Budget fédéral canadien : des écarts à combler dans l’urgence pour les Autochtones

On espère d’abord un investissement massif – quelques centaines de millions – pour résoudre, entre autres, la crise du logement qui touche plus particulièrement les Inuits, selon La Presse canadienne. (Spencer Wynn/Getty Images)
Logements à rénover, rattrapage pour la santé des enfants, hausse de la qualité de vie, des moyens pour construire l’autonomie gouvernementale, inquiétude en ce qui concerne la légalisation de la marijuana pour les communautés, les attentes sont grandes vis-à-vis du budget Morneau qui sera déposé mardi à Ottawa. Ces défis sont immenses et ne seront pas surmontés avec ce budget.

On espère d’abord un investissement massif – quelques centaines de millions – pour résoudre, entre autres, la crise du logement qui touche plus particulièrement les Inuits, selon La Presse canadienne (une agence de presse au Canada).

Ce financement s’ajouterait aux 300 millions de dollars sur une période de 11 ans promis en 2017 pour améliorer les logements dans les trois territoires du pays.

Un plan à court terme – de trois à cinq ans – serait également prévu pour le logement des Premières Nations, selon des informations de La Presse canadienne.

Si les rumeurs se confirment, la société Makivik, l’organisation inuite s’occupant des relations des Inuits avec les gouvernements du Québec et du Canada, obtiendra les 25 millions de dollars qu’elle souhaite pour construire des maisons et venir à bout de la crise du logement qui l’afflige.

Le porte-parole de la Société Makivik, William Tagoona, rappelle que rien dans le budget de 2017 n’avait été donné à cet effet. Ottawa proposait d’investir 4 milliards de dollars supplémentaires sur 10 ans pour bâtir et rénover des logements, des systèmes de traitement de l’eau, des installations de santé… mais seulement à partir de 2018-2019.

Selon ce qui a filtré, le gouvernement de Justin Trudeau fournirait des fonds directement aux conseils de bande, en s’appuyant sur ses récentes promesses de promouvoir l’autodétermination des peuples autochtones, « y compris le droit inhérent à l’autonomie gouvernementale », une clause qui se retrouve déjà dans l’accord signé en avril 2017 avec la Nation des Métis.

Enfants et familles

Le financement du logement irait de pair avec d’autres mesures que devraient annoncer les libéraux de Justin Trudeau, dont de l’argent pour s’occuper du bien-être des enfants dans les communautés autochtones et régler les problèmes de santé. Ottawa a été interpellé à trois reprises sur le sujet par le Tribunal des droits de la personne.

Cindy Blackstock, la directrice générale de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, a talonné Ottawa dans ce dossier.

Cindy Blackstock  et Perry Bellegarde à Ottawa en 2016.  La directrice générale de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada veut une « politique de tolérance zéro à l’égard du gouvernement fédéral ». Selon elle, le Canada pratique toujours une discrimination contre les enfants des Premières Nations « comme mesure de restriction financière ». (Chris Wattie / Reuters)

Mme Blackstock souhaite la fin des iniquités dans la prestation de services sociaux aux enfants, aux jeunes et aux familles des Premières Nations. Elle s’attend aussi à ce que l’éducation, grande oubliée du budget 2017, soit suffisamment subventionnée pour répondre aux besoins des écoles autochtones.

La directrice générale veut une « politique de tolérance zéro à l’égard du gouvernement fédéral ». Selon elle, le Canada pratique toujours une discrimination contre les enfants des Premières Nations « comme mesure de restriction financière ».

La priorité du chef Bellegarde

La priorité du chef national de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Perry Bellegarde, demeure de « réduire l’écart dans la qualité de vie des membres des Premières Nations et celle des non-Autochtones. »

Le chef de l’APN précise que les ressources doivent être utilisées de manière efficace pour que cela ait un impact positif sur les familles autochtones. Et les besoins sont variés. « Il faut investir pour améliorer la qualité de vie des enfants et des familles, comme l’a ordonné le Tribunal canadien des droits de la personne », souligne-t-il.

Le grand chef Serge Simon à Winnipeg en 2016.  À quelques mois de la légalisation de la marijuana, le grand chef Serge Simon, de Kanesatake, s’inquiète quant à lui du « manque de ressources pour protéger notre communauté des effets sociaux ou économiques de cette légalisation. » Le grand chef craint un marchandage de la marijuana, comme ça se fait avec le tabac. (John Woods/La Presse canadienne)
Marijuana

À quelques mois de la légalisation de la marijuana, le grand chef Serge Simon, de Kanesatake, s’inquiète quant à lui du « manque de ressources pour protéger notre communauté des effets sociaux ou économiques de cette légalisation. »

Le grand chef craint un marchandage de la marijuana, comme ça se fait avec le tabac. Des marchands lui ont dit voir les prix du tabac chuter à un point tel qu’ils ne pouvaient plus gagner leur vie avec ça.

Serge Simon craint que la marijuana n’attire le crime organisé dans sa communauté, « mais les gouvernements vont faire leurs taxes! » Il espère également le financement rapide d’un corps de police autochtone à Kanesatake.

Santé, logement, eau potable et infrastructures, soutien aux langues autochtones, les besoins sont grands et pressants, conclut le chef de l’APN, Perry Bellegarde, qui s’attend à un soutien qui permettra de renforcer les capacités des gouvernements des Premières Nations à maximiser les investissements.

Parions que ces mêmes priorités seront encore là l’an prochain.

 

 

 

Anne-Marie Yvon, Espaces autochtones

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

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