Le quartier du Vieux-Québec, réputé pour y faire bon vivre, a été transformé en scène de crime géante. (Photo : Mathieu Belanger/Reuters)

Le Québec pleure ses morts et réagit aux attaques survenues en son cœur

La Belle Province est encore sous le choc lundi après les attaques au sabre japonais survenues le soir d’Halloween dans le Vieux-Québec qui ont fait deux morts et cinq blessés.

Le premier ministre François Legault s’est exprimé lundi matin avec émotion.

« Les heures passent, mais la douleur reste toujours aussi vive, a-t-il dit tout en cherchant à aller de l’avant. On espère que le temps va faire disparaître un peu cette douleur suite à ce drame. »

M. Legault a tenu à saluer la mémoire des deux personnes tuées, Suzanne Clermont, 61 ans, et François Duchesne, 56 ans, décédés de façon « tellement injuste », tout en souhaitant un prompt rétablissement aux cinq autres victimes. 

« Ce qu’on a vécu samedi soir, c’est effroyable. On ne peut pas comprendre comment on peut voir une telle violence gratuite. »

François Legault, premier ministre du Québec

Le premier ministre François Legault aborde le drame du Vieux-Québec lors d’un point de presse. (Photo : Ryan Remiorz/La Presse canadienne)

Il a également souligné le courage « des voisins qui ont secouru les victimes » et remercié les « policiers qui ont fait un travail très professionnel pour attraper rapidement la personne soupçonnée » ainsi que « les ambulanciers et le personnel médical » qui ont agi rapidement. 

S’adressant aux Québécois, le premier ministre a rappelé que le caractère pacifique et accueillant de la province tout en affirmant que la réponse à adopter face à ce drame était « de rester nous-mêmes, un peuple qui est pacifique ».

La veille, le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est quant à lui exprimé par voie de communiqué.

« Sophie et moi avons le cœur brisé pour les proches des victimes de cette terrible tragédie et nous souhaitons un prompt rétablissement à ceux qui ont été blessés », a-t-il écrit, ajoutant que le gouvernement canadien serait « toujours là ». 

« Les Canadiens sont de tout cœur avec les gens de Québec et tous les Québécois. Je sais que la belle ville de Québec et ses résidents se relèveront de cette dure épreuve comme ils l’ont toujours fait dans les moments difficiles. »

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Le chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, ainsi que le leader du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, ont aussi réagi sur les réseaux sociaux, offrant leurs condoléances aux familles des victimes.

Une ville endeuillée

Samedi soir, un homme vêtu d’un costume médiéval a tué deux personnes et en a blessé cinq autres lors d’une série d’agressions à l’arme blanche dans le Vieux-Québec, un quartier de la capitale québécoise.

Le suspect, un jeune homme de 24 ans de Terrebonne, au nord de Montréal, a été arrêté vers 1 h dimanche, a déclaré le chef de la police de Québec, Robert Pigeon, lors d’une conférence de presse. 

Carl Girouard a comparu par vidéo devant un tribunal et a été accusé de deux chefs d’accusation pour meurtre au premier degré et de cinq chefs pour tentative de meurtre, selon Radio-Canada.

« Vêtu d’un costume médiéval et armé d’une épée japonaise, tout porte à croire qu’il a choisi ses victimes au hasard », a dit M. Pigeon, ajoutant que les informations préliminaires indiquaient que l’homme n’était affilié à aucun groupe terroriste.

Le chef de la police a mentionné que le suspect était venu pour infliger le plus de dégâts possible, mais n’a pas donné plus de détails.

Les attaques se sont produites au cœur du centre historique de Québec.

Dimanche, ce quartier, d’habitude emplie de vie, était désert. Seuls des camions et des agents de police étaient présents. Le Vieux-Québec était alors semblable à une scène de crime géante.

Des veillées impromptues et des monuments commémoratifs improvisés ont toutefois vu le jour autour du quartier.

Lundi, l’heure était au retour à l’école pour les enfants. Une reprise pas comme les autres avec de nombreux policiers aux abords des écoles pour assurer la sécurité.

Des intervenants spécialisés en soutien psychologique sont aussi déployés dans les établissements scolaires ainsi que dans le quartier pour aider ceux qui en ont besoin. Un autobus aménagé attend les citoyens qui en ressentent le besoin à l’intersection des rues des Remparts et Hébert. 

Le maire de Québec, Régis Labeaume, a déclaré que l’attaque avait secoué la ville, qui se remet encore d’une fusillade mortelle survenue dans une mosquée en 2017. « Nous traversons une situation difficile », a souligné M. Labeaume lors de la conférence de presse matinale de la police dimanche.

Lundi, il s’est exprimé sur Facebook, où il revient sur ce qu’il s’est passé.

PÈLERINAGE SINISTRE

J’avais besoin hier soir d’aller sur les lieux du crime, là où nos voisins ont péri.

Aussi pour…

Posted by Régis Labeaume on Monday, November 2, 2020

 Besoin de plus de services en santé mentale

Dès le lendemain de la tuerie, le maire Labeaume a réclamé un « débat de société sur les maladies mentales ». Il s’est entretenu avec le premier ministre Legault qui a admis qu’il doit en faire davantage.

Lors d’une discussion téléphonique, les deux hommes ont discuté de la possibilité de créer des « patrouilles mixtes » de policiers et de travailleurs sociaux qui travailleraient ensemble pour répondre aux appels de détresse.

Lundi, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux du Québec, Lionel Carmant, a notamment annoncé que la province investissait 100 millions de dollars pour « agir sur plusieurs plans afin d’améliorer l’offre de soins et de services psychosociaux et en santé mentale pour la population du Québec, notamment par la diminution des listes d’attente ».

« On espère que sur la période qui va nous amener jusqu’à mars 2022, on va pouvoir couper de façon très significative, si ce n’est pas éliminer la liste d’attente », a avancé le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant. (Photo : Graham Hughes/La Presse canadienne)

Pas moins de 16 000 personnes sont sur la liste d’attente pour obtenir des services en santé mentale au Québec. 

Lors d’une entrevue téléphonique avec Radio-Canada, le premier ministre Trudeau a, quant à lui, dit être ouvert à une conversation nationale sur les défis des villes en matière de ressources en santé mentale.

« On est en train de vivre un moment avec la COVID-19 où l’anxiété, l’isolement, le stress sont en train d’augmenter pour tout le monde et on se doit de réagir, on se doit d’aider tout le monde, a-t-il dit. On va voir ce qu’on pourrait avoir comme conversation tous ensemble et c’est vrai qu’il faut agir. »

« On va toujours respecter les compétences, les juridictions provinciales et municipales, mais on va être là pour être partenaires sur des projets pilotes, sur des innovations. »

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Le premier ministre Legault a toutefois ajouté que, peu importe les montants investis, il serait irréaliste de croire au risque zéro. « Même si on prenait en charge tous les Québécois qui ont des problèmes de maladie mentale, on ne pourra jamais éviter tous les drames violents. »

Avec les informations de Radio-Canada et Reuters.

Catégories : Politique, Société
Mots-clés : , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.