De nouvelles mesures pour les voyageurs arrivant de l’étranger pourraient être mises en place « sans préavis » si les Canadiens continuent de voyager sans raison essentielle, a déclaré lundi le premier ministre Justin Trudeau.
Le chef du gouvernement fédéral a lancé son avertissement lorsqu’il rappelait à ses citoyens de ne pas voyager à l’étranger pour des raisons non essentielles afin de stopper la propagation de la COVID-19 depuis l’étranger.
« Ce n’est pas le temps de voyager à l’étranger. Si vous aviez prévu de quitter le pays, s’il vous plaît, au nom de tous les Canadiens, annulez, a lancé M. Trudeau. Ça ne vaut pas la peine d’attraper la COVID-19 et de la ramener au Canada pour un voyage dans le Sud ou ailleurs. »
Le chef d’État a rappelé les mesures déjà en place aux frontières et l’importance de les respecter sous peine de conséquences « très sévères pour ceux qui ne les respectent pas ».
Rappelons que depuis le 7 janvier, Ottawa impose à tout voyageur entrant au Canada par voie aérienne de présenter un test COVID-19 négatif datant d’au moins 72 h. Les arrivants autorisés à entrer sur le territoire doivent également se placer en quarantaine pendant 14 jours dès leur arrivée.
Les personnes qui enfreignent les instructions données à l’entrée au Canada risquent 6 mois d’emprisonnement, 750 000 $ d’amende ou les deux, indique le gouvernement sur son site. Les services de police sont également habilités à donner des amendes allant de 275 $ à 1000 $.

Justin Trudeau a réitéré que son gouvernement suit de près la situation engendrée par la découverte de nouveaux variants du coronavirus. (Photo : Adrian Wyld/La Presse canadienne)
Durant sa conférence de presse, le premier ministre a aussi précisé que ses équipes suivaient de près l’évolution des nouveaux variants du coronavirus venant d’Angleterre, du Brésil ou encore d’Afrique du Sud.
« Mais une chose est certaine, avec ces nouvelles mutations, les circonstances pourraient changer très rapidement », a ajouté Justin Trudeau.
Il n’a toutefois pas donné de détails quant aux mesures qu’ils pourraient mettre en place afin de restreindre les voyages à l’étranger.
Québec veut des actes concrets
Le premier ministre québécois a fait écho aux propos de son homologue fédéral mardi, lui demandant notamment d’interdire tous les vols internationaux non essentiels.
« Je continue à ne pas comprendre qu’une personne décide d’aller à Punta Cana ou à Cancun dans un tout-inclus avec la situation qu’on vit », a déclaré François Legault, excédé de voir des Canadiens partir en vacances pendant que la pandémie sévit partout dans le monde.
M. Legault redoute notamment que les nouveaux variants ne viennent aggraver une situation déjà bien compliquée au Canada. Il exige ainsi de Justin Trudeau qu’il agisse au lieu de continuer à donner des avertissements.
« On en a parlé en privé avec le gouvernement fédéral, mais là il est temps d’agir. Je comprends que M. Trudeau, comme nous, ne trouve pas ça idéal, mais on n’en est plus à des souhaits », a-t-il souligné lors d’un point de presse.

François Legault (Photo : Paul Chiasson/La Presse canadienne)
Même si le droit de voyager est inscrit dans la constitution canadienne, M. Legault estime qu’il est nécessaire d’interdire aux Canadiens de voyager pour des raisons non essentielles compte tenu de la gravité de la situation.
Il a également critiqué le gouvernement fédéral dans sa gestion de la quarantaine. Le premier ministre québécois estime qu’Ottawa n’en fait pas assez pour faire respecter la nécessité de s’isoler à son arrivée.
François Legault a notamment indiqué aux journalistes qu’il était lui-même prêt à passer à l’action dans les aéroports de sa province s’il le fallait. Il est allé encore plus loin en annonçant qu’il avait déjà demandé à la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, de préparer un plan pour faire « une partie du travail du fédéral » dans le respect des compétences du Québec.
Même son de cloche chez les experts
Le premier ministre québécois n’est pas le seul à demander des mesures plus strictes de la part d’Ottawa.
Plus de 100 virologistes, épidémiologistes, scientifiques, médecins et professionnels de la santé publique ont signé une pétition plaidant cette cause. Cette pétition obtenue par Radio-Canada doit être remise au gouvernement fédéral mardi.
Dans la pétition, les experts expliquent que les nouveaux variants du coronavirus représentent « un danger clair et actuel pour la sécurité sanitaire et le bien-être économique du Canada ».
Déplorant le fait que les mesures actuelles n’ont pas réussi à empêcher l’arrivée des nouveaux variants, les auteurs soulignent qu’il reste « peu de temps […] pour éviter le scénario qui se déroule actuellement au Royaume-Uni ».
Ils ajoutent que, si le gouvernement fédéral n’agissait pas, il reviendrait aux provinces de faire quelque chose.

Capture d’écran de la pétition
Afin de faire la différence, la pétition propose 9 actions à entreprendre, dont :
-
définir plus clairement ce qui est considéré comme un voyage essentiel;
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annuler immédiatement tous les vols à destination et en provenance de destinations non essentielles;
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effectuer un dépistage validé de la COVID-19 au point d’entrée pour tous les arrivants (y compris les travailleurs essentiels);
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exiger deux tests supplémentaires pendant la quarantaine des voyageurs;
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envisager sérieusement la mise en quarantaine obligatoire de tous les voyageurs entrants dans des hôtels désignés;
-
vacciner les 200 000 à 300 000 camionneurs et les 25 000 à 50 000 travailleurs essentiels qui traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis.
Les experts prennent l’exemple sur des mesures prises dans d’autres nations telles que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Taïwan ou encore la Corée du Sud.
« Ces pays y sont arrivés grâce à des restrictions strictes des voyages, ajoutées aux mesures intérieures (notamment des exigences strictes de quarantaine) adoptées plus tôt et appliquées plus rigoureusement que les politiques canadiennes actuelles« , écrivent les signataires.
Les experts estiment notamment qu’Ottawa ne peut plus compter sur la bonne volonté des voyageurs pour faire leur isolement dans les règles.
Avec les informations de Radio-Canada.
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