Les génomes d’un prédateur et de sa proie répertoriés ensemble au Canada
Si dans la vie, le lièvre d’Amérique évite le lynx à tout prix, dans le monde scientifique, ils seront côte à côte dans la banque du séquençage du génome des 150 espèces animales canadiennes.
Le Centre de génomique appliquée à l’Hôpital pour enfants de Toronto a entrepris l’ambitieux projet de séquençage avec ces deux individus dont les échantillons ont été prélevés au Yukon.
L’idée vient de Rudy Boonstra, professeur à l’Université de Toronto qui étudie depuis des décennies les mammifères du Yukon.
« Le séquençage de ces deux espèces est la fondation du questionnement en écologie et en évolution », dit-il. Il suggère ainsi que le lynx sans sa proie n’a pas la même valeur scientifique et que la relation d’interdépendance entre le lynx et le lièvre figure probablement dans leur code génétique.
Le docteur Stephen Scherer, directeur scientifique de génétique moléculaire et du Centre de génomique appliquée, affirme que ces deux espèces étaient « parfaites » pour entreprendre le projet qui devrait s’étendre sur trois ans.
Le génome du castor séquencé
La même équipe scientifique avait déjà procédé au séquençage du génome du castor en l’honneur du 150e anniversaire de la Confédération, un projet qui avait nécessité six mois de travail et utilisé un procédé développé par l’équipe.
« Les génomes [du lynx et du lièvre d’Amérique] n’étaient pas complétés, un de ceux-là porte le terme « canadensis » [dans sa dénomination taxonomique] et les deux sont pertinents pour le Canada. »
De nombreuses espèces sur la liste
La liste complète des 150 espèces prévues à l’agenda des scientifiques est toujours en développement et l’appel est lancé à d’autres collègues du pays pour en soumettre des suggestions.
Pour l’instant, le mésangeai du Canada, la musaraigne des Maritimes, le grand polatouche, la marmotte de l’île de Vancouver, le lion de mer de Steller, le dauphin à flanc blanc et l’otarie à fourrure du Nord font partie des espèces retenues.
Les candidats doivent avoir un intérêt « biologique, historique, culturel, ou économique » pour le pays puisqu’il s’agit de doter le Canada du génome d’un nombre important d’animaux à l’heure où les scientifiques souhaitent répertorier tous les organismes de la planète.
L’exercice vise à permettre un jour la modification génétique, advenant qu’on souhaite le faire dit le directeur. « C’est une décision importante, et pour pouvoir la prendre de façon convenable, il faut en comprendre les conséquences. »