M. Trudeau a toutefois pondéré son propos quant au vote de confiance en déclarant que son gouvernement « ne voulait pas d’élections » mais se concentrer sur la santé des gens et de l'économie alors que le pays affronte une seconde vague de COVID-19. (Photo : Adrian Wyld / La Presse Canadienne)

Une motion de l’opposition pourrait déclencher de nouvelles élections au Canada

Le premier ministre Justin Trudeau a mis le sort de son gouvernement minoritaire en jeu mardi, en déclarant qu’une motion conservatrice visant à enquêter sur la façon dont Ottawa gère la crise sanitaire serait soumise à un vote de confiance. 

« Les conservateurs ont choisi d’avancer une motion qui établit clairement qu’ils n’ont plus confiance dans ce gouvernement », a avancé le premier ministre canadien lors d’une conférence de presse.

Plus tôt dans la matinée, le leader du gouvernement libéral à la Chambre des communes, Pablo Rodriguez, avait annoncé que « le gouvernement considère cette motion comme une question de confiance », laissant ainsi planer la possibilité de déclencher de nouvelles élections fédérales. 

« Si [les élus du] Parlement déterminent qu’ils n’ont plus confiance dans ce gouvernement, malheureusement, ça va vous vouloir dire effectivement des élections. »Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Les libéraux subissent des attaques croissantes de la part de l’opposition officielle conservatrice qui affirme qu’une partie des plus de 200 milliards de dollars canadiens distribués dans le cadre des programmes d’aide pour répondre à la COVID-19 a été mal dépensée.

L’opposition conservatrice a déposé une motion mardi matin visant à créer un comité parlementaire spécial « sur les allégations d’usage abusif de fonds publics par le gouvernement pendant la pandémie de COVID-19 au Canada ». L’un des principaux objectifs de ce comité sera d’enquêter sur les liens entre le gouvernement Trudeau et l’organisme sans but lucratif, UNIS (We Charity, en anglais). 

L’affaire UNIS 

Au printemps dernier, le gouvernement libéral a confié à l’organisme sans but lucratif, UNIS, la gestion d’un programme fédéral de près d’un milliard de dollars destiné aux étudiants bénévoles pendant la pandémie. 

Ce programme a fait l’objet d’un examen minutieux après qu’il ait été révélé qu’UNIS avait rémunéré l’épouse, le frère et la mère de Trudeau à hauteur de 300 000 dollars canadiens au total.

Interpellé sur les faits touchant des membres de sa famille, le premier ministre a reconnu en juillet que sa mère et son frère avaient œuvré au sein de cette organisation, à titre de conférenciers. M. Trudeau a expliqué qu’il n’avait pas connaissance des détails liés à leur rémunération. Il s’est excusé et a pris l’entière responsabilité de cette affaire.

Lundi, des dizaines de pages de documents sur la relation entre UNIS et le gouvernement, précédemment demandés par la commission des finances, ont été publiées. Ces documents contiennent des détails sur les frais payés et les dépenses couvertes pour les membres de la famille Trudeau qui ont participé aux événements d’UNIS.

Personne ne souhaite déclencher de nouvelles élections

S’adressant à la presse mardi matin, le leader conservateur, Erin OToole, a annoncé que la motion allait être amendée pour souligner qu’elle ne vise pas à déclencher de nouvelles élections, mais plutôt à assurer l’imputabilité du gouvernement.

La nouvelle motion amendée spécifie en outre que la création du comité « ne doit pas, de l’avis de la Chambre, constituer un motif légitime de déclencher une élection générale ».

M. O’Toole — qui devra décider s’il veut poursuivre ses efforts pour soumettre sa motion au vote — a notamment déclaré que « la mauvaise utilisation de fonds » devait être examinée.

La chef de l’opposition Erin O’Toole durant la période des questions à la Chambre des communes, le mardi 20 octobre 2020 à Ottawa. (Photo : Adrian Wyld / La Presse Canadienne)

De son côté, M. Trudeau a pondéré son propos quant au vote de confiance en déclarant que son gouvernement « ne voulait pas d’élections ». À l’inverse, le premier ministre a insisté sur le fait que son gouvernement voulait se concentrer sur la santé des gens et de l’économie alors que le pays affronte une seconde vague de COVID-19.

Il a ajouté que le gouvernement propose plutôt de créer un autre comité spécial appelé à scruter « toutes les dépenses et tous les investissements faits dans les gens depuis le début de la pandémie ».

À cette proposition, le leader du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a dit aux journalistes qu’il avait ses propres suggestions sur la façon dont la commission devrait travailler et a ajouté que les deux parties étaient proches.

Mais il a également qualifié la position de M. Trudeau de ridicule et de farfelue, et a accusé le premier ministre de chercher à se faire élire tout en rejetant la faute sur l’opposition.

« Je ne donnerai pas au premier ministre une excuse pour plonger le pays dans une élection … mon but est d’aider les gens et je continuerai à le faire », a précisé M. Singh, qui n’a cependant pas dit comment son parti voterait mercredi.

Le leader du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré ne pas être intéressé par l’idée d’un vote de confiance maintenant. (Photo : Adrian Wyld / La Presse canadienne)

Les libéraux, qui n’ont remporté qu’une minorité de sièges lors des élections d’octobre 2019, auraient besoin du soutien d’au moins un des trois principaux partis d’opposition pour survivre un vote de confiance.

Lors du dernier vote de confiance obligatoire, portant sur le discours du Trône, il y a deux semaines, le gouvernement avait survécu grâce à l’appui du Nouveau Parti démocratique.

Un suivi global des récents sondages d’opinion réalisé par CBC indique que les libéraux bénéficient actuellement d’un soutien public de 36,5 % et les conservateurs de 30,8 %, ce qui laisse penser qu’un vote national donnerait une autre minorité pour le gouvernement de Justin Trudeau.

Le vote sur la motion conservatrice devrait avoir lieu demain à 15 h 15, heure de l’Est.

Avec les informations de Reuters, CBC et Radio-Canada.

Catégories : Politique
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.