Élections fédérales : opération charme pour les francophones du Yukon, dans le Nord canadien
Devant une salle remplie d’une quarantaine de personnes, les cinq candidats aux élections fédérales du Yukon ont répondu à plusieurs questions sur la francophonie. La santé est l’une des thématiques qui a occupé l’échange.
La rencontre, organisée par l’Association franco-yukonnaise (AFY), avait moins l’allure d’un débat qu’une occasion pour les candidats de promouvoir la plateforme de leur parti. L’organisme a souligné l’importance pour les candidats de rencontrer la communauté francophone et d’entendre ses enjeux, puisqu’elle forme 14 % de la population du territoire.
L’AFY a demandé aux candidats leur position sur la modernisation de la loi sur les langues officielles (LLO), ainsi que sur les soins de santé offerts en français.
De l’avis de tous les candidats, le bilinguisme est une valeur fondamentale au pays et les citoyens doivent pouvoir obtenir des services dans la langue de leur choix.
Le candidat du Parti conservateur, Jonas Smith, avance que son parti n’a pas encore publié sa plateforme sur l’enjeu, mais réitère l’importance du bilinguisme. Pour le candidat du Nouveau Parti démocratique, Justin Lemphers, la loi doit contenir des mécanismes de sanctions.
Question du public : comment aider les jeunes, surtout ceux qui font face à des défis pic.twitter.com/yIczTbHCfb
— Anais Elboujdaini (@iciAnais) October 3, 2019
Sur l’enjeu de la santé, Lenore Morris, du Parti vert, estime que les soins de santé devraient être offerts par le secteur public. Des soins prodigués par le privé devraient tout de même être financés par le public.
Les citoyens devraient tous avoir le choix de s’exprimer et de se faire servir dans la langue officielle de leur choix, selon elle.
De l’avis de Justin Lemphers, tous les Canadiens devraient pouvoir s’exprimer dans la langue de leur choix. Si élu, un gouvernement néo-démocrate consultera la communauté pour la servir adéquatement.
Il a aussi souligné l’importance de travailler au Canada et à l’international pour recruter des francophones dans le système de santé.
Questions du public : Jean-Sebastien Blais, de la Commission scolaire francophone du Yukon souhaite connaître la position des partis pour augmenter l’immigration francophone dans le territoire pic.twitter.com/qV5bvOQoNf
— Anais Elboujdaini (@iciAnais) October 3, 2019
Le candidat conservateur rappelle que son parti promet un transfert fédéral en santé de 3 % par année, une somme de 1,8 million de dollars pour le Yukon. Cette somme prévisible, avance-t-il, pourrait servir à offrir des services de santé dans les deux langues.
Les gens malades ont le droit d’être servis dans la langue officielle qu’ils maîtrisent le mieux. Il souhaite que les fonds servent aux services plutôt qu’à la bureaucratie.
Larry Bagnell, du Parti libéral et candidat sortant, rappelle que son gouvernement a investi 22 millions de dollars pour améliorer les services de santé pour les francophones en situation minoritaire.
Il continue en disant que le gouvernement a également les programmes de formation spécifiques à la santé. L’amélioration de l’accès aux soins en santé mentale et de soins de santé pour les aînés francophones est aussi une préoccupation qu’il reconnaît à la suite de consultations.
Pour Joseph Zelezny, du Parti populaire du Canada la santé est de compétence provinciale et territoriale. Il estime tout de même que les citoyens devraient être servis dans la langue officielle de leur choix dans le système de santé.
Une occasion de s’exprimer dans sa langue
Isabelle Salesse, directrice générale de l’AFY, est satisfaite de la rencontre. Un exercice similaire s’était tenu en 2015. Or, cette édition était plus réussie à son avis.
« Bien que la communauté franco-yukonnaise a des demandes très spécifiques en lien avec la francophonie, les francophones ont aussi les mêmes préoccupations que le reste de la population », précise-t-elle.
Ceux-ci se sont d’ailleurs exprimé sur divers enjeux : le site de l’Association contient les réponses des candidats sur d’autres thèmes.
Larry Bagnell ainsi que Joseph Zelezny étaient les seuls à s’exprimer presque exclusivement en français. La candidate verte Lenore Morris s’est excusée de ne pas maîtriser la langue de Molière. Les candidats Justin Lemphers, du Nouveau Parti démocratique ainsi que Jonas Smith, du Parti conservateur, se sont tour à tour exprimés en français et en anglais.
Des interprètes ont traduit les réponses des candidats lorsqu’ils s’exprimaient en anglais.