Le gouvernement du Canada invite les personnes qui exercent le pouvoir au pays à reconnaître le racisme systémique existe pour tenter d’y apporter une solution. Crédit : Istock

Racisme systémique : un concept qui divise toujours Québec et Ottawa

Québec campe sur ses positions

Au regard des multiples divisions autour de ce concept, le ministre fédéral des Services aux autochtones, Marc Miller, estime qu’il serait difficile de gagner la bataille contre les discriminations que le racisme systémique engendre, si les uns et les autres ne se mettaient pas d’accord sur son existence.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada, a d’ailleurs récemment invité tous ceux qui exercent quelque autorité que ce soit, à l’échelle du pays, à reconnaître l’existence du racisme systémique pour mieux amorcer le processus de réconciliation tant attendu dans les communautés des Premières Nations.

Au Québec, la question est loin de faire l’unanimité en raison des tergiversations qui persistent. Le tout nouveau ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, reconnaît que le concept divise.

Le premier ministre du Québec, François Legault, affirme que le racisme est réel sans pour autant être systémique. Il réitère du moins la pensée de l’opinion publique dans sa province, alors que Québec et Ottawa tentent de trouver un terrain d’entente autour de cette question pour amorcer des solutions à l’inégalité des soins dans le système de santé, depuis la mort tragique de Joyce Echaquan. La jeune autochtone a perdu la vie dans des circonstances troubles, à l’hôpital de joliette. Elle a fait vivre au monde sa mort filmée en direct sur les réseaux sociaux.

« Ça ne serait pas une bonne idée de se mettre sur le dos une bonne partie des Québécois, qui pensent qu’il n’y a pas de racisme systémique au Québec. » – François Legault.

Ottawa convie toutes les parties prenantes aux discussions à une réunion d’urgence sur ce sujet, vendredi. Aussi bien les politiques que la société civile, les professionnels de soins que les membres de la famille de Joyce Echaquan y sont conviés.

Le premier ministre du Québec doit être plus présent (APNQL)

La nomination d’un nouveau ministre des Affaires autochtones au Québec, suite à la mort de cette jeune femme, a été chaleureusement accueillie par l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNNL). Cette dernière a mentionné qu’il s’agissait d’une « occasion de renouveler les relations tendues entre le gouvernement et les Premières Nations — Mais que la responsabilité repose sur les épaules du premier ministre ».

Parmi les priorités sur lesquelles François Legault a été appelé à agir d’urgence, il y a l’enquête sur la mort de Mme Echaquan, et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, s’adresse aux médias, lors d’une conférence de presse, mercredi 12 août 2020, à Montréal. LA PRESSE CANADIENNE / Ryan

Selon le communiqué de l’APNQL, il s’agit de dossiers ayant un rapport avec l’enjeu de la reconnaissance du racisme systémique. Cette reconnaissance devrait venir du sommet, parce que les relations entre l’État québécois et les Premières Nations relèvent avant tout du premier ministre, a soutenu le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, dans un communiqué.

« Dans l’histoire du Québec, les grandes avancées dans les relations avec les Premières Nations se sont toujours faites parce que le premier ministre en assumait la responsabilité », a-t-il argumenté.

« C’est le cas néanmoins de la convention de la Baie James dans les années 1970, avec Robert Bourassa, de la reconnaissance des Nations autochtones dans les années 1980, par René Levesque, ainsi que de la Paix des Braves, avec Bernard Landry », a ajouté M. Picard avant de conclure : « Nous sommes clairement au carrefour de nos relations, et un changement de ministre ne sera pas suffisant pour changer celles-ci. Il faut que le premier ministre Legault soit davantage présent ».

Implications d’un concept vu comme une idéologie

Il a fallu des morts tragiques comme celles de Joyce Echaquan et de George Floyd, aux États-Unis, les dénonciations de femmes autochtones à l’échelle du Canada, des rapports sur la violence policière contre les Noirs à Toronto, entre autres, pour que ce concept resurgisse et suscite une mobilisation mondiale.

En raison des doutes qui l’entourent, l’institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS) tente de disséquer cette notion. Il présente d’abord le racisme comme une idéologie selon laquelle il y aurait « une hiérarchie entre les groupes humains ».

Celle-ci serait à l’origine des discriminations « lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre [les droits et libertés d’une personne] ».

Sur un autre palier, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) estime que le racisme systémique renvoie à la « somme d’effets d’exclusions disproportionnées, qui résultent d’effets conjugués d’attitudes empreintes de préjugés et de stéréotypes souvent innocents, et de politiques et pratiques généralement adoptées sans tenir compte des caractéristiques des membres de groupes visés par l’interdiction et la discrimination. »

Vu comme tel, le racisme systémique est un fléau aux conséquences néfastes en raison des inégalités qui en découlent, et qui pourrait avoir des tentacules dans l’accès aux soins de santé, relève l’Agence de santé publique du Canada.

Ses effets délétères touchent aussi l’accès au logement ainsi que les rapports avec les corps policiers, comme démontré dans deux rapports de la commission ontarienne des droits de la personne (CODP) sur le profilage et la discrimination raciale par le service de police de Toronto (SPT), présentés respectivement en 2018 et 2020, etc.

Le premier ministre du Canada a rappelé qu’il faut des « réformes constructives » pour répondre à ce problème à l’échelle du pays.

Avec des informations de L’APNQL, de l’IRIS, de l’Agence de santé publique du Canada, de la Fondation canadienne des relations raciales, et de Radio-Canada (Christian Noël)

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Catégories : Politique
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