Le Canada veut mettre la main sur le pôle Nord

L'océan Arctique. (Jonathan Hayward / La Presse Canadienne)
L’océan Arctique. (Jonathan Hayward / La Presse Canadienne)

Notre pays ne serait pas prêt à abandonner le pôle Nord au Danemark et la Russie

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Selon l’influent quotidien anglophone canadien Globe and Mail, le premier ministre du Canada n’a pas résisté à la tentation ces jours derniers et d’un coup de crayon il a décidé que le pôle Nord nous appartient même s’il ne se trouve pas directement à l’intérieur de notre zone maritime canadienne de 200 km.

Le premier ministre Harper a donc rejeté le tracé d’une carte que le Canada devait initialement déposer vendredi dernier aux Nations unies dans le cadre de vastes négociations internationales qui portent sur quels pays possèdent quelles régions de l’Arctique.

Cette carte, dont une version avait été publiée en début de la semaine dernière par La Presse Canadienne, était basée sur un travail purement scientifique effectué depuis plusieurs années par des chercheurs canadiens afin d’étayer les prétentions territoriales du Canada dans l’océan Arctique.

Le tracé de la carte se basait sur de nouveaux relevés sous-marins qui délimitent les « plateaux continentaux », ces zones submergées qui prolongent donc sous l’eau la zone d’un continent, parfois jusqu’à des centaines de kilomètres des côtes.

Aide-mémoire…
  • En l’état actuel du droit international, aucun pays ne possède le pôle Nord ou la région de l’océan Arctique qui l’environne.
  • Les cinq États entourant la zone, la Russie, les États-Unis , le Canada, la Norvège et le Danemark voient leur souveraineté limitée par la limite des 200 milles marins.
  • Par la ratification de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, chaque pays dispose cependant d’une période de dix ans pour revendiquer l’extension de son plateau continental.
  • De ce fait, la Norvège, la Russie, le Canada et le Danemark ont mis en œuvre divers projets de revendication sur certains secteurs de l’Arctique qui pourraient relever de leur territoire.
Dix ans de travail ont été nécessaires à la préparation de la carte du fond sous-marin, dessinée par plusieurs scientifiques travaillant tant dans des laboratoires à Ottawa que dans des camps d’observation des glaces au nord de l’île Ellesmere, où ils n’ont pas hésité à plonger pour typographier le plancher océanique à des milliers de mètres de profondeur. (iStockphoto)
Dix ans de travail ont été nécessaires à la préparation de la carte du fond sous-marin, dessinée par plusieurs scientifiques travaillant tant dans des laboratoires à Ottawa que dans des camps d’observation des glaces au nord de l’île Ellesmere, où ils n’ont pas hésité à plonger pour typographier le plancher océanique à des milliers de mètres de profondeur. (iStockphoto)
Un peu d’histoire récente…
  • En 1925, se fondant sur le principe des secteurs, le Canada est devenu le premier État a étendre ses frontières en direction du Nord et du Pôle, du moins sur papier, entre les 60°W et 141° W de longitude.
  • Cette revendication n’est cependant pas universellement admise (il y a en effet 415 milles nautiques, soit 770 km, d’océan entre le pôle et les côtes les plus septentrionales du Canada).
  • Jusqu’en 1999, le pôle Nord et la majeure partie de l’océan Arctique ont été globalement considérés comme zone internationale.
  • Mais depuis que les glaces polaires tendent à fondre, à une vitesse d’ailleurs supérieure à ce qui était envisagé, plusieurs pays ont renouvelé leurs revendications ou en ont lancé de nouvelles sur les eaux et fonds marins du pôle.
Le premier ministre canadien Stephen Harper à son arrivée à Whitehorse, au Yukon, première étape d’une tournée de six jours dans l’Arctique au mois d’août cette année. (Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne)
Le premier ministre canadien Stephen Harper à son arrivée à Whitehorse, au Yukon, première étape d’une tournée de six jours dans l’Arctique au mois d’août cette année. (Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne)

Tel un Alexandre le Grand, Stephen Harper n’a pas résisté à la tentation d’annexer

Le premier ministre a succombé à la tentation il y a quelques jours et rejeter la carte proposée par les scientifiques canadiens notamment gouvernementaux et a décidé d’inclure le pôle Nord dans les documents que notre pays présentait vendredi à l’ONU.

Selon Michael Byers, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en politiques globales et droit international, à l’Université de la Colombie-Britannique, interviewé par le quotidien francophone La Presse, Stephen Harper « a transformé un processus fondé sur la science en frime démagogique pour plaire à ses électeurs »

Le saviez-vous?
  • Comme le Canada, la Russie lorgne l’important potentiel pétrolier et gazier dont regorge l’Arctique.
  • On estime que le cercle arctique renferme 30% des réserves de gaz et 13% des réserves de pétrole qui n’ont pas encore été découvertes sur la planète.
  • 90 milliards de barils de pétrole se trouvent dans l’Arctique.
  • En septembre dernier, un navire danois, le Nordic Orion, a franchi le passage du Nord-Ouest à travers l’archipel arctique canadien.
  • C’était le premier transit de fret commercial par cette route. Le navire a transporté un chargement de charbon de Vancouver jusqu’en Finlande, un raccourci de 7000 km par rapport à d’autres routes.

Le Canada perd Le Nord (Radio-Canada)

Stéphane Parent, Radio Canada International

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