Le Grand Nord, victime collatérale des droits de douane américains

Trois hommes debout devant des drapeaux.
Les premiers ministres des territoires ont réagi, mardi, à l’annonce des tarifs douaniers. Ranj Pillai du Yukon, P.J. Akeeagok du Nunavut et R.J. Simpson des Territoires du Nord-Ouest. (Photo d’archives : La Presse canadienne/Nathan Denette)

Un texte de Matisse Harvey et d’Angie Isnel

Les premiers ministres du Nunavut, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon ont annoncé plusieurs mesures d’adaptation et de représailles en réponse à l’instauration des tarifs douaniers américains sur les importations canadiennes.

Ils encouragent leurs résidents à soutenir les entreprises canadiennes et à réduire leur consommation de biens américains.

Bien que le Nunavut n’exporte pas directement de produits vers les États-Unis, le premier ministre P.J. Akeeagok soutient que son territoire dépend fortement des importations de ce pays pour les biens, les infrastructures et les services essentiels. Par conséquent, dit-il, la hausse des coûts et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement rendent le Nunavut vulnérable.

Le Nunavut fait face à des difficultés économiques et logistiques particulières, raison pour laquelle il est essentiel que nos intérêts soient pris en compte alors que le Canada chemine dans sa réponse [à l’imposition] des tarifs, a déclaré P.J. Akeeagok dans un communiqué de presse.

Le gouvernement territorial a indiqué qu’il mettait en branle des mesures pour atténuer les effets sur les coûts des projets d’approvisionnement et d’infrastructures.

Étant donné la dépendance du Nunavut à l’égard des biens importés, le ministère des Services communautaires et gouvernementaux surveille attentivement les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et travaille avec les entrepreneurs et les fournisseurs pour assurer la viabilité des projets, a déclaré le gouvernement du Nunavut.

Priorité des achats locaux

Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, RJ Simpson, a qualifié la décision du président américain Donald Trump d’injustifiée, irréfléchie et préjudiciable.

Le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, a annoncé pour sa part qu’il ajoutera 1 million $ au budget 2025-2026 dans un programme de soutien aux entreprises afin de s’adapter à l’environnement économique incertain créé par ces tarifs douaniers.

Ce n’est pas ainsi que l’on traite ses amis, affirme Ranj Pillai, premier ministre du Yukon.

Le Yukon demande au ministère de la Voirie et des Travaux publics de rediriger les achats territoriaux vers les entreprises locales et la réduction des achats de biens et services provenant des États-Unis.

Même chose pour le ministère du Développement économique, prié de collaborer avec les chambres de commerce du Yukon pour réduire les obstacles au commerce intérieur et international et promouvoir l’accès aux marchés non américains.

Vue d'ensemble du centre-ville de Whitehorse prise le 11 février 2023.
Whitehorse est la capitale du Yukon. (Photo : Radio-Canada/Evan Mitsui)

Dans la même veine que ses homologues, R.J. Simpson a affirmé la révision des politiques d’approvisionnements des entreprises américaines.

Nous avons donné l’ordre à tous les ministères de cesser tout achat de produits américains et de trouver des produits de remplacement dans la mesure du possible, explique R.J. Simpson, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest.

Il a également émis le souhait de mettre fin aux contrats avec la société d’Elon Musk, Starlink, le fournisseur d’accès à Internet par satellite. Nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir l’Équipe Canada, les Canadiens et les habitants du Nord.

Tout ne se fera pas en un jour.

Réaction coordonnée

Les T.N.-O. mettent l’accent sur le besoin de renforcer les liens entre les provinces, dit le premier ministre. Il s’agit, déclare-t-il, d’une occasion pour investir à long terme dans les infrastructures, la sécurité énergétique et l’exploitation des ressources du Nord.

Si nous souhaitons être moins vulnérables aux perturbations du commerce extérieur, nous devons investir en nous-mêmes.

R.J. Simpson veut ancrer la résilience économique des territoires à l’échelle nationale et pousser les discussions vers le changement des barrières tarifaires interprovinciales.

Les projets tels que la route de la vallée du Mackenzie et le corridor d’accès à la province géologique des Esclaves ne sont pas seulement des priorités régionales, ce sont des priorités nationales,  a-t-il déclaré.

Il a indiqué que le Comité du commerce intérieur présentera prochainement des rapports et des plans d’action pour des solutions concrètes pour le commerce interprovincial et pour la mobilité de la main-d’œuvre.

Selon lui, les retombées des tarifs douaniers sont difficilement prévisibles ou mesurables à ce stade, il faut donc attendre de voir ce qui va se passer dans les semaines et les mois à venir et réagir en conséquence.

Retrait des alcools américains

Les trois premiers ministres des territoires du Nord s’accordent sur l’arrêt des achats et le retrait des alcools américains des rayons de la Société des alcools et du cannabis du Nunavut, des T.N.-O. et de la Société des alcools du Yukon.

Comme nous ne voulons pas nuire aux entreprises locales, les détenteurs de permis peuvent continuer à vendre les produits fabriqués aux États-Unis qu’ils ont déjà en stock.


Ranj Pillai a néanmoins décrit les Alaskiens comme étant
 des amis et de la famille, souhaitant la continuité de leurs relations, notamment en ce qui concerne les visites et les activités communes avec le Yukon.

Sachez que ces mesures ne vous visent pas, mais que nous devons faire ce qui est en notre pouvoir pour défendre notre pays, notre souveraineté et notre mode de vie, a conclu Ranj Pillai.

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