Les députés ont voté à 180-146 contre une motion des conservateurs, principaux rivaux de M. Trudeau, visant à créer un comité doté de pouvoirs étendus afin de vérifier si le gouvernement n'avait pas indûment attribué des contrats à des entreprises "amies" alors qu'il luttait contre la pandémie au début de l'année. (Photo : Sean Kilpatrick / La Presse canadienne)

Le gouvernement libéral évite de justesse la tenue de nouvelles élections

Justin Trudeau et son gouvernement libéral ont survécu à un vote de confiance mercredi grâce aux voix du Nouveau Parti démocratique, évitant ainsi la tenue de nouvelles élections fédérales alors même que l’épidémie de COVID-19 s’empire au Canada. 

La motion proposée par les conservateurs afin de créer une commission d’enquête sur la façon dont Ottawa gère la crise sanitaire a été rejetée par 180 votes des libéraux combinés avec ceux des néo-démocrates et des Verts contre 146.

L’un des principaux objectifs de ce comité était d’enquêter sur les liens entre le gouvernement Trudeau et l’organisme sans but lucratif, UNIS (We Charity, en anglais). 

Le leader parlementaire libéral Pablo Rodriguez, chargé de négocier avec les autres partis, a salué la fin de ce qu’il a qualifié de motion conservatrice ridicule et abusive.

« Le Parlement a choisi de soutenir les Canadiens plutôt que les jeux politiques », a-t-il déclaré aux journalistes, précisant qu’il n’avait fait aucune concession aux néo-démocrates pour gagner leur soutien.

La chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, se lève pour voter à la Chambre des communes, Canada 21 octobre 2020. (Photo : Blair Gable /Reuters)

Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, n’en a, quant à lui, pas démordu en réaffirmant que le gouvernement libéral ne gérait pas bien la crise provoquée par la pandémie de COVID-19.

« Trop de Canadiens ont été laissés pour compte dans la réponse lente, confuse et problématique du gouvernement Trudeau à la pandémie de COVID-19 – et le premier ministre évite à tout prix de rendre des comptes. »

Erin O’Toole, chef du Parti conservateur

La création de comités est généralement assez banale, mais M. Trudeau et son gouvernement se sont efforcés de faire de la proposition des conservateurs une question de confiance, mettant ainsi la survie de son gouvernement en jeu.

« Les Canadiens ne veulent pas d’une élection. Mais les Canadiens ont besoin de savoir que leur parlement continue de travailler de manière constructive », a-t-il déclaré à la Chambre des communes peu avant le vote.

Le rejet de cette motion, transformée en vote de confiance par les libéraux, évite aux Canadiens de revenir aux urnes et permet au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau de rester au pouvoir jusqu’à nouvel ordre.

Composition actuelle du Parlement canadien

Libéraux : 154 sièges

Conservateurs : 121 sièges

Bloquistes : 32 sièges

Néo-démocrates : 24 sièges

Verts : 3 sièges

Indépendants : 2 sièges

Le vote décisif du NPD

Dans la matinée, les néo-démocrates s’étaient réunis afin de choisir qu’elle décision prendre quant au vote à venir.

C’est seulement deux heures avant le vote que le leader du NPD, Jagmeet Singh, a annoncé que son parti refusait de fournir aux libéraux un prétexte pour déclencher des élections et qu’il rejetait, par conséquent, la motion des conservateurs.

« Pendant que Monsieur le premier ministre parle d’une élection, Monsieur ou Madame Tout-le-monde parlent de leurs inquiétudes. Ils ont peur pour leur avenir, pour leurs enfants, pour leurs proches dans les centres de soins de longue durée. Les petites entreprises ont peur de fermer leurs portes », a rappelé le chef néo-démocrate.

« On ne va pas donner une excuse au premier ministre pour déclencher une élection. »

Jagmeet Singh, chef du NPD

Le chef du Nouveau parti démocratique du Canada, Jagmeet Singh, se lève pour voter à la Chambre des communes, le 21 octobre 2020. (Photo : Blair Gable /Reuters)

Pour le Nouveau Parti démocratique, derrière ce vote de confiance se cachait le désir des libéraux de relancer une élection afin de profiter de leur position avantageuse dans les sondages et ainsi obtenir un gouvernement majoritaire. 

Toutefois, les libéraux n’obtiendraient que 35 % du soutien public et les conservateurs 31 % si un vote était organisé aujourd’hui, un résultat qui pourrait produire un autre gouvernement libéral minoritaire, a déclaré Frank Graves, président de la société de sondage EKOS Research, lors d’une entrevue avec l’agence de presse Reuters.

Un récent sondage d’EKOS Research prédit aussi que plus de 70 % des Canadiens ne veulent pas de nouvelles élections fédérales en temps de pandémie.

Les néo-démocrates ne sont pas les seuls à avoir voté contre la motion conservatrice soutenue par le Bloc Québécois.

A quelques heures du vote, la cheffe du Parti vert du Canada, Annamie Paul, a annoncé que ses trois députés voteraient contre la motion, avançant que la priorité était de faire face à la pandémie et que « tout le reste n’est qu’un spectacle malvenu ».

« Ce n’est pas le moment d’affaiblir cette coopération interpartisane [qui s’est créée pour faire face à la pandémie], alors que les gens ont encore besoin de notre aide pour répondre à leurs besoins les plus urgents. »

Annamie Paul, cheffe du Parti du vert du Canada

« Une telle coopération n’exclut pas une opposition saine et nécessaire aux propositions du gouvernement, mais elle exclut le genre de politique de la corde raide inutile dont nous sommes témoins, » a ajouté la cheffe du Parti vert.

Avec les informations de Radio-Canada et Reuters.

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