Le gouvernement canadien a dépensé 37 millions de dollars depuis le mois de mars pour héberger en quarantaine dans 11 hôtels plus de 3000 Canadiens revenant de l’étranger.
Rappelons que le 25 mars, le gouvernement avait émis un ordre de santé publique exigeant une période de quarantaine de 14 jours pour tous les voyageurs canadiens ou étrangers arrivants au Canada. Il ne prévoyait que quelques exceptions, notamment pour les camionneurs assurant le transport des marchandises ou pour certains travailleurs de la santé.
Or, la nouvelle disposition de la loi sur la quarantaine prévoyait que les passagers revenant au pays par avion et qui n’avait pas d’endroit ou de ressources convenables pour s’isoler seraient obligés de séjourner dans des hôtels de quarantaine désignés par le gouvernement. Les voyageurs devaient montrer qu’ils disposent d’un endroit pour s’isoler où ils auront accès aux produits de première nécessité, y compris de la nourriture et des médicaments.
« Si les voyageurs asymptomatiques ne peuvent pas faire la preuve d’un plan de quarantaine crédible, ils devront être mis en quarantaine dans un hôtel », avait dit le premier ministre Justin Trudeau.

Des voyageurs quittent le terminal après leur arrivée à l’aéroport international Pearson de Toronto le lundi 16 mars 2020. (Nathan Denette/Canadian Press)
3222 voyageurs aidés en cinq mois
En date du 16 août, 3222 voyageurs de retour ont passé deux semaines de quarantaine dans l’un des 11 hôtels aux frais des contribuables. Fin juillet, le coût de ces quarantaines encadrées et surveillées avait dépassé les 37 millions de dollars, selon les données officielles.
L’Agence des services frontaliers du Canada n’a pas donné les détails des coûts, mais a déclaré qu’ils comprennent l’hébergement, les repas, le transport, les contrôles de santé et la sécurité. Certains sites de quarantaine ont une infirmière praticienne sur place 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Il existe 11 sites de quarantaine fédéraux dans le pays et deux autres gérés conjointement par les gouvernements fédéral et provinciaux. Les 11 sites fédéraux peuvent accueillir 1500 personnes.
Le gouvernement ne révélera pas quels hôtels sont utilisés comme installations de quarantaine afin de protéger la vie privée et la sécurité des personnes qui y séjournent.
Des séjours hôteliers des plus hospitaliers
Jeff Geauvreau raconte à CBC News que lorsqu’il a atterri ce printemps à Toronto après un long voyage au Pérou, il a déclaré aux agents à l’aéroport qu’il rentrait au Canada après avoir passé près de 10 ans à l’étranger et qu’il n’avait aucun endroit sûr pour passer la quarantaine obligatoire de deux semaines. Il avait prévu de rester chez son père âgé, qui aurait été exposé au risque de contracter le nouveau coronavirus.
Après un bref entretien avec des responsables de la santé publique, on lui a dit de monter dans une navette et on l’a conduit à une installation de quarantaine fédérale située à environ 10 minutes de là.

La chambre de la suite de l’hôtel de M. Geauvreau à Toronto, où il est resté en quarantaine pendant deux semaines après son arrivée du Pérou. (Soumis par Jeff Geauvreau)
« Je ne savais pas à quoi m’attendre. L’installation de quarantaine s’est avérée être un très bel hôtel », explique-t-il.
Il a été examiné par des infirmières puis accompagné jusqu’à une suite complète avec chambre, salon, salle de bain, deux télévisions et un lit douillet, grand et confortable, se souvient-il.
Il était autorisé à se rendre à l’extérieur uniquement dans une zone de promenade désignée dans un stationnement et seulement s’il était accompagné par un agent de sécurité.

« C’était beaucoup plus que ce à quoi je m’attendais. On s’attend au pire, et on espère le meilleur. Et, vous savez, c’était très bien. » – Jeff Geauvreau (Evan Mitsui/CBC)
Bienvenu au Canada

Vijayendra Yalavarthi (Evan Mitsui/CBC)
Un autre Canadien placé en quarantaine affirme que les conditions d’hébergement étaient supérieures.
« Ils voyaient si vous aviez besoin de quelque chose. Mes câbles USB étaient cassés, alors j’ai pris des câbles USB offerts. Ils m’ont déposé un livre. Si vous aviez besoin de chaussettes ou de sous-vêtements de secours ou d’une chemise ou autre chose, ils vous l’offraient », a mentionné Vijayendra Yalavarthi, qui est arrivé à Toronto en provenance d’Inde en juin dans le cadre du programme fédéral des travailleurs étrangers qualifiés.
En tant qu’immigrant récemment arrivé, M. Yalavarthi a raconté que cette expérience lui a permis de se sentir bien accueilli au Canada et bien pris en charge.
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RCI avec CBC News
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