La réforme de la loi sur les langues officielles au Canada inquiète les Acadiens et les francophones de la province du Nouveau-Brunswick.
Dès la publication au mois de février dernier du livre blanc de cette réforme et intitulé Vers une égalité réelle des langues officielles au Canada, plusieurs organismes de défense des droits des francophones du Nouveau-Brunswick sont montés au créneau et ont déploré l’absence de « la reconnaissance de la spécificité acadienne dans le document ».
Le livre blanc contient les orientations pour élaborer un projet de nouvelle loi sur les langues officielles qui sera déposé à la Chambre des communes avant la fin de l’année.
Le gouvernement estime que la nouvelle loi « favorisera la progression vers l’égalité de statut des langues officielles au cours des 50 prochaines années ».
Les organismes signataires sont probablement d’accord avec 95 % du livre blanc. La ministre Mélanie Joly [la ministre fédérale responsable des langues officielles, NDLR] a l’intention et le vouloir de reconnaître la spécificité du Nouveau-Brunswick dans le livre blanc. Nous voulons juste nous assurer que nos demandes soient encore entendues, parce que c’est une demande que nous avons depuis 2016 », dit Alexandre-Cédric Doucet, le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB).
En entrevue avec Radio Canada International, le président de la SANB explique que ce « livre blanc est excellent, mais il exprime les intentions législatives du gouvernement. Ce n’est pas un livre vert pour consulter les divers acteurs. Donc, il faut que le livre blanc soit clair ».
M. Doucet affirme que son organisme et 19 autres associations ont voulu alerter l’opinion publique sur quelques détails qui manquent, selon eux, dans ce livre blanc.
Il s’agit de quatre points qui ont été aussi rendus publics dans un communiqué signé par tous ces organismes.
En premier lieu, la SANB demande à ce que la nouvelle loi sur langues officielles « reconnaisse la spécificité constitutionnelle du Nouveau-Brunswick en matière linguistique, tant dans le préambule que dans une clause d’interprétation ».
En second lieu, que la loi « oblige le gouvernement fédéral à communiquer avec le public et à offrir ses services dans les deux langues officielles partout au Nouveau-Brunswick plutôt qu’en fonction du critère de la demande importante ».
« Nous voulons qu’il y ait une exception au Nouveau-Brunswick. Quand on rentre au Nouveau-Brunswick, on rentre dans un territoire entièrement bilingue. Nous demandons juste qu’il y ait un arrimage entre la Charte canadienne des droits et libertés qui reconnaît que le Nouveau-Brunswick est bilingue ainsi que la Loi sur les langues officielles qui ne donne pas cette spécificité», ajoute le président de la SANB.
L’immigration constitue le troisième point de ces demandes. Pour les 20 organismes, la loi devrait « obliger le gouvernement fédéral à tenir compte de l’équilibre linguistique du Nouveau-Brunswick dans ses politiques d’immigration ».
Concrètement, selon Alexandre-Cédric Doucet, cela devrait se traduire par une immigration qui devrait être à 50 % francophone pour le Nouveau-Brunswick.
Enfin, il est demandé que le gouvernement fédéral « favorise l’exercice des droits et des privilèges égaux des communautés acadienne et anglophone du Nouveau-Brunswick, notamment leur droit aux institutions d’enseignement et aux institutions culturelles distinctes nécessaires pour leur protection et leur promotion ».
Cette sortie des organismes acadiens et francophones semble porter leurs fruits. Une rencontre est prévue mercredi avec Mélanie Joly, la ministre responsable des langues officielles.
Il rappelle aussi que « la SANB a été créée en 1973. Elle est reconnue par les différents paliers gouvernementaux comme organisme qui représente politiquement les Acadiens et les francophones au Nouveau-Brunswick ».
Qu’en pense la ministre Mélanie Joly ?
Catherine Mounier-Desrochers, l’attachée de presse de la ministre Joly, explique, en réaction aux quatre points soulevés par les organismes acadiens et francophone du Nouveau-Brunswick, que le gouvernement du Canada « sait qu’il est important que la Loi sur les Langues officielles reconnaisse spécifiquement les dynamiques linguistiques propres à chaque province et à chaque territoire. »
« C’est pourquoi la dualité linguistique du Nouveau-Brunswick est spécifiquement reconnue à la section 1 du document de Réforme qui propose de le reconnaître dans le corps de la Loi sur les langues officielles du Canada. On y reconnait explicitement que le Nouveau-Brunswick est la seule province où l’égalité de statut des deux langues officielles ainsi que des droits et des privilèges connexes est reconnue dans la Constitution pour ce qui est de leur usage dans les institutions gouvernementales. », ajoute-t-elle.
Radio Canada International
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