l’octroi d’un milliard de dollars à la pharmaceutique Johnson & Johnson pour le développement d’un vaccin contre la COVID-19.
Ce montant s’ajoute au 450 millions également accordés par l’administration Trump, au mois de mars pour ce même objectif.
Depuis le début de la course au vaccin, Washington a investi plus de 9 milliards pour s’assurer d’obtenir plus des centaines de millions de doses provenant de cinq fournisseurs pharmaceutiques différents.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, au moins 166 vaccins contre la COVID-19 font l’objet d’études cliniques et précliniques sur la planète.
– Avec les informations de Colin Côté-Paulette.
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