Le sentiment anti-asiatique assombrit le début du Mois du patrimoine asiatique

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Photo : iStock/asiandelight

En 2020, le Mois du patrimoine asiatique ne sera pas comme les autres. En effet, les conspirations anti-chinoises et les discours de haine contre les Asiatiques constituaient la grande majorité de l’ensemble de données d’une nouvelle étude de Moonshot CVE, une entreprise britannique spécialisée dans l’analyse de l’extrémisme en ligne.

Avec les deux mots-clics les plus populaires, #CCPVirus et #ChinaLiedPeopleDied ont gagné en importance après des allégations selon lesquelles la Chine aurait initialement tenté de dissimuler le virus.

Ces deux mots-clics représentent à eux seuls 85 % de tous les tweets enregistrés au cours de la période de deux mois couverte par le rapport.

La nouvelle étude de Moonshot CVE a découvert une augmentation des théories de conspiration, des discours de haine et des incitations à la violence liées à la COVID-19 et publiées sur Twitter. Il révèle en résumé :

  • une augmentation de 300 % de l’utilisation des mots-clics qui encouragent ou incitent à la violence contre la Chine et les Chinois;
  • des mots-clics racistes et/ou conspirateurs qui cherchent à exploiter la COVID-19 comme un véhicule de discrimination;
  • une augmentation de l’utilisation de mots-clés reliant la COVID-19 au déploiement de la technologie 5G.

Plus que d’autres catégories, les publications « anti-conspiration chinoise » servent de parapluie sous lequel Moonshot a trouvé une multiplicité de théories variées et souvent contradictoires.

Celles-ci vont des spéculations sur l’origine du virus (de la consommation d’aliments pour chauves-souris ou du rejet accidentel d’une arme biologique par un laboratoire), aux théories selon lesquelles la Chine aurait délibérément développé et diffusé la COVID-19 (par exemple par le biais de kits de dépistage contaminés), aux histoires selon lesquelles la Chine exploite les troubles mondiaux (y compris le chantage exercé sur les pays d’accepter la 5G chinoise en échange de fournitures médicales).

Bien que le volume soit relativement faible, Moonshot CVE a enregistré à la mi-mars une augmentation hebdomadaire de 300 % de l’utilisation des mots-clés qui soutiennent ou encouragent la violence contre la Chine et le peuple chinois. Les plus populaires sont #NukeChina, #BombChina, et #DeathtoChina, et contenaient également des références manifestes aux théories de conspiration antichinoises.

Le Canada au quatrième rang

En ce qui concerne la localisation des tweets utilisant des mots-clics indiquant des conspirations au sujet de la COVID-19, les discours de haine et les incitations à la violence sur Twitter, le Canada se situe au 4e rang avec 3,84 % des publications. Les États-Unis arrivent en tête avec 43,16 %.

(Source : Moonshot CVE)

Grâce à un logiciel de veille sur les médias sociaux, il a été possible de déterminer le lieu à partir duquel 47 % de tous les tweets enregistrés ont été affichés. Ces résultats sont probablement influencés par de multiples variables, notamment le fait que les 69 mots-clics analysés sont tous en anglais, et la relative facilité avec laquelle la localisation peut être dérivée de façon algorithmique dans différentes zones géographiques.

Déjà, au début du mois d’avril, les commissions des droits de la personne canadienne et québécoise avaient sonné l’alarme en ce qui concerne « une augmentation du racisme observée au Canada et partout dans le monde. » 

« La Commission canadienne des droits de la personne est grandement préoccupée par la hausse significative du racisme qui se manifeste dans l’ensemble du pays depuis le début de la pandémie de la COVID-19.

Les groupes minoritaires, notamment les personnes d’origine asiatique, ont été la cible de propos racistes, de menaces et d’intimidation tant dans les lieux publics qu’en ligne ainsi que d’actes de violence physique. Il s’agit à la fois d’une préoccupation de sécurité publique et de droits fondamentaux que sont les droits de la personne. Personne ne devrait se sentir menacé ou rejeté en raison de la couleur de sa peau ou de son origine. » Marie-Claude Landry, présidente de la Commission canadienne des droits de la personne

Pour sa part, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec s’est dite préoccupée par les actes discriminatoires et les manifestations de racisme qui pourraient survenir dans le contexte de la pandémie avec laquelle nous sommes aux prises et qui viseraient notamment certaines personnes appartenant à des minorités racisées, particulièrement les personnes d’origine asiatique.

En complément :

RCI avec La Presse canadienne, Moonshot CVE, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, Commission canadienne des droits de la personne.

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