Il y a 30 ans, une première Autochtone entrait au Parlement canadien

Ethel Blondin-Andrew en décembre 2003 à Ottawa. (Paul Chiasson/La Presse canadienne)
Le 21 novembre 1988, Ethel Blondin-Andrew devenait la première femme autochtone élue à la Chambre des communes à Ottawa. Depuis, 14 autres femmes autochtones ont siégé au niveau fédéral, dont sept députées et sept sénatrices.

Soixante-trois parlementaires autochtones ont, depuis 1867, occupé une fonction à la Chambre des communes, mais il aura fallu attendre jusqu’en 1988 pour qu’une femme autochtone y fasse son entrée.

En mettant les pieds pour la première fois au Parlement à titre de députée, Ethel Blondin-Andrew ne s’attendait pas à être accueillie par nul autre qu’Herb Gray, alors membre senior du parti libéral. Celui-ci deviendra un mentor pour la jeune politicienne, qui dit avoir beaucoup appris de lui.

Cette première journée au Parlement, comme toutes celles qui suivront, sera « impressionnante », se remémore Mme Blondin-Andrew, jointe chez elle à Norman Wells dans les Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord canadien.

Alors qu’elle cherche l’édifice de l’Ouest, où se trouve son nouveau bureau, le whip du parti libéral de l’époque, Jean-Robert Gauthier, ne peut s’empêcher de blaguer : « Mon Dieu, this is a fresh one! » (Mon Dieu, voilà une nouvelle!)

Son passage à la Chambre des communes se poursuivra pendant cinq mandats, soit jusqu’en 2006. Elle dit avoir apprécié chaque moment passé à servir les siens.

« Il n’y a pas eu plus grand honneur que de servir mon peuple », souligne-t-elle en ajoutant que cette expérience politique lui a beaucoup appris.

Membre de la nation dénée, Ethel Blondin-Andrew est née à Tiluta (anciennement connu sous le nom de Fort Norman) dans les Territoires du Nord-Ouest en 1951.

Toute jeune, elle est contrainte de fréquenter le pensionnat Grollier Hall à Inuvik, au nord du cercle arctique. Elle y passe trois années, entrecoupées de fugues. « Tu vas finir par geler », lui a un jour dit son père en la voyant revenir en plein hiver.

Il décide de la sortir de là et de lui faire vivre une aventure qu’elle qualifie encore aujourd’hui d’inoubliable. La famille part vivre pendant un an sous la tente en plein cœur du territoire.

Diplômée de la « leadership factory »

À 14 ans, elle est envoyée au pensionnat Grandin College à Fort Smith, dans le sud du territoire, une école qui deviendra son refuge. On y formait des « leaders », précise-t-elle.

Pendant 25 ans, entre 1960 et 1985, cette institution a formé environ 400 diplômés parmi les Dénés, les Métis et les Inuvialuit (Inuits de l’ouest de l’Arctique canadien) qui l’ont fréquentée. Beaucoup ont ensuite entrepris des carrières en enseignement, en administration et en politique.

C’est le cas d’Ethel qui, en 1974, obtient un baccalauréat en éducation de l’Université de l’Alberta.

Avant d’être élue députée du Parti libéral du Canada dans la circonscription fédérale de l’Arctique de l’Ouest, Mme Blondin-Andrew enseigne plusieurs années dans des écoles du Nord canadien. Elle travaille ensuite pour le ministère de l’Éducation des Territoires du Nord-Ouest.

Elle poursuit sa carrière à la Commission de la fonction publique du Canada. En 1986, elle est nommée sous-ministre adjointe de la Culture et des Communications des Territoires du Nord-Ouest.

Deux ans plus tard, elle entre au Parlement canadien. Elle y occupera plusieurs postes, dont ceux de secrétaire d’État à l’Enfance et à la Jeunesse et ministre d’État (Nord canadien).

De retour dans ses terres, elle devient, en 2009, la présidente du Secrétariat du Sahtu (anciennement le Conseil tribal du Sahtu), l’une des cinq régions administratives des Territoires du Nord-Ouest.

En mai dernier, Ethel Blondin-Andrew « décide de passer à autre chose ». Cette autre chose, elle la partage entre les voyages qu’elle et son mari font, son implication dans une fédération d’enseignants et son bénévolat dans une pourvoirie. Celle-ci lui fournit de la viande de gros gibier qu’elle découpe et prépare pour la distribuer aux gens de sa communauté.

Et comme si ce n’était pas assez, la jeune retraitée est consultante pour le conseil d’administration de l’Institut national des pêches autochtones.

Elle est aussi impliquée dans la création d’un programme de Gardiens autochtones pour la protection et la gestion des terres et des ressources, basé sur le modèle australien, un programme qu’elle souhaite implanter dans sa région.

Comme quoi il n’y a pas qu’en politique qu’on peut servir son peuple!

Anne-Marie Yvon, Espaces autochtones

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

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