Elisapie, ou quand la chanson donne des réponses
Elisapie se demandait ce que sa mère biologique ressentait quand celle-ci l’a donnée en adoption; si elle avait éprouvé l’amour si fort qu’elle ressent elle-même envers ses propres enfants. Grâce à sa chanson Una, l’auteure-compositrice-interprète inuite a obtenu des réponses.
« J’avais toujours l’idée de cette rencontre réelle, dans les yeux, mais pour moi, c’était plus facile d’écrire une chanson », raconte-t-elle à Franco Nuovo. Sa mère biologique, Eva, a accepté de participer au tournage de la troisième partie du vidéoclip de cette chanson. Elle pleure tout au long de l’extrait.
De cette rencontre, Elisapie a appris plusieurs choses : entre autres que sa mère avait passé une nuit avec elle et son père terre-neuvien à sa naissance, presque en cachette. « Je ne savais pas qu’elle m’a trouvée belle quand elle a vu mes grands yeux », laisse tomber l’artiste.
De la musique pas qu’autochtone
La chanteuse, qui revient tout juste d’une tournée en France et en Abitibi, a ressenti beaucoup d’ouverture de la part du public; une ouverture qui sert d’inspiration aux jeunes artistes autochtones, selon elle. « Les gens ont envie de nous entendre. Ça prenait juste ça [pour que les jeunes s’expriment] », croit-elle.
Elisapie est d’avis que les excuses du gouvernement fédéral ont été un point tournant à cet égard. La pitié a fait place à une certaine ouverture et à une meilleure compréhension de la réalité des pensionnats, par exemple. « Les jeunes se sont dits : « Voyons donc! Je croyais que j’étais quelqu’un avec des parents muets, sans émotion » », explique-t-elle.
Lauréate du meilleur album autochtone de l’année au 48e gala des prix Juno avec The Ballad of the Runaway Girl, Elisapie est ambivalente au sujet de l’établissement de catégories réservées à la musique autochtone.
« Des gens que je respecte énormément ont voulu que les jeunes aient une place, mais en même temps, on se fait catégoriser encore une fois. […] Je ne sais pas trop, j’ai un peu peur. »