Une analyse de la Banque Royale du Canada estime que la chute du nombre d'immigrants au pays observée en ce moment menace l'un des principaux moteurs de la croissance économique du pays. (AFP / GETTY IMAGES / SAM PANTHAKY)

Une chute des deux tiers de l’immigration au pays menace la reprise économique

Selon un rapport de la Banque Royale du Canada, un ralentissement important du nombre de nouveaux immigrants au Canada en raison de la pandémie menace de faire dérailler une source majeure de croissance économique, au moins temporairement.

Les restrictions de voyage décrétées en mars compliquent la tâche aux personnes qui veulent entrer au pays. (CBC)

Le rapport qui analyse la portée des nouvelles statistiques du gouvernement fédéral montre que l’immigration est en chute libre au pays avec une baisse de 64 % au cours du deuxième trimestre, parce que les candidats à l’immigration ont commencé à se heurter à des restrictions de voyage et de passage à la frontière.

Le Canada n’a accepté que 34 260 résidents permanents au cours des trois mois précédant le mois de juin. En comparaison, 94 275 personnes avaient été admises durant la même période l’an dernier.

D’autre part, le rapport souligne que le nombre de nouvelles demandes de résidence permanente au Canada au deuxième trimestre a diminué de 80 %.

L’objectif pour 2020 était de faire rentrer au pays 341 000 nouveaux arrivants. Mais au cours des six premiers mois, le Canada n’a autorisé l’entrée au pays qu’à 103 420 résidents permanents.

Si la tendance se maintient, à la fin de l’année, seulement 70 % des quelque 341 000 nouveaux résidents permanents initialement attendus devraient se trouver en sol canadien, selon le rapport.  (Adina Bresge/The Canadian Press)

La pandémie complique tout

Les restrictions de voyage décrétées en mars compliquent la tâche aux personnes qui veulent entrer au pays.

De plus, les mesures de confinement adoptées au début de la crise sanitaire ont ralenti les fonctionnaires dans le traitement des demandes. Il est possible également que la COVID-19, qui frappe le plus durement les personnes âgées, ait un effet sur l’attrait du Canada aux yeux de ces personnes.

La pandémie a d’autre part des effets économiques plus marqués sur les nouveaux arrivants. Des données de Statistique Canada publiées jeudi révèlent que les nouveaux arrivants ont été jusqu’à présent plus durement touchés par les répercussions de la COVID-19. De mars à avril, le taux de chômage s’est établi à 17 % chez les immigrants récents, contre 13,5 % du côté des travailleurs nés au pays ou installés depuis plus d’une décennie.

L’économie et le secteur de la santé vont en pâtir

Un travailleur de la santé prélève un échantillon sur une personne dans une clinique de test de COVID-19 à Montréal en mai dernier. (Graham Hughes/La Presse Canadienne)

Les taux élevés d’immigration ces dernières années au pays (341 175 nouveaux résidents permanents accueillis l’an dernier) ont joué un rôle clé dans les efforts déployés par le gouvernement pour accroître la main-d’œuvre et contrer le vieillissement de la population.

La RBC affirme que la chute du nombre d’immigrants menace l’un des principaux moteurs de la croissance économique du pays, surtout qu’une reprise à court terme de l’immigration est peu probable.

Selon la RBC, la chute du nombre de nouveaux arrivants devrait compliquer le travail de recrutement des entreprises, notamment dans les secteurs névralgiques de la santé et des soins pour les aînés.

Andrew Agopsowicz – RBC

Le document recommande au gouvernement canadien de trouver de nouvelles façons pour encourager un plus grand nombre d’immigrants à venir s’installer au pays.

« Il est vraiment important de s’assurer que cette stratégie est claire et que nous affichons toujours cette ouverture afin de montrer que nous désirons que des gens de partout dans le monde viennent ici », explique Andrew Agopsowicz, économiste principale de la Banque Royale du Canada.

Le défit est d’autant plus urgent, estime le rapport, car la chute de l’immigration surgit au moment où les Canadiens de la génération du baby-boom prennent leur retraite.

LISEZ AUSSI : L’abolition des frais pour obtenir la citoyenneté canadienne toujours reportée

Les frais de traitement sont en ce moment de 530 $ par adulte. À cela s’ajoute un frais de 100 $ pour le « droit de citoyenneté ». Même si les frais sont réduits pour les enfants, une famille de quatre personnes doit trouver le moyen de payer 1460 $. Cela représente un fardeau financier élevé qui, avec les effets de la pandémie, s’avère particulièrement lourd.  (Tom Murphy/CBC)

RCI avec La Presse canadienne et CBC News

EN COMPLÉMENT

Deux immigrants sélectionnés sur trois devront servir l’économie

Les femmes et les immigrants, essentiels à la nouvelle économie numérique

Selon le Conference Board, le Canada doit compter sur l’immigration pour renforcer sa population et son économie

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Santé
Mots-clés : , , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.