Un détenu yukonnais forcé de comparaître nu pour une audience par vidéoconférence

Le Centre correctionnel de Whitehorse . (Gouvernement du Yukon / Radio-Canada)
Le Centre correctionnel de Whitehorse . (Gouvernement du Yukon / Radio-Canada)
Le père d’un jeune homme en détention provisoire depuis 28 mois dans la prison de Whitehorse a déposé une plainte à la Commission des droits de la personne du Yukon après que celui-ci eut dû comparaître par vidéoconférence menotté et nu.

Le 22 janvier dernier, le juge et les avocats ont pu voir et entendre Michael Nehass supplier qu’on lui donne une serviette pour se couvrir.

La transcription de l’audience indique que trois gardiens en tenue antiémeute ont maintenu l’accusé au sol d’une cellule spéciale, nu et menotté, afin qu’il participe par vidéoconférence à une conférence sur la gestion de l’instance.

Michael Nehass est détenu en isolement depuis décembre 2011, en attente de son procès pour des accusations déposées contre lui à Watson Lake.

Depuis son incarcération, d’autres accusations se sont ajoutées à son dossier. Il aurait entre autres fracturé le nez d’un gardien, menacé un policier d’agression, endommagé des biens et tenté de s’enfuir.

Michael Nehass a déjà été déclaré coupable d’avoir battu un homme avec un bâton de baseball alors qu’un complice coupait le doigt de la victime.

Selon la transcription de sa comparution du 22 janvier, le jeune homme se représentait lui-même. Il a demandé une modification de son statut et a tenu des propos incohérents au sujet du contrôle de la pensée, des droits des Autochtones et sa souveraineté personnelle.

De la « torture psychologique », dit son père

Dans sa plainte à la Commission des droits de la personne, le père de l’accusé, Russell Nehass, affirme que sont fils est un membre de la Première Nation Tahltan et un survivant intergénérationnel des écoles résidentielles. Il note également qu’il a un niveau scolaire de septième année seulement et souffre de plusieurs problèmes de santé mentale.

Russell Nehass ajoute que la santé de son fils s’est détériorée depuis sa détention préventive qu’il qualifie de « torture psychologique ».

Il soutient que son fils est détenu dans une cellule de ségrégation qui n’est meublée que d’un lit, d’une toilette et d’une lumière qui n’est jamais complètement éteinte.

Il affirme que Michael Nehass n’est sorti dehors que quatre fois depuis deux ans, qu’il n’a pas accès régulièrement à une douche et qu’il a été nourri pendant plusieurs mois avec des sandwichs au baloney et fromage.

Russell Nehass ajoute qu’il a de la difficulté à visiter son fils même après en avoir fait la demande 24 heures d’avance, comme le demande la prison de Whitehorse. Il affirme qu’il n’a pas vu son fils pendant près d’un an.

Dans sa plainte il soutient également que l’Association des libertés civiles du Yukon s’est vu refuser l’autorisation de visiter son fils et que le personnel de la prison ne l’a pas informé que celui-ci avait tenté de se suicider.

Il croit que le faible niveau de scolarité de son fils et le fait que celui-ci soutient qu’il fait l’objet de racisme institutionnalisé contre les Autochtones servent injustement de justification pour le traiter de fou.

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Une situation qui choque

Aucune explication n’a encore été donnée à savoir pourquoi Michael Nehass a été maintenu nu au sol lors de sa comparution par vidéoconférence du 22 janvier.

« Ça ma choqué », dit Leslie Robert, coordonnatrice des programmes pour l’organisme yukonnais d’appui aux personnes avec des problèmes de santé mentale, Second Opinion Society. « Je savais qu’il était en ségrégation depuis 28 mois, juste ça c’était choquant, et puis j’ai appris qu’il avait comparu, menotté et nu, alors là j’ai été encore plus choquée. »

Leslie Robert n’est toutefois pas convaincue que la santé mentale de Michael Nehass est à la source de la situation actuelle.

« On ne peut pas simplement dire : « Cette personne a un problème de santé mentale », car dans ce cas-ci les effets secondaires néfastes pourraient être causés par sa ségrégation et son traitement inhumain en prison », affirme-t-elle.

Mme Robert ajoute qu’il faut faire appel à des gens avec la bonne formation pour gérer des personnes comme Michael Nehass.

Elle dit également que les citoyens de Whitehorse devraient revoir les consultations publiques faites en 2006 avant la construction de la nouvelle prison.

À l’époque, plusieurs personnes demandaient que celle-ci soit un lieu de guérison et de réintégration.

Michael Nehass était de retour pour une comparution par vidéoconférence mardi. Il était encore menotté, mais cette fois il était vêtu.

Il a refusé de participer aux audiences par vidéoconférence et demandé à comparaître en personne. Le juge a acquiescé à sa demande et une nouvelle audience est prévue le mois prochain.

– D’après des informations recueillies par Brian Boyle.

Radio-Canada

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