Un nouveau programme d’histoire du Québec «inacceptable» selon la commission scolaire du Nunavik

Une coalition d’enseignants et de parents lance une pétition en ligne demandant des changements à la version révisée du curriculum de l’enseignement des 3e et 4e secondaire du Québec, transmis l’automne dernier aux milieux scolaires.
On lui reproche notamment de faire peu de cas du rôle qu’ont joué les Autochtones dans l’histoire canadienne, de passer sous silence la contribution des minorités ethniques au Québec et de représenter les anglophones uniquement comme une élite qui cherche à entraver l’amélioration de la société québécoise.
Dans un communiqué de presse diffusé mardi, la présidente de la Commission scolaire Kativik, Alicie Nalukturuk, mentionne que le nouveau programme est inacceptable. « Non seulement il offre trop peu de contenu autochtone, mais il a été élaboré à partir d’un processus de consultation qui reproduit un modèle historique d’oppression, lequel continue de supprimer la voix inuite », précise-t-elle.
Le matériel étant déjà disponible, plusieurs établissements scolaires québécois ont commencé à enseigner le nouveau programme d’histoire du Québec et du Canada en troisième secondaire. En septembre prochain, il remplacera complètement le cours Histoire et éducation à la citoyenneté, qui était enseigné depuis 2006. Réparti sur deux ans selon une approche chronologique, le programme sera ensuite implanté dans les classes de 4e secondaire à la rentrée 2018.
Les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation
En plus de ne pas enseigner « l’histoire commune que les Autochtones partagent avec les Québécois et les Canadiens non autochtones », ajoute Mme Nalukturuk, les recommandations et commentaires émis par la commission scolaire inuite n’ont pas été pris en compte, tout comme les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation (CRV).
Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, publié en décembre 2015, avait recommandé que l’histoire des Premières Nations, et en particulier l’héritage des pensionnats, soit soulignée dans les programmes scolaires partout au Canada.
Des changements rapides demandés

La Commission scolaire Kativik demande donc au gouvernement du Québec de prendre des mesures rapides pour intégrer « 10 thèmes essentiels recommandés concernant l’histoire des Inuits au Québec et au Canada »; pour produire du matériel pédagogique supplémentaire « qui reflète les recommandations, les idées et les commentaires des Inuits et d’autres Autochtones »; pour assurer « l’exactitude du contenu et des apprentissages du curriculum et des examens du ministère relatifs aux Inuits et aux autres Autochtones en la validant systématiquement auprès des Inuits et d’autres Autochtones ».
La Commission scolaire veut aussi s’assurer d’une « consultation et une collaboration significatives avec les Inuits, les autres Autochtones et les éducateurs par rapport au développement du contenu de l’éducation autochtone ».
Le vice-président du Conseil scolaire Kativik, Robert Watt, espère que la pétition en ligne persuadera le gouvernement de modifier le programme d’histoire du Québec. Selon lui, le programme n’est pas complet et ne fait que favoriser l’ignorance.
« Cela ne devrait pas porter sur les francophones, les anglophones ou les allophones, mais sur l’histoire du Québec. Et si l’histoire québécoise est présentée de cette façon, ce n’est pas complet, ce n’est pas juste, ce n’est pas acceptable », déclare-t-il.
Des élèves « invisibles »
Robert Green, enseignant à l’école secondaire Westmount et président de la coalition, se demande comment les élèves sont supposés se sentir concernés par l’histoire québécoise si le programme qu’on leur enseigne les rend « invisibles ».
Selon l’un des professeurs d’histoire qui a participé à la création du nouveau programme, Félix Bouvier, il est faux de dire que la nouvelle matière enseignée est tendancieuse et n’est pas représentative des citoyens québécois.
« Le programme essaie d’être objectif, il essaie d’être honnête et il essaie de donner une voix aux anglophones », estime-t-il, ajoutant que la plupart des enseignants québécois en étaient satisfaits.
Avec des informations de Sabrina Marandola et CBC Daybreak
Présenter les anglais comme une élite qui entrave les améliorations de la société québécoise est très inexact. Les anglais ne sont pas une élite pour commencer, et ils entravent toutes les améliorations de tous les autres groupes francophones et autochtones. On se regarde le nombril pas mal fort au Québec à ce que je lis.