Une vue aérienne de la ville de Toronto, plus grande ville du Canada. (Photo : Istock)

6500 nouveaux cas de COVID-19 par jour sont possibles avant Noël en Ontario

Selon le plus récent modèle épidémiologique, les citoyens de la province la plus populeuse au pays pourraient être soumis à 6500 nouveaux cas de COVID-19 par jour d’ici la mi-décembre si le gouvernement n’adopte pas des mesures de confinement et de distanciation plus sévères.

Le modèle précédent annonçait, le mois dernier, que les 14 millions et demi d’Ontariens pouvaient s’attendre à 1200 nouveaux cas par jour à la mi-novembre, un sommet qui a été dépassé avec 1575 cas jeudi. Le Québec, en comparaison, avec une population de 8 millions et demi d’habitants, a enregistré 1365 cas.

Selon le Dr David Williams, médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, les nouvelles projections mathématiques montrent que la pandémie s’aggrave dans l’ensemble de sa province. En fait, par habitant, le nombre de cas est sur le point de dépasser celui des villes européennes actuellement sous une forme ou une autre de confinement.

Le Dr Williams souligne l’importance du comportement individuel. « Si chacun faisait ce qu’il est censé faire, nous pourrions faire baisser ces chiffres », a-t-il dit.

Interrogé sur l’éventualité d’un verrouillage plus étendu des commerces, M. Williams a déclaré que la table de la santé de la province n’a pas encore répondu aux questions clés concernant la forme que pourrait prendre un tel scénario, s’il se déroulait à l’échelle de la province et si les écoles devaient également être fermées comme on envisage maintenant de le faire au Québec. M. Williams affirme qu’il va falloir répondre à toutes ces questions rapidement.

Le nombre de patients hospitalisés pour la COVID-19 en Ontario a augmenté de 61 % au cours des trois dernières semaines. Au cours des six dernières, ils ont augmenté de 167 %.

Les hôpitaux ne pourront plus répondre à la demande

Les cas de COVID-19 en Ontario ont augmenté à un taux moyen de 3,9 % par jour au cours des 14 derniers. Ces trois derniers jours, le taux de croissance a été plus proche de 6 %.

Or, la modélisation montre qu’à un rythme d’augmentation de 5 %, le nombre de personnes traitées aux soins intensifs devrait dépasser la barre des 150 dans les deux prochaines semaines. Toujours selon le scénario de croissance de 5 %, l’Ontario pourrait avoir plus de 400 patients en soins intensifs dans les six prochaines semaines.

« L’accès aux soins de l’unité de soins intensifs non COVID sera rationné », affirme le Dr Michael Warner, directeur médical de l’unité de soins intensifs (ICU) de l’hôpital Michael Garron dans l’est de Toronto.

« Cela entraînera des annulations importantes d’opérations, de tests de diagnostic, de presque toutes les activités non liées à la COVID », ajoute-t-il.

Quant à l’apparente déconnexion entre la modélisation d’aujourd’hui et la réponse de la province, le DrWarner déclare : « Je suis vraiment à court de mots. J’ai l’impression que le premier ministre Ford et le Dr David Williams sont sur une île, prenant eux-mêmes des décisions de manière indépendante. Parce que les décisions qu’ils prennent n’ont absolument aucun sens.

Le premier ministre ontarien se défend

Réagissant aux nouvelles données alarmantes, le premier ministre ontarien Doug Ford s’est dit « choqué » par les nouvelles données de modélisation qui montrent que le nombre de cas en Ontario pourrait dépasser celui de plusieurs pays en Europe qui sont maintenant sous le coup d’un verrouillage.

Il a défendu son plan qui tente d’éviter le plus possible un retour aux fermetures des commerces comme lors de la première vague de contagion du printemps dernier.

Il affirme cependant qu’il passera rapidement à l’étape suivante du confinement et qu’il prendra une décision à ce sujet d’ici vendredi.

« Je peux vous assurer que je n’ai pas hésité à prendre une décision difficile et je vous promets que je n’hésiterai pas une seconde si nous devons aller plus loin, a dit M. Ford. C’est ce que nous allons faire. Je n’hésiterai pas à passer à l’étape suivante si nous continuons à voir cela. »

Les citoyens doivent aussi faire leur part

« Nous avons besoin de la coopération de la population », a précisé le premier ministre Doug Ford, ajoutant que même si sa province devait « consacrer des milliards à ce problème », cela ne ferait pas de différence si la population ne suivait pas les directives de santé publique.

« Nous devons juste nous atteler à la tâche, car c’est très, très préoccupant », a-t-il conclu.

Des modélisations qui se suivent, mais qui ne se ressemblent pas

Publiés il y a deux semaines à peine, les nouveaux modèles mathématiques suggéraient que l’Ontario éviterait le pire scénario, celui d’une infection galopante.

Les projections, préparées par le bureau de modélisation officiel du gouvernement, fournissaient trois scénarios possibles au cours du mois de novembre. Selon ces données, tout indiquait que l’Ontario atteindrait le sommet de sa deuxième vague de contagion quelque part durant le mois de novembre.

Dans les scénarios les plus pessimistes, la province allait voir le nombre de cas augmenter jusqu’à 1000 ou 1200 par jour et y rester pendant des semaines. Mais le résultat le plus probable serait celui d’une légère diminution du nombre de cas à environ 800 par jour et un maintien à ce niveau pendant une grande partie du mois. Or, on enregistrait jeudi presque le double de ce nombre de cas.

LISEZ AUSSI : Prélèvements pour dépister le coronavirus en Ontario expédiés aux… États-Unis

Incapable de répondre à la demande dans ses laboratoires, la province de l’Ontario expédie les tests de dépistage effectués depuis peu dans un certain nombre de pharmacies à un laboratoire californien pour évaluation.

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

Catégories : Internet, sciences et technologies, Politique, Santé
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.