La géothermie, une ressource pleine de promesses pour le Canada

Le Canada accuse « des décennies de retard » en matière de développement d’énergie géothermique, selon l’Association canadienne d’énergie géothermique. Sur cette photo, une centrale géothermique en Islande, en 2011. (Brennan Linsley, FIE/AP Photo)
La géothermie connaît des débuts timides au Canada, alors que des projets de centrale géothermique voient le jour en Saskatchewan, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Yukon. Encore à l’état embryonnaire, ces projets pourraient offrir une source d’énergie écologique, créer des partenariats avec les communautés autochtones, mais aussi, utiliser l’expertise des travailleurs de l’industrie pétrolière.

« Nous sommes des décennies en retard », estime la présidente de l’Association canadienne d’énergie géothermique (CanGEA), « mais ces projets phares sont les premiers d’une longue série. »

Alison Thompson croit que l’exploitation de l’énergie et de la chaleur renouvelables, offertes 24 heures sur 24 et sept jours par semaine par la géothermie sera bientôt monnaie courante au Canada.

Elle souligne que les expertises et les compétences de l’industrie pétrolière peuvent être utilisées dans l’avancement des projets de centrales géothermiques.

« Les questions que l’on se pose, ce sont celles que l’on se pose tous les jours dans les industries du pétrole, du gaz et dans les mines », explique Alison Thomson.

« Une fois que les gens verront comment ça marche », croit-elle, « ils réaliseront qu’il y a des services, de la technologie, des innovations et des régulations existants qui conviennent parfaitement aux projets géothermiques. »

D’après les informations de la Commission géologique du Canada, les explorations minières et pétrolières ont permis de recueillir énormément de données sur le territoire canadien, surtout en ce qui concerne la température des terres.

D’ailleurs, à Hinton en Alberta, une entreprise cherche à reconvertir quelques puits pétroliers, parmi les 4000 de la région, en puits géothermiques.

Une première promesse d’achat

Le gouvernement de la Saskatchewan a injecté au début du mois de mai 175 000 $ dans une centrale géothermique, près de la ville d’Estevan.

Ce projet a permis à l’entreprise qui le mène, DEEP Earth Energy Production, de réaliser plusieurs tests concluants depuis 2014. Elle prévoit creuser les premiers puits dès le mois de juin.

La géothermie en Saskatchewan
La Saskatchewan abrite dans la région d’Estevan des aquifères sur lesquelles DEEP conduit ses opérations géothermiques. Ils contiennent une nappe souterraine de saumure – de l’eau extrêmement salée – conservée sous une roche perméable, à 3 kilomètres de la surface. Pour en tirer de l’énergie ou de la chaleur géothermique, il suffit de puiser cette eau à température élevée (120 degrés Celsius), puis de la faire passer dans une turbine qui en extraira de la chaleur ou de l’énergie. L’eau refroidie est ensuite réintroduite dans l’aquifère. Elle se réchauffe rapidement au contact de la roche sur son trajet vers les profondeurs.

Source : DEEP Earth Energy Production

La société d’État saskatchewannaise SaskPower a signé au printemps 2017 un contrat d’achat d’électricité avec DEEP, qui pourrait produire 5 mégawatts par centrale. Une seule centrale pourra alors alimenter 5000 maisons en électricité. DEEP prévoit en bâtir plus d’une dizaine.

« Tout ce qu’il nous reste à faire est d’affiner notre connaissance des ressources sur place », explique Kirsten Marcia, présidente de DEEP, « connaître la taille optimale des puits, l’espacement optimal entre les centrales. »

D’autres tentatives dans l’Ouest

Au Yukon, quelques puits ont été creusés dans les derniers mois près de Whitehorse. La région, comme en témoignent les sources thermales Takhini, abrite sous ses terres de nombreux réservoirs d’eau chaude.

La Colombie-Britannique compte sur son territoire des zones volcaniques similaires à celles du Yukon, ce qui lui permet d’entreprendre ses premiers forages géothermiques à Valemount cette année.

Au Yukon, dans le nord-ouest du Canada, les puits sont creusés à trois kilomètres à l’Ouest des sources thermales de Takhini. (Wayne Vallevand/Radio-Canada)

L’exploitation de l’énergie géothermique ne produit pas de gaz à effet de serre. Les seuls risques pour l’environnement sont les fuites de saumure, qui contient plusieurs gaz incondensables, comme du dioxyde de carbone, du sulfure d’hydrogène, de l’azote ou encore du méthane.

Mais en théorie, « la saumure ne voit jamais la lumière du jour », explique Alison Thomson. Sur son court trajet entre le sous-sol et la turbine, « elle reste dans une boucle fermée et n’a aucun contact avec l’environnement. »

Ces atouts écologiques, le gouvernement fédéral ne les a intégrés que récemment dans son régime fiscal.

Depuis le Budget 2017, les dépenses liées au forage géothermique remboursées au même titre que les autres projets d’énergie renouvelable. De plus, seulement un certain type spécifique d’énergie géothermique avait droit à des déductions d’impôts avant 2017.

Une solution pour les communautés rurales et nordiques

La présidente de DEEP, Kirsten Marcia, admet que les coûts initiaux de 45 millions de dollars peuvent rendre sceptique quant à la rentabilité de la géothermie. Les coûts d’exploitation sont néanmoins très bas, affirme-t-elle, et sans risque d’épuisement des ressources.

C’est ce qui permet d’imaginer que ces projets puissent servir des communautés plus éloignées au Canada, d’après la Commission géologique du Canada.

Le projet en cours au Yukon est mené en partenariat avec le Conseil de la Première Nation Ta’an Kwäch’än et la société de développement Da Daghay. Si les essais se montrent fructueux, la Première Nation Ta’an Kwäch’än a aussi l’idée de bâtir une serre chauffée par géothermie.

Selon la Commission géologique du Canada, plusieurs communautés du Nord vivent à proximité de secteurs à énergie thermique élevés et utilisent le diesel comme source d’électricité. L’énergie géothermique pourrait leur coûter bien moins cher, d’après la Commission.

La Commission géologique du Canada estime qu’à long terme, l’énergie géothermique pourrait se développer à un point tel qu’une centaine de centrales pourraient répondre aux besoins énergétiques du Canada.

Anne-Hélène Mai, Radio-Canada

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