La détection des traces du SRAS-CoV-2, le virus responsable de la maladie, sera effectuée par des scientifiques de l’Université d’Ottawa, de l’Université de Toronto et de l’Université Ryerson en Ontario. Leurs travaux sont soutenus par le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 du gouvernement fédéral.
Une équipe de l’Université de l’Alberta prévoit également de réaliser des tests dans des maisons de soins de longue durée, là aussi avec le soutien du gouvernement canadien.
« C’est une façon de faire une enquête ou un recensement sur tout le monde, tous les jours. Au lieu de tester des milliers de personnes, nous pouvons simplement tester le réseau d’égouts (d’une institution, d’une municipalité) une fois par jour », explique le Dr Doug Manuel, un scientifique de l’hôpital d’Ottawa qui participe au dépistage.
Robert Delatolla, un professeur d’ingénierie, est l’un des chercheurs à l’origine de ce nouvel effort visant à tester les eaux usées dans les égouts reliés aux établissements de soins de longue durée.
Il explique que son travail « pourrait être comme un détecteur de fumée signalant que des choses commencent à se mettre en place, que des épidémies s’installent ».
« Surveiller un établissement qui se porte bien et qui n’a pas d’épidémie avec les eaux usées est un outil à prendre en compte lorsque l’épidémie se produit pour la première fois », ajoute-t-il.
Des résultats qui peuvent être fautifs
Robert Delatolla révèle que l’eau de pluie peut diluer la concentration du coronavirus dans les échantillons et que les produits chimiques présents dans les eaux usées peuvent aussi altérer les résultats.
Les responsables de la santé publique ne savent pas encore non plus avec une grande fiabilité à quelle vitesse le virus peut apparaître dans les eaux usées une fois que des personnes ont contracté la COVID-19.
Robert Delatolla évoque cependant le succès de tests effectués par son équipe le 17 juillet dernier. Ils avaient permis de détecter des niveaux de COVID-19 augmentant soudainement de 400 % dans la station d’épuration d’Ottawa.
Cette augmentation avait été découverte dans les eaux usées deux jours avant que la santé publique d’Ottawa signale une hausse du nombre de personnes déclarées positives.
Une initiative qui a du succès
Depuis le mois de mars dernier, des chercheurs du monde entier analysent les rejets humains pour détecter dans les égouts la présence de la COVID-19.
Cette stratégie de détection précoce a donné de bons résultats au mois d’août dernier à l’Université d’Arizona, qui a détecté la présence de COVID-19 lors de la surveillance quotidienne des eaux usées d’un dortoir d’étudiants.
La campagne de dépistage qui a suivi a révélé deux cas, et les responsables de l’université affirment qu’une réponse rapide a permis d’éviter une plus grande propagation des infections.
Denina Simmons, professeure adjointe à l’Ontario Tech University d’Oshawa, est l’une des principales chercheuses de l’initiative ontarienne visant à surveiller les eaux usées pour détecter les signes de la présence de la COVID-19.
Mme Simmons expliquait récemment qu’un équipement scientifique relativement simple est capable de détecter les protéines spécifiques du SRAS-CoV 2, le coronavirus qui cause la COVID-19.
« Lorsque les êtres humains sont malades, ils se débarrassent de la particule virale par leur respiration, leur urine et leurs excréments, déclare-t-elle. Quand cela va à l’égout, dans les toilettes et dans les bassins de collecte des eaux usées, nous pouvons détecter le virus. »
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