Les renards polaires de la baie d’Hudson sont victimes du réchauffement climatique

De nouvelles recherches menées par une équipe de l’Université du Manitoba démontrent que la population de renards arctiques située à proximité de la baie d’Hudson ne cesse de diminuer en raison de la baisse de la durée de la couverture neigeuse ainsi que de la formation de plus en plus tardive des glaces.
« La qualité et la quantité de la neige revêtent une importance particulière pour les renards arctiques, parce qu’elle fournit un environnement chaud où peut vivre et se reproduire sa proie pendant l’hiver », explique la scientifique Jacqueline Verstege, de l’Université du Manitoba, ajoutant que les renards dans la région de Churchill sont situés à l’extrémité sud de l’aire de répartition de leur espèce.
Mme Verstege explique que le groupe a examiné les données démographiques annuelles des renards, qui remontent jusqu’aux années 1950, ainsi que les informations relatives aux populations de proies et aux précipitations hivernales.
« Il existe vraiment une relation positive entre la qualité de la neige, l’abondance des lemmings ainsi que la reproduction et la viabilité des portées de renardeaux », affirme la chercheuse d’origine ontarienne.
Il en résulte que des renards arctiques sans ressources meurent de faim entre les saisons.

La rivalité fraternelle
Le réchauffement de l’Arctique a aussi permis au renard roux d’investir le territoire du renard blanc, devenant le rival principal de ce dernier dans la chasse aux petites proies dans la région.
Alors qu’ailleurs dans l’Arctique le renard roux est devenu le principal prédateur du renard blanc, la biologiste Jacqueline Verstege affirme que ce phénomène ne semble pas présent dans les populations de renards qui se côtoient de plus en plus dans le nord du Manitoba.
« Nous avons vu qu’il y avait une relation positive entre les renards roux et les renards arctiques. Donc, plus il y avait de renards roux, plus il y avait de renards arctiques », déclare Mme Verstege, ajoutant qu’il faudrait toutefois surveiller de près les effets de la compétition entre les deux espèces.
Des « ingénieurs » de l’écosystème
Jacqueline Verstege dit que les conséquences d’une éventuelle disparition des renards arctiques seraient néfastes, car ceux-ci sont des « ingénieurs » de l’Arctique.
Un groupe de chercheurs de l’Université du Manitoba auquel appartenait Mme Verstege a découvert l’année dernière que presque trois fois plus de végétation pousse autour des tanières des renards arctiques qu’ailleurs dans la toundra, car elle est engraissée par leurs excréments et ce qui reste de leurs proies.
Ces plantes attirent à leur tour des herbivores comme les caribous, les lemmings et les lièvres, tandis que les restes d’oies tuées par les renards attirent des charognards comme les ours polaires, les loups, les goélands et les corbeaux.
L’effet combiné de tous ces animaux près des tanières augmente la quantité de nutriments qui y nourrit la toundra.
Il existe environ 100 terriers de renards dispersés le long de la côte de la baie d’Hudson, de Cape Churchill jusqu’au sud de la rivière Broad, dans le parc national Wapusk.