Les dirigeants de plusieurs grandes organisations médiatiques francophones dans le monde interpelle le gouvernement algérien pour qu’il libère immédiatement le journaliste de renom, condamné la semaine dernière à trois ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale.

Le journaliste Khaled Drareni porté en triomphe par la foule en mars dernier. (GETTY IMAGES / AFP / RYAD KRAMDI)
Ancienne vedette de la télévision algérienne, Khaled Drareni avait été arrêté en mars dernier après avoir couvert en mars dernier une manifestation antirégime pour CasbahTribune.com
Parmi les signataires du communiqué exigeant sa libération, on compte bien entendu TV5Monde, mais aussi Radio-Canada, Télé-Québec, la Télévision française de l’Ontario, Radio France, le réseau européen ARTE ainsi que la Radio Télévision Belge(RTBF).
Les Médias Francophones Publics (MFP) qualifient la condamnation de ce journaliste de TV5Monde de grave atteinte à la liberté de presse.
D’affirmer les signataires: ¨Il est intolérable que des journalistes soient pris pour cible en raison de leur activité professionnelle. Quel que soit le lieu d’exercice de leur profession, la sécurité et l’indépendance des journalistes doivent être assurées afin qu’ils puissent exercer librement leur profession¨.
La semaine dernière, l’influent Courrier International titrait l’affirmation: Khaled Drareni, symbole de l’oppression des journalistes en Algérie.
La justice algérienne multiplie les poursuites judiciaires et les condamnations
Le nouveau gouvernement algérien qui a remplacé l’an dernier celui du Président Bouteflika se montre de plus en plus intolérant tant à l’égard du mouvement de protestation en cours qu’à l’égard des journalistes et des blogueurs algériens qui en rendent compte. Au moins cinq autres journalistes, outre M. Drareni, ont été condamnés ces derniers mois ou sont emprisonnés dans l’attente de leur procès.
Tout récemment, Moncef Aït Kaci, ex-correspondant du réseau d’information en continu France 24, et un cameraman ont été placés en détention pendant vingt-quatre heures, avant d’être libérés après un tollé populaire.
Plusieurs dirigeants du mouvement Hirak ont également été arrêtés et libérés. Le mouvement Hirak n’a jamais accepté la légitimité du successeur du Président Bouteflika dont l’élection en décembre dernier, boycottée par l’opposition politique, était entachée d’irrégularités.

On espérait que le nouveau gouvernement du président Abdelmajid Tebboune se montrerait plus ouvert aux réformes que celui de son prédécesseur. (Ryad Kramdi/Agence France-Presse – Getty Images)
Khaled Drareni, un journaliste bien connu et influent

Le journaliste avant 2019, alors présentateur des nouvelles télévisées (Echorouk News)
En plus de diriger le site d’information en ligne Casbah Tribune , le journaliste de 40 ans travaille comme correspondant en Algérie de la chaîne de télévision française TV5 Monde et de Reporters Sans Frontières (RSF)
Au moment de son arrestation, cette ONG avait adressé une lettre ouverte au nouveau Président algérien Abdelmadjid Tebboune, lui demandant d’« intervenir immédiatement pour qu’il soit mis fin à des poursuites abusives, attentatoires à la liberté de la presse »
Depuis le début de 2019, Khaled Drareni a été convoqué ou arrêté à quatre reprises afin de répondre à des questions, concernant ses activités journalistiques.
Le 7 mars 2020, Khaled Drareni avait été de nouveau arrêté et placé sous contrôle judiciaire après avoir filmé une manifestation. Il avait alors été accusé de « d’incitation à un attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national».
Le 3 août dernier, il l’a dit au tribunal d’Alger par vidéo : « Je ne faisais que mon travail de journaliste libre et indépendant. J’ai couvert toutes les manifestations liées au mouvement Hirak, même celles qui étaient pro-gouvernementales. C’était mon devoir de le faire ».
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Amnistie internationale exhorte les autorités algériennes à cesser de cibler des militants du Hirak et des journalistes afin de leur faire subir des poursuites arbitraires depuis le début de la pandémie de COVID-19. Manifestations à Alger contre le président élu Abdelmadjid Tebboune, le 13 décembre 2019. Crédit photo: La Presse canadienne/AP/Toufik Doudou.
RCI avec Radio-Canada, Le Monde et The New York Times
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