Le Grand Nord se prépare à faire face aux tarifs douaniers

Quelques tentes et des roulottes au milieu des montagnes au camp de la mine Mactung.
Le projet minier Mactung est situé à la frontière entre le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. (Photo : North American Tungsten)

Avec l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche, les politiciens et les gens d’affaires du Grand Nord disent espérer que le pays évitera une guerre commerciale avec les États-Unis, s’ils décident de mettre en place des tarifs douaniers sur les produits venant du Canada.

Le président désigné Donald Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens entrant aux États-Unis, et ce, dès son retour à la présidence américaine.

Graham Clinton, économiste de Yellowknife, croit que, si ces tarifs douaniers sont instaurés, les consommateurs vont en ressentir les conséquences immédiatement.

Les prix vont tout d’abord augmenter aux États-Unis, dit-il. Cela va avoir toutes sortes d’effets en chaîne là-bas, mais aussi, comme nous faisons beaucoup de commerce avec les États-Unis, les coûts de nos importations vers le Canada deviendront plus élevés.

« Il s’ensuivra donc une hausse générale des prix, dit l’économiste. »

Luke Pantin, directeur général de la Chambre de commerce du Yukon, dit que le Canada doit rester poli, mais ferme dans son approche.

Si on donne une claque, on en recevra une en retour. Ce qu’on dit, c’est qu’il faut rester cordiaux afin de résoudre cela sans l’imposition unilatérale de tarifs douaniers, dit-il.

Le premier ministre Justin Trudeau et les premiers ministres territoriaux et provinciaux, à l’exception de l’Alberta, ont signé une déclaration dans laquelle ils s’engagent à réagir de manière unie si la menace de M. Trump devait se concrétiser. Le Canada envisage également d’imposer des tarifs douaniers en représailles.

Rester calme

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a aussi évoqué la possibilité d’arrêter l’exportation de minéraux critiques vers les États-Unis.

Tout comme Luke Pantin, Jonas Smith, de la Chambre des mines du Yukon, recommande de rester calme. Il estime que plusieurs autres pays souhaitent s’approvisionner en minerai critique au Yukon.

Jonas Smith lors du forum geoscience à Whitehorse, le 19 novembre 2024.
Le directeur général de la Chambre des mines du Yukon, Jonas Smith. (Photo d’archives/Radio-Canada/Sarah Xenos)

Les besoins en minéraux, pas seulement en minéraux critiques, sont globaux. […] Le Yukon est en bonne posture, car nous avons 27 des 34 minéraux critiques sur la liste du Canada, dit-il.

« Par exemple, il y a des ententes avec des pays asiatiques en ce moment en ce qui concerne quelques-uns de nos projets d’exploration les plus avancés, affirme Jonas Smith, directeur général de la Chambre des mines du Yukon. »

Pour le moment, si ces représailles sont appliquées, le Yukon ne serait pas particulièrement visé.

Le territoire ne possède pas encore de mine de minerai critique en production, mais plusieurs projets d’exploration sont en cours. Le projet Mactung concerne l’un des plus grands gisements de tungstène au monde.

Les gouvernements canadiens et américains ont investi 35 millions $ dans le projet, propriété de Fireweed Metals, afin de sécuriser une source d’approvisionnement au pays, dans un marché contrôlé majoritairement par la Chine.

Terres rares et diamants aux T.N.-O.

Les conséquences d’un arrêt des exportations de minéraux critiques pourraient être bien différentes pour les Territoires du Nord-Ouest.

Le projet de terres rares Nechalacho est déjà en production et prévoit de s’agrandir. L’industrie du diamant des T.N.-O. pourrait aussi être à risque.

Vue aérienne d'une mine près de Yellowknife, en été.
La mine Nechalacho, près de Yellowknife. (Photo d’archives/Bill Braden/Vital Metals)

Le premier ministre des T.N.-O., R.J. Simpson, a récemment mentionné que son territoire est moins menacé que les autres provinces et territoires, en raison de son économie réduite et de l’absence de frontière avec les États-Unis.

Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R.J. Simpson et le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, à Ottawa le 15 janvier 2025.
R.J. Simpson parle aux représentants des médias en compagnie du premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, et du premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, en marge de la rencontre du Conseil de la fédération, le 15 janvier 2025. (Photo : La Presse canadienne/Justin Tang)

Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R.J. Simpson et le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, à Ottawa le 15 janvier 2025.

R.J. Simpson estime que des tarifs douaniers pourraient quand même frapper durement la population. Il croit que le prix du billet d’avion pourrait augmenter, et ce, jusqu’à 200 $.

On va faire ce qu’on peut, tout comme les autres [provinces et territoires] au Canada, mentionne-t-il. Ça pourrait être de petites choses comme, en fonction de comment les choses évolueront avec les tarifs, nous assurer de nous approvisionner au Canada ou dans d’autres pays.

Luke Pantin dit que le moment serait idéal pour éliminer les barrières au commerce intérieur.

On croit qu’il faut prendre le temps de trouver des solutions aux barrières géographiques intérieures, afin d’accroître le rendement de notre propre PIB, dit-il, en ajoutant que les gains pourraient être de l’ordre de 18 milliards de dollars par an.

Avec les informations de Luke Carroll et de Shannon Scott

À lire aussi :

Radio-Canada

RCI c'est le service multilingue de CBC/Radio-Canada qui permet de découvrir et surtout de comprendre et de mettre en perspective la réalité de la société canadienne, ses valeurs démocratiques et culturelles.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *