Des scientifiques canadiens ont bon espoir qu'un requin pouvant atteindre la taille d'un autobus scolaire pourrait revenir en abondance et faire l'objet d'observations fréquentes dans les eaux océaniques canadiennes le long de la Colombie-Britannique. (Chris Gotschalk)

Requins géants recherchés dans les eaux canadiennes

Le requin pèlerin, qui est le plus gros poisson au Canada et le deuxième plus gros poisson du monde après le requin-baleine, était considéré comme une espèce menacée il y a dix ans, ce qui a favorisé la création par le ministère des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne de protections juridiques pour aider à son rétablissement. 

On estime pour le moment que seuls 300 à 550 de ces requins vivent et se nourrissent entre le Mexique et la Colombie-Britannique. Il n’y a eu que deux ou trois observations en Colombie-Britannique chaque année au cours de la dernière décennie.

Il est tellement rare d’en voir qu’un avis de recherche le concernant a été émis par le ministère il y a huit ans. Pêches et Océans Canada a mis en place une ligne d’assistance téléphonique pour les requins au 1 877 50-SHARK afin de recueillir des informations auprès des pêcheurs et de toute autre personne sur l’eau qui pourrait repérer un requin pèlerin. Il y a aussi un registre en ligne où l’on peut envoyer des photos prises en mer.

Mais, comme l’explique Jackie King, chercheure de Pêches et Océans Canada, la dernière apparition du requin-pèlerin rapportée dans le Pacifique remonte à 2019.

Image d’une observation confirmée d’un requin pèlerin en Colombie-Britannique en 2016, prise par les chercheurs du NGCC Vector sur la côte centrale. (Pêches et Océans Canada)

Jackie King s’efforce depuis plusieurs années de déterminer combien de requins pèlerins peuvent aller et venir au large de la côte ouest du Canada.

Bien qu’elle ait passé un temps considérable dans l’eau et dans les avions à la recherche du célèbre requin, elle n’en a jamais vu un seul. « Je pense que l’une des ironies de ma vie est que je n’ai jamais vu un requin pèlerin », dit-elle.

Le requin pèlerin est inscrit à la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à titre d’espèce vulnérable à l’échelle mondiale. Il est considéré comme une espèce en péril dans l’Atlantique Nord-Est et dans le Pacifique Nord. (Wikipédia)

Un animal mythique, parfois presque aussi rare que… le monstre du Loch Ness

Il pourrait falloir beaucoup de temps pour que ce poisson pouvant atteindre 10 mètres de long retrouve son ancienne place dans nos eaux. Mais Scott Wallace, chercheur principal à la Fondation David Suzuki, est fasciné par les requins pèlerins.

« C’est comme un animal mythique pour moi », déclare le scientifique, qui a entendu des témoignages d’habitants de la côte sur ces requins géants et inoffensifs qui se rassemblaient autrefois en grand nombre.

Il en a déjà aperçu tout un groupe au large de l’île de Man au Royaume-Uni, où ils se rassemblent encore. « Vous pouvez voir leurs ailerons qui remontent à la surface et finalement, juste devant vous, il y a cet énorme espace de 1,5 mètre, avec une large bouche qui passe juste à côté de vous », dit-il. « Cela vous inquiète, mais c’est assez incroyable de les voir se nourrir comme ça. »

Scott Wallace (Fondation David Suzuki)

Une espèce menacée qui était considérée comme nuisible

Les requins pèlerins étaient autrefois si nombreux dans les eaux côtières de Colombie-Britannique qu’ils étaient considérés comme une nuisance par les pêcheurs et les plaisanciers.

Ils ont été officiellement décrits comme des « parasites destructeurs » en 1949 par ce qui était alors le département fédéral canadien des pêches.

En 1955, le gouvernement canadien a lancé un programme d’éradication de 14 ans, qui comprenait l’utilisation d’un navire spécialement équipé d’une lame à l’avant, pour éperonner les requins et les couper littéralement en deux, comme le suggère cette illustration tirée du magazine Popular Mechanics en 1956.

Les scientifiques estiment aujourd’hui que ce programme d’éradication de 1955 à 1969 a tué jusqu’à 90 % des requins pèlerins qui remontaient du Mexique vers la Colombie-Britannique pendant l’été. (Popular Mecanics)

Bon à savoir la prochaine fois que vous croiserez un requin pèlerin

Malgré leur taille, ils sont capables de sauter hors de l’eau. Un comportement connu sous le nom de « breaching« . Ils font souvent des brèches hors de l’eau lorsqu’ils sont en grand groupe et lorsqu’ils font la cour. Ce comportement pourrait également servir à déloger les parasites incrustés sur leur peau.

On pense que le requin pèlerin vit au moins 50 ans. Les mâles atteignent la maturité à 12-16 ans. Les femelles à 20 ans.

Les requins pèlerins échappent rarement aux bateaux qui leur coupent le passage. Il est donc fréquent qu’ils aient des cicatrices et parfois des blessures horribles suite à des collisions.

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De gauche à droite : Alex Kirk, Tom Kirk et Terry Jacobson posent avec leur énorme esturgeon sur le fleuve Fraser. Photo : CBC

RCI avec CBC News et Radio-Canada 


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