« Elle excellait dans tout » : la mémoire de Natalie Gillis honorée au Nunavut

Une femme sourie à la caméra à l'intérieur d'une cabine de pilote.
Natalie Gillis, photographe, pilote, poète et guide de plein air, est morte le 17 juin dernier dans un écrasement d’avion. Au Nunavut, plusieurs résidents la décrivent comme une force de la nature. (Photo : compte Facebook de Natalie Gillis)

Ambitieuse, enjouée, talentueuse et humble, les éloges au sujet de la photographe et pilote Natalie Gillis fusent de toutes parts, depuis que la nouvelle de son décès s’est répandue au Nunavut, où elle a travaillé pendant plusieurs années.

Le 17 juin, la jeune femme a perdu la vie lorsque son avion, un bimoteur de type Piper PA-31, s’est écrasé à environ 3 kilomètres au sud-ouest de l’aéroport international d’Albany, dans l’État de New York, aux États-Unis.

Elle travaillait pour Kasi Aviation, une compagnie aérienne située à Montréal qui se spécialise dans la cartographie et la collecte de données.

Pilote, photographe, guide de plein air, poète, en seulement 34 ans de vie, Natalie Gillis a garni sa feuille de route d’expériences qui l’ont menée de l’Arctique à l’Antarctique, un parcours à travers lequel elle a marqué de nombreuses personnes.

Elle a notamment travaillé pendant un peu plus de deux ans pour la compagnie aérienne Kenn Borek Air, qui offre des vols dans ces deux régions polaires.

Une femme est assise dans la cabine de pilotage d'un avion et sourit à la caméra, en 2014.
Natalie Gillis était passionnée d’aviation, ce qui l’a amenée à devenir pilote de bimoteurs. Cette photo la montre dans la cabine de pilotage d’un avion, en 2014. (Photo fournie par Micheil Cameron Hill)

Rien n’était difficile avec Nat, assure Addison Gilpin-Payne, lui-même pilote à Kenn Borek Air. À mon avis, il y a des gens qui doivent travailler dur pour exceller, mais je pense qu’elle était naturellement douée.

Ce dernier raconte qu’il a fait sa connaissance en 2022, puis volé à ses côtés à plusieurs reprises, notamment entre Iqaluit et Kimmirut ainsi qu’entre Qikiqtarjuaq et Pangnirtung.

« Je n’avais jamais volé au-dessus de la « Pang Pass » entre Pangnirtung et Qikiqtarjuaq, [mais] je me suis retrouvé à piloter avec quelqu’un qui l’avait fait à pied des centaines de fois », se souvient-il, en entrevue depuis Resolute Bay. « C’était cool d’avoir presque mon propre guide à bord avec moi. »

Deux pilotes se tiennent debout devant un avion, sur le tarmac de l'aéroport de Kimmirut, au Nunavut, en mars 2023.
Natalie Gillis (à gauche) et Addison Gilpin-Payne (à droite) à Kimmirut, en mars 2023. Les deux pilotes ont travaillé ensemble durant plusieurs semaines alors qu’ils effectuaient des vols entre Iqaluit et Kimmirut. (Photo fournie par Addison Gilpin-Payne)

Férue de nature

C’est d’ailleurs sa passion pour le plein air qui a initialement amené Natalie Gillis à se rendre au Nunavut à plusieurs reprises durant la vingtaine.

Selon son profil LinkedIn, elle a guidé des expéditions de randonnée, de kayak de mer et de canoë en eaux vives au Groenland et dans l’Extrême-Arctique, dont l’île d’Ellesmere, l’île Axel Heiberg, l’île Bylot et l’île de Baffin.

C’était toujours très amusant de travailler avec Natalie. J’ai appris très vite qu’elle excellait dans tout, raconte en souriant un ancien collègue et ami, Micheil Cameron Hill, qui l’a côtoyée alors qu’elle travaillait pour la compagnie de plein air Black Feather.

Il a de nombreux souvenirs de leurs expéditions dans les parcs nationaux Auyuittuq et Quttinirpaaq. « Elle avait une énergie très calme, discrète et décontractée. En randonnée, si vous ne prêtiez pas suffisamment attention, vous passiez à côté du fait que son sac à dos était aussi gros qu’un petit réfrigérateur », dit-il.

« Durant les pauses de repos, tout le monde se laissait tomber à la renverse avec son sac, tandis qu’elle s’appuyait tranquillement sur ses bâtons tout en encourageant [le groupe] et en faisant la conversation. »

Une femme marche dans la toundra dans le parc national Quttinirpaaq, au Nunavut, durant l'été 2014.
Natalie Gillis durant une expédition de randonnée avec la compagnie Black Feather, dans le parc national Quttinirpaaq, durant l’été 2014. (Photo fournie par Micheil Cameron Hill)

Conor Goddard, un résident d’Iqaluit et ancien guide de Black Feather, se souvient lui aussi de sa persévérance à toute épreuve.

Un sac énorme sur le dos et un autre sac sur la poitrine illustrent la personne qu’était Nat, dit-il. Et je pense qu’elle a abordé beaucoup de choses de cette façon, qu’il s’agissait de récents voyages à vélo à travers le Canada qu’elle essayait d’accomplir en plusieurs étapes […], j’ai l’impression qu’elle s’est donnée à 100 % dans tout ce qu’elle entreprenait.

« Nat n’avait pas un très grand gabarit, mais elle transportait des sacs de plus de 45 kg à travers le col Akshayuk et le parc national Auyuittuq », affirme Conor Goddard, un résident d’Iqaluit et ancien collègue

Fibre artistique

Hormis l’aviation et le plein air, Natalie Gillis maîtrisait aussi l’art des mots et celui de la photographie. Ses multiples périples ont d’ailleurs inspiré de nombreux clichés ainsi qu’un recueil de poésie, intitulé This is Where Atlantis Sank (2021).

C’était une photographe extraordinaire, résume Clare Kines, un photographe établi à Arctic Bay. Il la décrit comme une personne patiente et posée, curieuse et généreuse de son temps : Elle était incroyable!

« Elle a touché et inspiré beaucoup de gens à travers son parcours », raconte la photographe d’Arctic Bay, Clare Kines. « Elle fait partie de ces personnes qui auraient dû avoir plus de temps devant eux. »

Des glaciers dans l'Extrême-Arctique canadien
Un cliché de Natalie Gillis montrant des glaciers dans l’Extrême-Arctique canadien. (Photo tirée du site web de Natalie Gillis)

Sur son site web professionnel, Natalie Gillis disait avoir étudié à l’école de littérature Humber School for Writers, en Ontario, et avoir obtenu une maîtrise en écriture créative et d’analyse critique à l’Université de Gloucestershire, au Royaume-Uni.

Elle était aussi membre de la Société royale du Canada depuis 2022 et collaboratrice à la revue Canadian Geographic, qui avait retenu l’un de ses clichés d’un ours polaire pour la une de son édition de janvier-février 2023.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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