Le gouvernement libéral a mis en avant, vendredi dernier, 16 projets québécois de lutte contre le racisme pour éliminer les obstacles systémiques devant les peuples autochtones, les communautés racialisées et les minorités religieuses du pays.
Ces projets font partie du Programme d’action et de lutte contre le racisme de 15 millions de dollars qui finance 85 initiatives locales, régionales et nationales, ainsi que des activités axées sur les résultats qui s’attaquent au racisme et à la discrimination sous toutes ses formes.
L’investissement englobe des projets qui favorisent l’intégration dans la société canadienne, la compréhension interculturelle et interconfessionnelle ainsi que des recherches visant à mieux comprendre les défis des peuples autochtones, des communautés racialisées et des minorités religieuses.
Quelques-uns des projets québécois subventionnés par le gouvernement libéral
- Strengthening Community Responses to Racism : Building Increased Social Participation of Newcomer, Racialized, and Indigenous Youth [renforcer les actions communautaires contre le racisme : accroître la participation sociale des nouveaux arrivants, des personnes racialisées et des jeunes Autochtones], un projet dirigé par EQUITAS – Le Centre international d’éducation aux droits de la personne exécutera des programmes communautaires inclusifs qui accroîtront la participation sociale des nouveaux arrivants, des groupes racialisés et des jeunes Autochtones.
- In the Know Too [en toute connaissance aussi], présenté par le Centre de ressources de la communauté noire, comblera les lacunes dans l’accès à la justice en anglais au Québec, qui contribuent au désengagement des jeunes (en particulier les jeunes Noirs) dans la société.
- Canada Task Force on Online Antisemitism [groupe de travail canadien sur l’antisémitisme véhiculé en ligne], géré par l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne de l’Université Concordia, formulera des recommandations pour aider les entreprises de médias sociaux et de technologie à modifier leurs politiques et à élaborer de nouvelles solutions technologiques pour lutter contre l’antisémitisme, la négation de l’Holocauste et la distorsion en ligne.
Vendredi, nous avons parlé de cet investissement et, plus largement, du racisme au Canada à Bardish Chagger, ministre fédérale de la Diversité, de l’Intégration et de la Jeunesse.
Radio Canada International (RCI) : Bonjour Mme Chagger, pour commencer, pourriez-vous nous en dire plus sur ces 16 projets québécois que vous mettez de l’avant aujourd’hui?
Bardish Chagger (BC) : J’ai eu le plaisir de pouvoir annoncer virtuellement des investissements dans ces 16 projets au Québec, qui poursuivent le travail de notre gouvernement dans la lutte contre le racisme au Canada.
Nous savons que le racisme systémique est réel. Il existe au Canada et la COVID-19 et les manifestations ont accentué ces inégalités, ces iniquités. Ainsi, cet investissement est vraiment une question de partenariat entre le gouvernement fédéral et les organisations sur le terrain pour offrir des possibilités et des solutions, puis pour mesurer les résultats de ces programmes et la façon dont ils peuvent être améliorés.
Nous voulons aussi relier ces organisations pour qu’elles travaillent ensemble, non seulement au Québec, mais dans tout le pays, afin de maximiser les atouts et les possibilités qui découlent de cet investissement.
RCI : Selon vous, quelles sont les clés pour lutter contre ce racisme et cette discrimination qui touchent de nombreuses populations au Canada?
BC : Je dirais qu’ici au Canada, la diversité a toujours été l’une de nos plus grandes forces. Toutefois, nous ne devons jamais oublier qu’une société multiculturelle, une société véritablement ouverte et inclusive, est toujours un travail en constante évolution. Elle exige de nous des efforts, de l’attention et des soins. Et c’est pourquoi le premier ministre m’a chargé de travailler avec tous les ministères et agences.
Quand vous regardez ce financement, vous avez raison, il est question du financement de programmes et de services. Il s’agit de financer la recherche. Il s’agit d’analyser les propos haineux publiés en ligne et à déterminer comment nous pouvons fournir ces informations aux entreprises de technologie et aux diffuseurs afin que nous soyons davantage conscients des décisions que nous prenons.
La COVID-19 a obligé notre gouvernement à travailler au-delà des clivages politiques. Nous devons travailler avec tous les niveaux de la société, le gouvernement, le secteur public et le secteur privé, tous ensemble, en considérant ceux que nous représentons, afin de collecter des données, d’analyser et de mesurer les résultats, mais aussi en gardant l’esprit ouvert sur ce qui doit être fait. Et c’est pourquoi il s’agit d’un travail permanent. Et notre gouvernement, dans le discours du Trône, s’est engagé à redoubler d’efforts pour mener à bien ce travail important dès maintenant.
VIDEO｜Retrouver l’entrevue avec Bardish Chagger en vidéo (en anglais)
RCI : Un rapport de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) publié en octobre met en lumière le racisme systémique qui sévit dans les universités, tant pour les étudiants que pour les professeurs. Le gouvernement fédéral a-t-il l’intention de faire quelque chose pour y remédier?
BC : Notre priorité en tant que gouvernement, et nous l’avons également reconnu dans notre discours du Trône, est de toujours proposer des actions concrètes pour lutter contre le racisme sous toutes ses formes. Le premier ministre a clairement affirmé que le racisme systémique est réel. Il existe au Canada et la COVID-19 ainsi que les manifestations ont davantage amplifié ces inégalités, ces iniquités.
Ainsi, en tant que gouvernement fédéral, si vous regardez la stratégie de lutte contre le racisme, une stratégie créée par les Canadiens pour les Canadiens, le premier pilier est le leadership fédéral. Le deuxième pilier est non seulement de donner plus de pouvoir aux communautés, mais aussi de leur permettre d’agir. C’est pourquoi ce financement que nous venons d’annoncer est si important.
Et puis le troisième pilier consiste à sensibiliser et à changer les mentalités. L’éducation est la clé, et c’est pourquoi il nous faudra tous y participer. Le gouvernement fédéral sait que nous devons travailler en partenariat avec la société civile, avec les experts, avec les universitaires. La liste est encore longue. Et c’est ce que nous continuerons à faire. Nous sommes un partenaire dans cet important projet et nous savons que nous y travaillons tous ensemble.
RCI : Avez-vous des projets concrets concernant l’éducation et ce qui se passe dans les universités? Parce que, comme vous le savez, il y a un grand débat en ce moment autour du « mot en N » mentionné par une professeure de l’Université d’Ottawa. Alors, qu’en pensez-vous et quelles sont les actions que vous proposez?
BC : Nous reconnaissons qu’au Canada, il y a des juridictions et c’est pourquoi notre gouvernement fédéral, depuis le début lorsque nous avons pris le pouvoir et par la suite, dans notre réponse à la COVID-19, a été très clair et explicite sur le fait que nous devons tous travailler ensemble, que ce soit au-delà des clivages partisans, que ce soit à différents niveaux de gouvernement.
Nous devons tous être conscients de la portée de nos paroles. Nous devons également promouvoir le respect des autres et l’écoute des communautés. C’est pourquoi nous nous attacherons à proposer des actions concrètes pour lutter contre le racisme sous toutes ses formes et à travailler tous ensemble.
RCI : Actuellement, la société canadienne est en proie à un climat de méfiance, d’incompréhension et de radicalisation croissante des opinions concernant la diversité. Quel est le rôle réel du gouvernement fédéral en matière de cohésion sociale au Canada?
BC : Le premier ministre Justin Trudeau a clairement indiqué que la diversité au Canada a toujours été l’une de nos plus grandes forces. Et comme je vous l’ai dit, nous savons que c’est un travail permanent. C’est pourquoi nous faisons preuve de leadership fédéral pour accomplir ce travail important. C’est pourquoi nous travaillons directement avec les communautés, avec les Canadiens d’un océan à l’autre, pour créer des espaces sûrs, des espaces de réflexion.
Mais ce que nous faisons aussi, c’est beaucoup d’écoute et de mobilisation, car nous savons que les Canadiens ont les réponses. Nous savons qu’il y a une diversité de perspectives, une diversité de régions. Et il est important que nous nous réunissions tous pour trouver la meilleure façon de progresser.
RCI : Vous avez dit que le gouvernement du Canada continuera à mettre en œuvre sa stratégie de lutte contre le racisme, quels sont vos plans pour l’avenir?
BC : Cette stratégie nous amène de 2019 à 2022. Voilà pourquoi il s’agit d’un processus évolutif. Nous devons continuer à nous appuyer sur cet important travail, il constitue la base du changement au Canada. Nous avons donc l’occasion, en ce moment même, de reconstruire encore mieux et de manière consciemment inclusive.
C’est pourquoi de nombreuses réflexions ont lieu, même sur notre économie et sur la possibilité de faire de véritables investissements stratégiques dans l’économie verte et l’économie bleue. Et la liste est longue.
Pour cette raison, nous adoptons une approche pangouvernementale, nous travaillons avec tous les niveaux de gouvernement, avec les universitaires, avec le secteur privé et avec tous les Canadiens. Et nous voulons vous écouter et entendre ce que vous avez à dire. Il existe de nombreux documents de travail qui sont ouverts à la contribution. Même le rapport sur l’état de la jeunesse s’y rapporte, car pour la première fois au Canada, nous avons une politique de la jeunesse et elle donne aux Canadiens la possibilité de participer, y compris aux jeunes.
Sachez donc que le gouvernement fédéral est là pour travailler avec vous et pour vous. Nous voulons avoir de vos nouvelles. Alors, n’hésitez pas à nous contacter. Et si vous avez des idées, si vous avez des solutions, faites-nous part de vos commentaires, car nous sommes tous dans le même bateau. La santé et la sécurité de tous les Canadiens seront toujours notre priorité et nous avons vu de nombreux exemples de Canadiens sur le terrain retroussant leurs manches pour s’assurer que nous prenons soin les uns des autres.
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