PetroTal Corp. a annoncé l’arrêt des opérations de son champ de production de Loreto, au nord-est du Pérou, en raison de « troubles civils » à l’extérieur du chantier pétrolier.
Dimanche, le ministre péruvien de l’Intérieur, Jorge Montoya, a indiqué qu’au moins trois Autochtones ont été tués et 17 autres résidents et policiers ont été blessés dans un conflit avec la compagnie pétrolière canadienne.
L’affrontement entre les communautés locales et la police se serait produit à 23 h 30 samedi près du champ pétrolier après qu’environ 70 résidents équipés de lances sont arrivés sur les lieux pour demander l’arrêt de la production du lot 95, a déclaré le ministre.
PetroTal a déclaré dans un communiqué que « la tentative de prise de contrôle » de ses installations a été menée par le même groupe d’habitants qui a récemment occupé une station de l’oléoduc de PetroPeru, propriété de l’État, qui a dû cesser ses activités.
Pour leur part, les manifestants de la nation autochtone Kukama disent avoir choisi de protester pacifiquement devant les installations de la compagnie canadienne pour faire pression.

PetroTal Corp. est une société pétrolière et gazière canadienne dont le siège social se trouve à Houston, au Texas. La compagnie se concentre sur le développement d’actifs pétroliers et gaziers au Pérou, notamment dans les blocs 95 et 107 visibles sur l’image. (Image : PetroTal Corp.)
PetroTal a dit qu’un groupe de personnes armées, venues pour la plupart de régions extérieures à Bretaña, avait affronté la police nationale. Toujours selon la compagnie, les manifestants protestaient contre le gouvernement et non contre la compagnie canadienne.
La police avait envoyé une quarantaine d’agents pour agir de manière préventive afin de décourager toute violence de la part des manifestants, et un procureur local de Requena, ville voisine, est venu sur place pour pouvoir faire état de toute perturbation. Des accusations devraient être portées contre les manifestants qui ont agi illégalement pendant la manifestation […]
Il est important de souligner que les protestations étaient dirigées contre le gouvernement du Pérou, car PetroTal est connue comme une compagnie pétrolière dirigée et exploitée par des Péruviens, dont la mission et la vision sont en accord avec la lutte des communautés locales pour avoir le pouvoir de gérer leur juste part des contrats pétroliers pris par le gouvernement.
PetroTal a toujours soutenu que le partage des revenus entre le gouvernement et les communautés devait se faire dans la plus grande transparence. » Communiqué de PetroTal Corp.
Ces arguments de la compagnie sont toutefois contraires à ce qui est avancé par des médias internationaux, dont la Deutsche Welle, et des organismes d’appui aux peuples autochtones, dont l’Organización Regional de los Pueblos Indígenas del Oriente del Perú (ORPIO) qui affirme que les manifestants demandaient aux représentants de PetroTal de répondre à leurs demandes de médicaments pour faire face à la pandémie de COVID-19 et au paiement d’une compensation pour l’utilisation de leur territoire, entre autres.
Par ailleurs, selon ces deux sources, les Autochtones n’avaient pas d’armes à feu.
Dimanche, le ministère de l’Intérieur du Pérou a affirmé qu’une délégation gouvernementale de haut niveau, dirigée par le ministre de la Culture et composée de représentants de divers secteurs, se rendrait dans la région le jour même.
PetroTal extrait habituellement environ 12 000 barils de brut par jour à son champ d’exploitation pétrolière du lot 95 dans l’Amazonie péruvienne. La fermeture du champ pétrolier devrait durer jusqu’à la fin de l’enquête sur l’incident.
Avec Reuters, Organización Regional de los Pueblos Indígenas del Oriente del Perú, Deutsche Welle, PetroTal
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