Une fleur protégée unique dans le Grand Nord canadien

Une équipe de Parcs Canada s’apprête à finaliser un plan de gestion pour protéger l’aster de la Nahanni, une fleur rare qu’on ne peut trouver que dans une poignée d’endroits isolés de la réserve de parc national Nahanni, aux Territoires du Nord-Ouest.
Une démarche qui permettra aussi d’en savoir un peu plus sur cette petite fleur.
À première vue, l’aster de la Nahanni ressemble à une simple fleur sauvage à la tige verte et au cœur jaune entouré de pétales blancs ou rosés.
Il serait facile de la confondre avec n’importe quelle autre fleur de la famille des asters qui peuplent les forêts et le bord des routes du pays, explique Sarah Arnold, écologiste à la réserve du parc national Nahanni. « On ne la remarquerait peut-être même pas », dit-elle.
Il serait d’ailleurs assez difficile de l’observer, car on ne la retrouve que près de sept sources thermales situées à près de 150 km l’une de l’autre dans la réserve de ce parc national.
Seulement 130 000 tiges matures environ ont été dénombrées en tout. Sa population ne semble prospérer que près des bords des sources thermales et de leurs ruisseaux où l’on retrouve des dépôts de calcium.
« C’est cette distribution limitée qui la rend si unique », dit Sarah Arnold. Mais c’est aussi ce qui fait d’elle une espèce en péril.

Une espèce préoccupante
La fleur a été signalée pour la première fois dans le monde scientifique par deux botanistes dans les années 1970. Par la suite, des recherches en 2003 ont permis de démontrer qu’il s’agissait d’une espèce d’asters à part entière, retrouvée nulle part ailleurs dans le monde.
Les experts croient que la plante aurait soit évolué après la dernière ère glaciaire il y a quelque 11 000 ans, soit persisté pendant l’ère glaciaire en étant dans une région épargnée par les glaciers.
En 2018, l’aster de Nahanni a été déclaré espèce préoccupante en vertu de la loi fédérale sur les espèces en péril.

Comme la fleur se trouve dans des endroits isolés d’une réserve de parc national déjà protégée, les risques sont plutôt minimes, admet l’écologiste.
La plus grande menace viendrait des changements climatiques ou d’un désastre naturel qui modifieraient son habitat et les sources thermales où elle pousse.
» Pour l’instant, nous n’en savons pas assez sur cette espèce et sur son rôle dans l’écosystème et pourquoi elle est si rare », dit Sarah Arnold.
L’importance de la conserver est surtout de pouvoir l’étudier davantage.
« Ces espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs peuvent nous en apprendre beaucoup sur la biologie, l’écologie et l’évolution, affirme-t-elle. Ce n’est pas parce que nous ne savons pas exactement pourquoi c’est important [de la conserver] que cela veut dire que ce ne l’est pas. »

La biologiste du ministère territorial de l’Environnement et des Ressources naturelles, Suzanne Carrière, a souvent entendu l’argument que seules les espèces importantes à l’humain devraient être protégées.
« On ne peut pas choisir, dit-elle. Ce n’est pas un zoo. Les écosystèmes sont très complexes. »
Consultation auprès des Premières Nations
Le plan de gestion proposé par Parcs Canada prévoit davantage de rencontres avec les Premières Nations de la région afin d’essayer d’établir si la fleur était connue par les premiers peuples du territoire.
Selon Herb Norwegian, un ancien grand chef des Premières Nations du Dehcho qui travaille avec le parc pour partager les savoirs traditionnels avec les visiteurs, de nombreuses plantes et espèces sont uniques à la région et ont leurs propres histoires dans les traditions de son peuple.
« Cette petite fleur n’est qu’un des nombreux morceaux d’une histoire plus importante », croit-il.
Avec des informations de Natalie Pressman