En raison d’un manque à gagner de 1,5 milliard de dollars qu’enregistrera Hydro-Québec, au cours des premières années d’opération à l’usine et du gazoduc de GNL Québec, les groupes environnementalistes mettent en garde sur les impacts possibles sur les tarifs d’électricité au Québec et invitent le gouvernement à rejeter ce projet. Crédit : Istock

GNL Québec: 10 G $ de plus sur les factures d’électricité au Québec sur 25 ans?

C’est un motif de mécontentement pour des organisations environnementales et citoyennes. Celles-ci invitent le gouvernement du Québec à rejeter, et ce, dès maintenant, ce projet jugé budgétivore et dangereux pour l’environnement.

Ce sont les organisations Équiterre, Greenpeace, Coalition Fjord et Nature Québec qui ont formulé la recommandation au gouvernement provincial.

Mettant de l’avant les multiples impacts négatifs du projet mentionnés dans le rapport du BAPE, ces groupes ont estimé qu’il s’agit d’un projet passé d’époque, qui ne devrait pas voir le jour, au risque de représenter un véritable boulet pour le portefeuille de la population du Québec.

« Pendant que le gouvernement attend pour rejeter ce projet d’une autre époque, les Québécois.es se demandent si leurs factures d’électricité vont augmenter de 10 milliards de dollars. À ce prix, il est encore clair que les Québécois.es n’en veulent pas », a affirmé Jean Paradis, responsable du dossier énergétique pour la Coalition Fjord.

Expliquant son incidence sur la hausse de la facture d’électricité, les groupes ont précisé que cette hausse découlerait de l’impact financier du projet sur Hydro-Québec, la compagnie qui distribue l’électricité hydroélectrique à l’échelle de la province et dans plusieurs régions de l’Amérique du Nord.

Selon les groupes, ce projet serait l’équivalent d’une hypothèque de 25 ans. Il viendrait ainsi « verrouiller l’utilisation d’une partie importante de — l’électricité renouvelable — du Québec ».

Cette situation ne manquera pas d’affecter la capacité de la province à mettre cette portion d’électricité renouvelable au service de projets de développement « verts et justes ».

En fournissant cette électricité pour la mise en œuvre du projet GNL, les environnementalistes observent qu’Hydro-Québec serait dans l’obligation de poursuivre ses appels d’offres. C’est ce qui lui permettrait d’obtenir de nouveaux approvisionnements.

Cela supposera l’implication de nouvelles sources d’énergie et des coûts d’approvisionnement plus importants, en comparaison aux tarifs bas que GNL aura à payer. La consommation totale d’électricité pour l’ensemble du projet (gazoduc et usine de liquéfaction) à Saguenay s’élèverait à environ six milliards de kilowattheures (6 TWH). Selon le calcul des groupes, cela représenterait l’équivalent de la consommation de 300 millions de maisons.

Hydro-Québec risquerait ainsi d’enregistrer un manque à gagner de 380 M$, pour la seule année 2030. L’impact immédiat de ceci sera une hausse des tarifs de 2,5 %, qui viendra s’ajouter à la hausse tarifaire de 2 % anticipée par Hydro-Québec en l’absence de GNL.

Les effets sur la facture des consommateurs, basés sur les calculs de l’Union des consommateurs, au cours des 25 premières années du projet, s’annoncent très lourds pour les familles.

Celles-ci se verraient quasiment spoliées de la somme de 10 milliards de dollars. Les groupes estiment de ce fait que même si le rapport du BAPE a omis cet aspect, il est toujours temps que le gouvernement du Québec en tienne compte pour ranger dès maintenant ce projet au placard des fiascos.

Cette dénonciation vient remettre une fois de plus sur la table la question de l’acceptabilité sociale du projet mis en exergue dans le rapport du BAPE.

« Il n’y avait déjà aucune acceptabilité sociale pour ce projet et l’opposition sera encore plus forte considérant le gigantesque manque à gagner pour Hydro-Québec et la hausse des factures d’électricité qu’il génèrerait pendant plus de 20 ans pour des millions de familles québécoises », a souligné Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace.

M. Bonin fustige un projet qu’il qualifie de « nuisible pour l’environnement et l’économie ». C’est pourquoi il demande au gouvernement de le rejeter et de « fermer le dossier une bonne fois pour toutes ».

Maquette projet du GNL du Saguenay au Québec qui comprend un gazoduc, une usine et un parc portuaire. https://www.lapresse.ca/actualites/201910/14/01-5245397-40-economistes-sonnent-lalarme-contre-gnl-quebec.php

Amoindrir le fardeau de la dette environnementale pour les futures générations

Cette nouvelle mobilisation pour dénoncer le projet GNL intervient quelques jours seulement après le dépôt d’un rapport dévastateur du BAPE.

En plus des enjeux environnementaux et de la question de l’acceptabilité sociale du projet abordés dans ce rapport, celui-ci a aussi insisté sur le fait qu’il serait peu viable dans les prochaines années. Sa rentabilité risquerait d’être amoindrie, en raison de la concurrence et d’une politique de l’offre et de la demande difficilement tenable après 25 ans.

« Le BAPE a bien expliqué que le projet GNL Québec/Gazoduq freinerait la transition vers une société sobre en carbone et augmenterait les émissions mondiales de gaz à effet de serre », a rappelé Alice-Anne Simard, DG de Nature Québec.

Alors que le Canada affiche une réelle volonté d’atteindre l’objectif de carboneutralité d’ici à 2050, conformément à l’accord de Paris, Mme Simard a mis en garde contre une approbation qui viendrait saler l’addition de la dette environnementale pour nos descendants.

« Si le gouvernement Legault décidait d’approuver le projet, il creuserait non seulement la dette environnementale des générations futures, en autorisant un projet qui aggraverait la crise climatique, mais il leur ferait aussi porter le fardeau économique de financer l’exploitation d’une énergie fossile en vue de l’augmentation de leur facture d’électricité », a-t-elle observé.

Pour sa part, Émilie Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre a rappelé que l’augmentation des tarifs représente « un enjeu clé » que le rapport du BAPE a omis.

Bien que le « Pot aux roses » n’ait été découvert qu’après les audiences, elle mentionne qu’il s’agit tout de même d’un « clou dans le cercueil de GNL Québec ».

« SI le gouvernement ne ferme pas la porte, les Québécois.es vivront sous la menace de voir leurs factures d’électricité grimper pour fournir 6 milliards de kilowattheures annuellement à un projet polluant d’une autre époque. » – Émilie Boisseau-Bouvier.

Le projet GNL Québec de la compagnie Gazoduq vise à acheminer du gaz (méthane) des sources d’extraction de l’Ouest canadien, dans un nouveau pipeline de 780 km, en passant par l’Ontario et le Québec, vers les marchés mondiaux, notamment ceux d’Asie et d’Europe. Ce gaz devrait en principe remplacer le charbon dans les pays clients.

Selon un communiqué de Coalition Fjord.

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Catégories : Économie
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