Une communauté inuite du Labrador négocie avec Ottawa pour sa reconnaissance officielle
Le gouvernement canadien et le Conseil de la communauté du NunatuKavut, qui représente les Inuits et les descendants d’Inuits dans le sud du Labrador, ont annoncé jeudi, à Happy Valley-Goose Bay au Labrador, le début de discussions quant à la reconnaissance de droits ancestraux et d’autodétermination de cette communauté.
La ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, Carolyn Bennett, et le président du Conseil de la communauté du NunatuKavut, Todd Russell, étaient présents à l’annonce du début des discussions exploratoires.
« Nous allons nous asseoir devant une page blanche », a dit Carolyn Bennett, qui a affirmé que les sujets de la négociation allaient être choisis par la communauté du NunatuKavut.
Le Conseil de la communauté du NunatuKavut, qui portait auparavant le nom de Nation Métis du Labrador et qui représente environ 6000 membres, travaille à un accord de revendication territoriale depuis des décennies et a déposé sa première déclaration de revendication en 1991. « Nous sommes les premiers habitants de ce territoire et nous avons des droits sur celui-ci », a rappelé le président du Conseil, Todd Russell. Il s’agit d’une journée importante pour la communauté, selon lui.
Les détails au sujet des discussions n’ont pas été rendus publics mais, dans un communiqué conjoint, les deux instances gouvernementales ont spécifié que les échanges seraient axés sur les communautés et couvriraient un large éventail d’enjeux. « Le but est d’obtenir une plus grande précision sur les droits, les besoins et les intérêts les plus importants de la communauté, en plus de trouver une base commune pour diriger le partenariat vers des solutions afin de soutenir le processus de réconciliation et de renouveler la relation. »
Il est toutefois encore beaucoup trop tôt pour savoir quand et si les négociations mèneront à une entente incluant des droits territoriaux.
Les Innus en colère
La Innu Nation, qui représente les Innus du Labrador, dénonce le fait qu’elle n’a pas été consultée par le gouvernement fédéral avant cette annonce. « [Nous] demandons une divulgation complète à la ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, Carolyn Bennett », a déclaré l’organisation par voie de communiqué.
« La Innu Nation revendique ce territoire au Canada depuis 30 ans et s’inquiète des impacts [de cette annonce] sur les négociations », peut-on lire dans le même communiqué, qui indique que la Nation est choquée de ces discussions entre le gouvernement du Canada et le Conseil de la communauté NunatuKavut, qu’elle décrit comme une « organisation coloniale » et autoidentifiée comme autochtone. « Il s’agit d’une claque au visage des Innus. »
Les Innus ont ratifié l’accord Tshash Petapen (« Aube nouvelle ») avec les gouvernements du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador en 2011. Celui-ci contenait, entre autres, des ententes sur les revendications territoirales des Innus et le développement de projets hydroélectriques dans le Haut et le Bas-Churchill.
D’après CBC et Radio-Canada International