Une commission de vérité et réconciliation pour les Samis de Finlande verra le jour
Après plusieurs années de négociations, le gouvernement de Finlande a donné le feu vert à la création d’une commission de vérité et réconciliation pour les Samis, un peuple autochtone de l’Arctique européen.
Le gouvernement finlandais en a fait l’annonce mercredi soir, à l’issue d’une session parlementaire qui visait à mieux orienter le mandat de la commission.
« Sur la base des consultations publiques que nous avons entreprises, nous sommes maintenant prêts à aller de l’avant dans le processus de création de la commission », affirme la directrice générale et chef d’unité du ministère finlandais de la Justice, Johanna Suurpaa, jointe par téléphone à Helsinki.
La commission sera présidée par cinq commissaires indépendants, dont le mandat sera de déterminer la part de responsabilité du gouvernement finlandais dans le processus d’assimilation des populations samies et de lui recommander des pistes de solutions pour parvenir à une réconciliation.
Le budget de 2019 prévoit une somme de 1,5 million d’euros pour la mise sur pied de cette commission, mais les négociations sur le sujet sont en cours depuis plusieurs années.
S’inspirer du Canada
« Il y a environ deux ans, le Parlement sami de Finlande avait suggéré au premier ministre finlandais de suivre l’exemple du Canada en lançant à son tour une commission de vérité et réconciliation qui viserait à mieux comprendre les traumatismes historiques vécus par les Samis de Finlande et comment bon nombre d’entre eux ont perdu leur langue et leur culture », explique-t-elle.
Les Samis sont un peuple autochtone situé dans une zone qui couvre le nord de la Norvège, de la Suède et de la Finlande ainsi que le nord-ouest de la Russie. Environ 10 000 Samis vivent actuellement en Finlande, selon le Parlement sami (Sámediggi).
« Plusieurs commissaires canadiens sont venus en Finlande pour partager avec nous leur expérience », ajoute-t-elle, en citant l’exemple de l’ancienne commissaire Marie Wilson, nommée en 2009 au sein de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
« L’objectif n’est pas de copier le modèle canadien, parce qu’il faut garder en tête que la commission n’aura pas la même échelle de grandeur », précise Johanna Suurpaa.
Créée en 2008 dans la foulée de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, la Commission de vérité et réconciliation (CVR) a recueilli les témoignages d’Autochtones qui avaient été enlevés à leur famille durant leur enfance avant d’être placés dans des pensionnats à travers le pays. Pendant six ans, les commissaires ont entendu plus de 6000 témoins, parmi lesquels plusieurs avaient subi des sévices physiques et sexuels. Au terme de la Commission, près d’une centaine de recommandations ont été émises au gouvernement canadien, dont la tenue d’une enquête nationale sur la disparition de nombreuses femmes et jeunes filles autochtones.
Entre les mois de mai et de juin 2018, le gouvernement finlandais a organisé 29 consultations publiques à travers le pays, y compris dans plusieurs communautés de la région samie, située dans l’extrême nord de la Finlande, dans le but d’établir les priorités de la future commission.
Au total, 300 Samis ont pris part au processus de consultation, selon un rapport (en anglais) du bureau de l’ancien premier ministre Juha Sipila, paru en juillet 2018.
Soutien psychologique
Selon la directrice générale et chef d’unité du ministère finlandais de la Justice, des services de soutien psychologiques seront mis à disposition des participants pour les accompagner avant et durant leurs audiences publiques.
Le gouvernement s’attend à ce que les commissaires soient sélectionnés d’ici au printemps 2020 et que leurs travaux s’échelonnent sur deux ans. « Ça va probablement nous prendre environ 6 mois avant que la commission soit en place », estime Johanna Suurpaa.
Selon elle, la commission devrait être en mesure de déposer son rapport final à la fin de l’année 2022. « Le gouvernement va probablement vouloir se pencher sur les recommandations du rapport avant les élections de 2023 », affirme-t-elle.
Regard sur l’Arctique n’a pas pu joindre de responsables du Parlement sami de Finlande avant la publication de cet article.