L’Université du Yukon devient la première université dans le Nord canadien
La création de l’Université du Yukon, la première au nord du 60e parallèle au Canada, est complétée et les intervenants du territoire se réjouissent malgré l’annulation des festivités prévues en raison de la pandémie.
Tour à tour au cours de la journée, les premiers ministres du Canada et du Yukon ont salué l’accomplissement de ce rêve remontant à des décennies.
Félicitations! Les jeunes ont le pouvoir de changer notre pays pour le mieux et c’est à nous de nous assurer que, peu importe où ils vivent, ils ont les outils pour poursuivre leurs rêves et réussir. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de leur vision et leur créativité parce que c’est notre voie d’avenir.
Le premier ministre du Yukon Sandy Silver a quant à lui félicité tous les Yukonnais et s’est dit fier de voir l’accomplissement d’un travail acharné. « Cette transition est en cours depuis longtemps […] et ça n’a pas été sans obstacle. Mais nous pouvons aujourd’hui finalement célébrer l’Université du Yukon de façon officielle », a-t-il déclaré.
À l’origine, l’inauguration de la nouvelle université devait avoir lieu au début mai en même temps que la collation des grades, mais les festivités ont d’abord été reportées puis annulées en raison de la pandémie de COVID-19.
L’annonce de l’ouverture de la première université du Nord canadien s’est donc faite sans tambour ni trompette, par voie de communiqué. Toutefois, l’Université du Yukon compte bien célébrer sa création le moment venu.
Un rôle primordial pour une université dans le Nord
La présidente et vice-chancelière de la toute nouvelle université, Karen Barnes, aura dévoué d’innombrables heures dans la dernière décennie à ce rêve dont l’inauguration en temps de pandémie n’est pas sans déception.
Il était temps pour le Canada de reconnaître que le Nord peut prendre en charge sa propre destinée. Il faut accroître le potentiel des gens du Nord pour qu’ils puissent répondre aux questions du Nord et développer le Nord tel qu’il doit l’être avec les gens du Nord en vue.
Karen Barnes souligne que les collèges dans les territoires ont joué un rôle primordial au fil des ans en formant différents corps de métier, mais une université, dit-elle, « crée le dialogue pour l’avenir » en poussant la vision et les aspirations de la région.
Parmi ces priorités pour le Nord, celle des sciences et des changements climatiques. Un pavillon dédié aux sciences est d’ailleurs en construction avec un apport du fédéral de l’ordre de 26 millions de dollars qualifié de « pierre angulaire » par le premier ministre Justin Trudeau.
Des efforts soutenus pour cette réalisation
Mais les défis ont été nombreux. Malgré un appui de certaines des institutions du reste du pays, la création d’une université est un processus complexe.
Karen Barnes explique que les étapes formelles d’assurance de la qualité ont été nombreuses et exigeantes. Il fallait par ailleurs créer une toute nouvelle législation : « un travail très difficile, mais le résultat est un document vraiment réussi. »
L’appui des communautés n’a pas non plus été toujours facile, particulièrement dans les débuts se souvient la présidente.
« Je crois que les gens craignaient que nous allions abandonner l’aspect collégial, mais ce n’est pas le cas. Nous gardons tout ce qui est déjà dans le collège et ne faisons qu’ajouter au fondement déjà en place », explique-t-elle.
L’étude des questions autochtones
Le premier baccalauréat spécifique à l’Université du Yukon touche la gouvernance autochtone, un programme développé avec l’apport des Premières Nations en réponse aux recommandations de la Commission vérité et réconciliation.
Aujourd’hui, la vice-chancelière parle de la création d’un institut en auto-détermination autochtone dans les prochaines années. « Les Premières Nations du Yukon envisagent une université depuis longtemps, depuis les années 1970 et nous approchent avec cette idée depuis. J’ai l’impression enfin de répondre à cet appel. »
Le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston confirme que cette idée remonte au document Together Today for Our Children Tomorrow à la base des négociations territoriales au Yukon.
« Le niveau d’enseignement et le type de programmes qui pourront être suivis en plus d’une composante des Premières Nations vont aider notre propre gouvernance en développant nos compétences, mais tout aussi important en éduquant le public. »
Peter Johnston rappelle que d’offrir une éducation postsecondaire localement sans devoir quitter le territoire profitera énormément à ses membres.
Une éducation en français à venir?
La communauté francophone se réjouit également de ce succès prometteur pour un rêve qu’elle chérit de longue date : celui d’une éducation postsecondaire en français au Yukon.
L’Association franco-yukonnaise (AFY) a signé en décembre dernier une entente de collaboration avec l’établissement afin d’augmenter l’offre de services en français aux étudiants.
La directrice générale de l’AFY, Isabelle Salesse, salue la réalisation de l’Université et le travail de sa présidente Karen Barnes.
Nous sommes très heureux de la création de l’Université du Yukon. Nous espérons que nous allons pouvoir poursuivre le travail amorcé grâce à l’entente de principes signée avec le collège du Yukon pour augmenter l’offre de services et de cours en français au Yukon.
La directrice affirme que l’organisme souhaite maintenant procéder à une étude de besoins en collaboration avec l’Université et l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) pour les études de niveau postsecondaire en français tant au collégial qu’à l’universitaire.
Ça nous donne beaucoup d’espoir pour notre jeunesse, merci de votre support!