L’enquête nationale sur les violences faites aux femmes autochtones s’ouvre dans l’Arctique canadien

Les premières audiences de l’enquête nationale sur les femmes autochtones assassinées (ENFFADA) en territoire inuit se tiennent à Rankin Inlet, au Nunavut.
« Le Nord ce n’est pas des publicités de Coca-Cola avec des ourses polaires, c’est la réalité des gens et des familles », a déclaré en ouverture d’audiences la commissaire Qajaq Robinson, pour qui cette portion de la commission a une signification particulière.
Qajaq Robinson, une avocate d’Ottawa, a été élevée à Igloolik, elle parle couramment l’inuktitut et se spécialise dans le droit autochtone. « C’est grâce à la présence des aînés que nous pouvons ressentir une sérénité », a-t-elle ajouté en ouverture de session.

Un témoignage bien documenté
Le premier témoignage de cette portion de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) a été assuré par Laura MacKenzie. Elle est l’une des résidentes qui demandaient depuis le début que l’enquête nationale passe par Rankin Inlet.
Dans ce témoignage, elle a raconté l’histoire de sa tante Betsy Kalaserk, décédée à l’âge de 29 ans. Son témoignage a fait part d’inquiétudes sur les soins de santé, l’éducation et le système de justice qui existe au nord.
Betsy Kalaserk a très tôt été victime de sévices sexuels dans son existence, lesquels ont laissé des cicatrices. « Elle n’arrivait pas à établir de rapports significatifs avec un homme, ces liens avaient été souillés très jeunes, elle ne savait plus comment avoir un rapport sain », a ajouté Laura MacKenzie.
Briser la culture du silence
Plusieurs fois pendant son témoignage, elle s’est adressée aux gens présents dans la salle de l’hôtel Siniktarvik, pour les interpeller, les questionner. « Il y a bien trop de gens qui ne disent rien dans les communautés pour dénoncer les prédateurs sexuels, surtout si ceux-ci occupent des positions de pouvoir dans la communauté », a-t-elle ajouté en précisant que c’était très difficile de se positionner en porte-à-faux dans ces villages où le silence sur ces crimes règne.
Le témoignage qui suivait en après-midi était celui de Nikki Komaksiutiksak.
À Rankin Inlet, c’est plus de 20 familles en trois jours qui viendront livrer leurs témoignages aux commissaires Michèle Audette et Qajaq Robinson.
Corrections : Nous parlons dans cet article de Michèle Audette et non Michèle Audet.