Donald Trump jeudi le 1er octobre, lors d'une activité électorale dans l'état du Maryland. (Mandel Mgan, AFP)

Tests positifs : Donald et Melania Trump ont contracté la COVID-19

En pleine nuit vendredi, à 0 h 54, Donald Trump a révélé lui-même dans un de ses gazouillis que lui et son épouse ont été déclarés positifs au coronavirus. Il s’agit d’un véritable coup de tonnerre à un mois de la tenue de l’élection présidentielle et après que Donald Trump a passé une grande partie de cette campagne électorale à minimiser la menace du virus sur ses concitoyens.

Vers 8 h, le premier ministre canadien Justin Trudeau a publié cette réaction sur Twitter : « Sophie et moi souhaitons un prompt rétablissement au @POTUS Trump et à la @FLOTUS. Nous espérons que vous vous rétablirez très bientôt de ce virus. »

Ces résultats de tests positifs de Donald et de Melania Trump surviennent quelques heures seulement après l’annonce que son assistante principale Hope Hicks, qui avait voyagé avec lui plusieurs fois cette semaine, notamment au débat présidentiel de Cleveland face à Joe Biden, avait attrapé le virus.

Mme Hicks a été vue mercredi montant à bord de l’hélicoptère Marine One, en compagnie de plusieurs autres proches collaborateurs de Donald Trump, dont Jared Kushner, Dan Scavino et Nicholas Luna. Aucun d’eux ne portait de masque en route vers un rassemblement de campagne dans le Minnesota.

Hope Hicks filmée ne portant pas de masque lors de son embarquement à bord de Marine One mercredi. (CNN Video)

Les politiciens canadiens ont aussi été affectés par le coronavirus

(Justin Tang/La Presse canadienne)

Tout récemment, en milieu de semaine, le chef du Parti conservateur Erin O’Toole et le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet sont tous deux retournés sur la colline du Parlement après s’être isolés pendant deux semaines en raison de tests de COVID-19 positifs.

La femme d’Erin O’Toole, Rebecca, avait aussi contracté la maladie.

« C’est une bonne occasion pour les Canadiens de se rappeler que nous devons être prudents quant à la propagation de COVID-19 », a déclaré M. O’Toole lors d’une mêlée de presse.

(Adrian Wyld/La Presse canadienne)

Yves-François Blanchet a mentionné pour sa part que son expérience personnelle devrait servir d’avertissement à tous pour qu’ils prennent au sérieux les conseils de la santé publique.

« Certaines personnes traversent cette épreuve beaucoup plus douloureusement que moi. J’ai eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance. Certaines personnes en meurent », a-t-il dit en conférence de presse.

Rappelons aussi qu’en mars dernier, Sophie Grégoire Trudeau, la femme du premier ministre du Canada, avait été atteinte de la COVID-19.

Justin Trudeau s’était alors placé volontairement en quarantaine et n’avait pas lui-même été contaminé.

Les risques pour le candidat démocrate Joe Biden

Selon CNN, le candidat démocrate à la présidence Joe Biden et sa femme Jill se sont soumis à un test de dépistage du coronavirus vendredi matin. Sur l’heure du midi, ces tests s’étaient avérés heureusement négatifs.

Personne de la campagne Trump ou de la Maison-Blanche n’avait pourtant alerté les Biden d’une possible exposition, a affirmé un haut responsable de la campagne du démocrate.

L’ancien vice-président a envoyé, sur Twitter, de bons vœux à M. Trump et à la première dame.

Pas plus tard que mardi, lors du débat télévisé, Trump s’était moqué de Biden parce qu’il portait un masque. « Je ne porte pas de masque comme lui, avait lancé le président. Chaque fois que vous le voyez, il a un énorme masque au visage. Il pourrait parler à 30 mètres de moi, et il se présente avec le plus grand masque que j’ai jamais vu. »

Joe Biden avait répliqué durant ce débat que le chef des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) était d’avis que le port universel du masque pourrait sauver 100 000 vies d’ici à la fin de l’année, ce à quoi Trump avait rétorqué : « Et ils ont aussi dit le contraire. »

Le président américain Donald Trump et le candidat démocrate à la présidence Joe Biden, séparés par quelques mètres, participent au premier débat présidentiel le 29 septembre 2020, à Cleveland, en Ohio (Scott Olson/Getty Images)

Les événements qui sont survenus 24 heures après le débat présidentiel

Hope Hicks s’éloigne de l’hélicoptère présidentiel à la base aérienne Andrews, le 30 septembre 2020. (ASSOCIATED PRESS / ALEX BRANDON)

Hope Hicks était avec Trump à bord d’Air Force One, mardi, et elle avait assisté au débat présidentiel de mardi à Cleveland.

Mercredi soir, elle avait commencé à ressentir de légers symptômes associés à la COVID-19 durant un vol alors qu’elle et le président revenaient d’un rassemblement dans l’État du Minnesota, selon les révélations d’une personne de l’entourage de Donald Trump de l’administration faites sous le couvert de l’anonymat. Elle a immédiatement été isolée des autres passagers et son diagnostic n’a été confirmé que jeudi.

Trump a été aperçu pour la dernière fois par des journalistes revenant à la Maison-Blanche jeudi soir et semblait être en bonne santé.

« Nous allons immédiatement commencer notre quarantaine et notre processus de récupération. Nous allons nous en sortir ENSEMBLE! », a-t-il écrit sur Twitter.

Dans une note, le médecin du président soutient que Trump et son épouse, qui a 50 ans, « sont tous deux en bonne santé pour le moment » et « prévoient de rester chez eux à la Maison-Blanche pendant leur convalescence. Soyez assurés que j’attends du président qu’il continue à exercer ses fonctions sans interruption pendant sa convalescence ».

M. Trump a toujours minimisé les risques de contracter la COVID-19, même après que le personnel de la Maison-Blanche et ses alliés eurent été exposés et malades.

« Je n’ai ressenti aucune vulnérabilité », a-t-il déclaré aux journalistes en mai dernier. 

Il a pourtant 74 ans, ce qui le rend plus vulnérable à de graves complications au coronavirus qui a tué à ce jour plus de 207 000 de ses concitoyens.

Conséquences pour les États-Unis 

Ce mauvais sort sur Donald Trump et sa campagne présidentielle est de nature à secouer une nation déjà ébranlée. Plus de sept millions de personnes ont été touchées par la pandémie et plus d’une vingtaine d’États enregistrent une augmentation de nouveaux cas.

Les États-Unis sont le pays le plus touché, tant en nombre de morts (207 711) que de cas (7 233 946). Suivent le Brésil (144 680 morts), l’Inde (98 678), le Mexique (77 646) et le Royaume-Uni (42 143).

Le sentiment d’insécurité des électeurs pourrait augmenter dans le contexte où la Maison-Blanche, qui a accès à des ressources de protections et de détection quasi illimitées, y compris un approvisionnement constant de tests à résultats rapides, n’a pas réussi à assurer la sécurité de son principal occupant. 

On peut aussi s’interroger sur les conséquences politiques envers un dirigeant qui a minimisé les risques de la pandémie, en ridiculisant parfois le port du masque et qui a été réticent à mettre en pratique les directives de sa propre administration en matière de distanciation physique par crainte de paraître faible.

Le fait d’être lui-même infecté par le coronavirus ne fera pas avancer ses affirmations selon lesquelles la maladie est en déclin, et sapera sa pression pour que les États rouvrent les écoles et les entreprises. Trump s’est plaint, lors de récents rassemblements, des gouverneurs démocrates qui ont maintenu un verrouillage strict pour empêcher la propagation du virus. (CNN)

Conséquences sur les élections du 3 novembre. Et s’il devenait réellement malade?

À 74 ans, il y a aussi la possibilité que la situation tourne mal. 20 ans plus jeune, le premier ministre britannique Boris Johnson, a passé une semaine à l’hôpital, dont trois nuits en soins intensifs, où il a reçu de l’oxygène et a été surveillé 24 heures sur 24 par le personnel médical.

Bien qu’il n’y ait actuellement aucune preuve que Trump est gravement malade, le test positif soulève des questions sur ce qui se passerait s’il devenait invalide pour cause de maladie. Le 25e amendement de la Constitution énonce les procédures selon lesquelles un président peut se déclarer « incapable d’exercer les pouvoirs et les fonctions » de la présidence.

S’il devait faire cette déclaration, Donald Trump transmettrait une note écrite au président du Sénat, au sénateur républicain Chuck Grassley de l’Iowa et à la présidente de la Chambre des Démocrates, Nancy Pelosi. Pence serait alors président par intérim jusqu’à ce que Trump transmette « une déclaration écrite contraire ».

Le vice-président et une majorité du cabinet ou d’un autre organe établis par la loi peuvent également déclarer le président incapable d’exercer les pouvoirs et les devoirs de sa charge, auquel cas Pence « assumerait immédiatement les pouvoirs et les devoirs de la charge de président par intérim » jusqu’à ce que Trump puisse fournir une déclaration écrite contraire.

Mike Pence pourrait temporairement assumer le rôle si Donald Trump devient inapte. (AP)

Quelles seraient les conséquences d’un pareil scénario sur la campagne présidentielle? Le candidat Trump serait-il remplacé par Mike Pence

S’il demeurait pleinement lucide, déciderait-il tout bonnement de ne plus se présenter à l’élection pour se soustraire au verdict des électeurs?

Au minimum, ce diagnostic, à quelques semaines du 3 novembre, marque un coup dur pour un président qui tente désespérément de convaincre le public américain que le pire de la pandémie est derrière lui.

Il y a aussi un autre scénario où Donald Trump ressortira de sa période de quarantaine en pleine forme en plus de recevoir un vote de sympathie de la part des électeurs.

Réactions internationales

Sergey Guneev/RIA Novosti via AFP

Le président russe Vladimir Poutine explique dans un message personnel à Donald Trump que « sa vitalité » lui permettra de surmonter le « dangereux » coronavirus.

Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé maintes fois accusée par Donald Trump d’incompétence dans sa gestion de la pandémie, a lui aussi souhaité vendredi un « complet et prompt rétablissement » au président et à son épouse.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, en a fait tout autant vendredi. « La COVID-19 est une bataille que nous devons tous continuer à mener. Tous les jours. Peu importe l’endroit où l’on vit », a-t-il dit.

Le premier ministre britannique Boris Johnson a également souhaité à Donald Trump un « prompt rétablissement », tout comme la chancelière allemande Angela Merkel.

Le leader de l’opposition de droite italienne, Matteo Salvini, a tweeté : « En Italie et dans le monde, quiconque célèbre la maladie d’un homme ou d’une femme, et qui vient souhaiter la mort d’un voisin, confirme ce qu’il est : un idiot sans âme. Un câlin à Melania et à Donald. »

La télévision d’État iranienne a annoncé que Trump avait le virus avec une image peu flatteuse du président américain entouré de ce qui semblait être des coronavirus géants.

LISEZ AUSSI : Les mots de Trump sur les Proud Boys renforceraient leur profil au Canada

Rassemblement des Proud Boys et d’autres manifestants de droite à Portland, en Oregon, en août de l’année dernière © Noah Berger/AP

RCI avec CBC News, CNN, Radio-Canada et AP

EN COMPLÉMENT

Trump approuve un chemin de fer de 22 milliards entre l’Alaska et l’Alberta

Lettre empoisonnée envoyée à Trump : une femme du Canada sous enquête

Action en justice contre la campagne de Trump par les proches de Leonard Cohen?

Trump n’aime pas Trudeau, écrit dans son livre John Bolton

Catégories : International, Politique, Santé
Mots-clés : , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.