Les collisions figurent en bonne place parmi les causes des accidents routiers au Canada. Des études révèlent que de nombreuses personnes se fient aux technologies à bord de leurs véhicules pour se protéger contre les accidents. Crédit : Istock

Accidents routiers : « épidémie silencieuse » que la COVID ne doit pas occulter

Le ministre fédéral des Transports s’est exprimé sur cette question mercredi. Marc Garneau a profité de la Journée nationale du souvenir des victimes de la route pour attirer l’attention sur le fait que les accidents de la circulation coûtent la vie à près de 2000 personnes sur les routes canadiennes chaque année.

Prudence, malgré l’amélioration du bilan routier

M. Garneau considère que la situation devrait interpeller tout le monde en raison des conséquences désastreuses pour la société dans son ensemble. Il croit que ces accidents sont des « épidémies silencieuses » qui ne devraient pas nous échapper, malgré la crise sanitaire.

« En 2020, une grande partie de l’attention nationale s’est focalisée sur la pandémie de COVID-19. Chaque jour, nous recevons des mises à jour sur le nombre d’infections, sur les répercussions sociétales et sur les mesures à prendre pour endiguer la propagation du virus. Bien qu’il soit important de demeurer vigilant en ce qui concerne la propagation de la COVID-19, nous ne devons jamais oublier les épidémies silencieuses qui coûtent la vie à de nombreux Canadiens », a dit le ministre Garneau.

Les accidents routiers sont étroitement liés à des facteurs comme la conduite avec des facultés affaiblies par l’alcool, les drogues et autres stupéfiants. L’excès de vitesse et la distraction au volant sont aussi des facteurs aggravants.

Un bilan routier au Yukon de la Gendarmerie royale du Canada, entre le 1er décembre 2018 et le 1er janvier 2019, ayant porté sur environ 325 véhicules sur tout le territoire, a permis de mettre en exergue ces faits. L’excès de vitesse et la distraction au volant, avec de l’usage du téléphone cellulaire et d’autres outils de bord, étaient à l’origine de la majorité des accidents.

Les autorités considèrent que le bilan routier au Canada s’est nettement amélioré au cours des dernières années, même si le nombre de décès par accident reste élevé. Photo : iStock

Malgré le dépistage aléatoire de l’alcool au volant en vigueur au pays depuis le 18 décembre 2018, le bilan routier annuel reste lourd.

« Au Canada, 1900 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route et près de 150 000 personnes sont blessées chaque année. Pour moi, ces chiffres sont plus que de simples statistiques. Ce sont des vies qui ont été écourtées, et les conséquences de ces collisions sur les familles et les victimes sont incommensurables », a ajouté Marc Garneau.

Toutefois, les données de Transports Canada montrent qu’au cours des dernières années, plusieurs mesures prises pour le contrôle et la surveillance sur les routes ont permis une nette amélioration du bilan routier.

« La sécurité routière au Canada connaît une amélioration grâce à des règles nouvelles et améliorées sur la sécurité, à la technologie de prévention des collisions, à l’application de la loi par la police et, enfin et surtout, à de meilleurs comportements de conduite », a dit M. Garneau.

Quelques données pour les années 2017 et 2018

La base nationale de Transports Canada affiche un nombre de décès et de blessés en hausse, mais souligne que le nombre de blessures graves a décru au cours de l’année 2018 par rapport à 2017.

2018 est la sixième année de suite pendant laquelle le Canada a enregistré un nombre de décès inférieur à 2000. C’est le niveau le plus bas depuis 1970, année où l’on a commencé à collecter les données sur ces questions :

– 2018 : 1922 décès sur les routes canadiennes, soit une hausse de 3,6 % par rapport à 2017 (1856);
– nombre de blessures graves en 2018 : 9494, en baisse de 6,1 % par rapport à 2017 (10 107);
– nombre de décès pour 100 000 habitants : légère augmentation pour atteindre 5,2 en 2018, contre 5 en 2017, au 2e rang des plus faibles jamais enregistrées;

– nombre de décès par milliard de kilomètres parcourus : légère augmentation à 4,9 en 2018, contre 4,8 en 2017. C’est aussi le 2e niveau enregistré.

– dans le tableau des blessés et victimes décédées en 2018, les personnes de 25 à 34 ans sont en tête, avec un chiffre de 28 817 blessés total, mais 303 morts. C’est le deuxième après les 430 morts enregistrés dans le groupe des 65 ans et plus cette même année. Les 35 à 44 ans ont le deuxième nombre de blessés à 23 269, mais au chapitre des morts (250), ils sont au 5e rang, après les 55 à 64 ans (287) et les 45 à 54 ans (255)
(source : Transports Canada).

« Au cours des deux dernières décennies, le nombre de décès sur les routes a chuté de 34 % et celui des blessures graves de 42 %. Même si les Canadiens devraient se sentir rassurés par le fait que ces taux sont en baisse, toute perte de vie ou blessure est inacceptable, et nous devons redoubler d’efforts pour réduire davantage ces chiffres », affirme le ministre Garneau.

Les Canadiens sont ainsi appelés à faire leur part pour améliorer la sécurité sur les routes du pays. Ottawa dit mettre les bouchées doubles, en rehaussant, par exemple, les investissements dans le Programme de paiement des transferts de la sécurité routière. Transports Canada œuvre aussi à l’harmonisation des initiatives provinciales et territoriales.

« Nous continuons également de faire des investissements sans précédent dans les véhicules connectés et automatisés et leurs technologies connexes, ce qui pourrait contribuer à réduire encore plus les collisions et les décès dans les années à venir », a conclu M. Garneau.

Possibilité d’augmentation de la prime d’assurance automobile en cas d’amende comme mesure dissuasive contre les infractions susceptibles de compromettre la sécurité routière au Canada. Photo : iStock

Des points à améliorer malgré les avancées

Un sondage de Desjardins, publié en août dernier, montre que de nombreux Canadiens sont loin d’avoir adopté des comportements sécuritaires au volant pour protéger leur sécurité et celle des autres.

Ils sont de plus en plus nombreux à trop se fier aux instruments technologiques à bord de leurs véhicules pour les protéger des collisions (46 %). Et 32 % déclarent avoir un véhicule équipé de cette technologie (systèmes de détection de sortie de voie, avertisseur de collisions frontales, freinage d’urgence automatique, système de conduite autonome), mais 79 % estiment que la façon d’utiliser ces technologies devrait être mieux expliquée.

Par ailleurs, plusieurs conducteurs au pays ont avoué qu’ils utilisent toujours leur téléphone cellulaire au volant en 2020 (53 %) contre 38 % en 2018. Les jeunes de 16 à 34 ans sont surreprésentés parmi ceux qui ont dit continuer à être distraits au volant en raison de l’utilisation d’un téléphone (60 %).

Le tiers des personnes qui ont affirmé avoir déjà conduit avec des facultés affaiblies par la drogue ont également admis qu’elles ont conduit sous l’effet de la marijuana au cours des 12 derniers mois.

De plus, 15 % des conducteurs au pays étaient sous l’effet des médicaments d’ordonnance. Certains conducteurs sont à l’origine d’accidents en raison de la combinaison des facteurs liés à l’influence de la marijuana et aux effets des médicaments d’ordonnance ou en vente libre, ou à l’influence du cellulaire doublé aux effets de la marijuana, des médicaments sur ordonnance et des médicaments en vente libre.

Le groupe financier estime qu’il s’agit là « d’une combinaison de facteurs de risque ». C’est ainsi qu’il met en lumière les éléments susceptibles de dissuader les gens de se laisser distraire au volant.

Ainsi, la possibilité d’une hausse de la prime d’assurance automobile en cas d’amende pourrait susciter plus de vigilance chez les conducteurs, tout comme une augmentation des amendes, ainsi que l’intensification de la publicité sur les dangers des collisions sur les routes.

Le sondage de Desjardins a été mené par Ad hoc recherche auprès de Canadiens de 16 à 74 ans, 3104 personnes y ont pris part.

Avec des informations de Transports Canada et un sondage de Desjardins sur la sécurité routière

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Catégories : Société
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