Des chefs du Yukon dénoncent un système carcéral mal adapté aux Autochtones

Les Premières Nations du Yukon sonnent l’alarme par rapport au sort des Autochtones dans le système carcéral et demandent au territoire de s’y attarder. Les chefs donnent en exemple le cas de Michael Nehass, de nouveau devant les tribunaux.
Michael Nehass est dans un imbroglio juridique depuis que son procès pour délinquant dangereux a été annulé en février en raison de troubles psychologiques.
L’homme dans la trentaine, qui a passé la majorité de sa vie incarcéré, s’est retrouvé fréquemment en cellule d’isolement faute de services spécialisés adéquats au Centre correctionnel de Whitehorse. Une technique qui a aggravé son cas.
La chef de la Première Nation Kwanlin Dun, Doris Bill, et le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston, ont voulu, en conférence de presse, faire la lumière sur la situation des Autochtones dans le système judiciaire.
Une surreprésentation importante
Un rapport du vérificateur général en 2016 soulignait le manque de services adaptés pour les détenus autochtones et rappelait que le pourcentage de ces détenus dépasse largement celui de la population générale, avec un taux oscillant entre 70 % et 90 % des prisonniers, alors que les Autochtones représentent environ 25 % de la population du Yukon.
« De l’utilisation de l’isolement cellulaire au manque de programmation de réinsertion, malheureusement [le cas de Michael Nehass] aurait pu être géré différemment », selon le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston.
Besoin criant de services adaptés
La chef Doris Bill aimerait voir davantage de programmation holistique et de services adaptés pour les Autochtones, particulièrement quand vient le temps de retourner dans la société. Elle cite en exemple les programmes de sa Première Nation offerts au camp du lac Jackson basés sur les traditions locales.
Elle croit par ailleurs que les différents services d’aide auraient intérêt à travailler davantage ensemble avec le gouvernement territorial.
Il faut travailler davantage, selon lui, à la prévention de la criminalité pour un jour ne plus avoir besoin d’un centre correctionnel. Il faudrait peut-être, ajoute-t-il, prendre l’argent que coûterait un détenu et l’investir plutôt dans la réussite d’un enfant d’âge scolaire.
En attendant, affirment les leaders autochtones, le cas de Michael Nehass continue de mettre en lumière les failles du système carcéral yukonnais.