Le Yukon Arctic Ultra reviendra l’an prochain malgré de sérieuses blessures à des participants

Les participants à la course Yukon Arctic Ultra, qui s’est tenue en février dernier, ont dû braver un froid atteignant parfois -50 degrés. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
La tenue du 15e Yukon Arctic Ultra aura été la plus tragique à ce jour, mais la course, dit l’organisation, sera de retour sur les pistes l’hiver prochain, sans changements. En tout, 36 participants se sont déjà inscrits pour l’événement en 2019.

En février, les températures en deçà des -45 degrés Celsius ont forcé à deux reprises l’interruption de la course. Les cas d’engelures ont été nombreux et deux participants ont dû subir des amputations. Nick Griffiths d’Angleterre a perdu trois orteils et Roberto Zanda d’Italie a perdu ses deux pieds, la main droite et une partie de la main gauche.

L’organisateur Robert Pollhammer n’est pas près d’oublier cet incident tragique, mais demeure convaincu que la course a fait ce qu’il fallait. « Il s’agit d’un incident tragique. Je ne l’ai pas mis derrière moi. Ça restera avec moi et me fera agir différemment probablement dans l’avenir dans certains scénarios. »

« J’ai envisagé mettre fin à la course, mais j’ai reçu un appui extraordinaire d’anciens participants. »
Robert Pollhammer, organisateur, Yukon Arctic Ultra
Des entrevues individuelles

L’organisateur affirme qu’en plus de fournir les informations habituelles, il entend désormais interviewer chaque nouveau participant de façon individuelle pour s’assurer qu’il comprenne, à l’oral en plus de l’écrit, les risques inhérents à cet ultra-marathon qui peut s’étendre sur deux semaines de quasi-solitude dans la nature sauvage et isolée.

« Je leur dis : « Il faut savoir que dans de telles températures, il y a un risque sérieux d’hypothermie, d’engelures et même de mort, comprenez-vous? » Je veux que ça les frappe. »

Robert Pollhammer, organisateur, Yukon Arctic Ultra

L’entrevue permet par ailleurs de vérifier que l’athlète comprend et s’exprime bien en anglais. Roberto Zanado, qui ne s’exprime qu’en italien, a dû obtenir l’aide d’un interprète lors de sa participation. L’organisateur ne veut pas répéter l’expérience.

Faire preuve de « prudence et diligence »

Dans un article du National Post publié cette semaine, l’épouse de l’athlète italien laisse entendre qu’une poursuite judiciaire est envisagée, mais selon l’avocate spécialisée en droit sportif, Marianne Saroli, le fardeau de la preuve est considérable dans le domaine.

« Est-ce que l’organisateur a offert un environnement adapté? Est-ce qu’il a offert une bonne gestion des accidents aux participants? C’est possible qu’il y ait partage de responsabilités si on peut démontrer que l’athlète avait consenti à certains risques inhérents à la pratique de son sport. »

« C’est sûr que de participer à un style de marathon comme celui-ci, évidemment, le participant sait très bien qu’il va faire froid, qu’il y a des risques d’engelures, des risques de blessures et, si j’ai bien compris, sur ce marathon-là, les participants semblent très autonomes pour prendre les mesures nécessaires pour assurer leur survie. »

Marianne Saroli, avocate spécialisée en droit sportif

Elle rappelle qu’une clause d’exonération de responsabilités ne permet pas toutefois à l’organisateur de se délaisser de sa responsabilité de « prudence et diligence ». Dans ce cas-ci, de très nombreuses questions demeurent, selon elle.

« Il faudrait savoir exactement ce qui s’est passé, pourquoi il y a eu des blessures, si le personnel médical était sur place, si on a offert les bons soins post-dommages, si c’était raisonnable d’attendre aussi longtemps avant de venir à sa rescousse […] si le froid intense était trop intense, si l’organisateur aurait dû annuler le marathon. »

Il faudrait pour déterminer les détails pouvoir voir le contrat pour en connaître les balises, dit-elle.

Radio-Canada

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