Peur de représailles après un incendie à Fort Smith aux T.N.-O.

Un texte d’Angie Isnel
Des coups de feu et un incendie dans une maison de Fort Smith, le vendredi 7 mars, font apparaître les tensions et les risques de représailles depuis plusieurs mois dans les communautés de la région de Slave Sud des Territoires du Nord-Ouest.
La GRC ferait le lien entre les derniers événements et les gangs, notamment le commerce de stupéfiants, selon la mairesse de Fort Smith, Dana Fergusson.
Néanmoins James Lai, inspecteur intérimaire du district sud de la GRC dans les T.N.-O., indique que la police enquête sur chaque cas séparément et n’a pas pour l’instant confirmé l’existence de liens.
James Lai et la mairesse encouragent les habitants à partager leurs informations avec la GRC ou sur la ligne de signalement Échec au crime.
Cessez de cacher ces personnes dans nos communautés, lance Dana Fergusson, mairesse de Fort Smith. Articulez-le, faites-le savoir à la police, signalez-les, devenez un informateur confidentiel.
Les résidents sous intimidation
Arthur Beck, président du Conseil des Métis de Fort Resolution, explique que les membres de sa communauté verrouillent constamment leurs maisons à cause de la violence liée aux drogues.
De plus, les moyens de pression se multiplient.
Ils abusent des aînés pour obtenir de l’argent. Il y a même des fusillades dans la communauté, dit-il sans préciser de qui il parle.
Franco Nogarin, qui vit à Fort Smith depuis plus de 30 ans, rappelle que la région de Slave Sud a connu des inondations, des incendies et la criminalité ces dernières années.
Les récentes violences ajoutent une couche d’anxiété pour les habitants.

La communauté est énervée, beaucoup de personnes ont peur, témoigne-t-il.
Arthur Beck pense que la situation devient chaotique. D’après lui, la GRC et le gouvernement doivent prendre des mesures plus fermes.
Seulement les actions à court terme des autorités peuvent avoir des répercussions rapides sur les habitants, note Yvon Dandurand, professeur émérite en criminologie à l’Université de la vallée du Fraser.
Dans les T.N.-O., il y a parfois des gestes par les crimes organisés qui sont justement pour convaincre tout le monde de se taire : placer une bombe, faire brûler un édifice, faire des actes de violence en public, en plein jour, dit Yvon Dandurand, professeur émérite en criminologie à l’Université de la vallée du Fraser.
Les multiples répercussions d’une collaboration
Protéger les informateurs peut nécessiter de les cacher, de changer leur identité et parfois de faire déménager une famille entière.
Yvon Dandurand soulève qu’en plus d’être un gros remue-ménage
dans la vie des personnes concernées, le manque de discrétion par ces changements peut engendrer des menaces sur la famille élargie.
Les conséquences à long terme sont énormes et les possibilités d’intimidation et de représailles violentes sont énormes. On le sait.
Il ajoute que les avantages d’une communauté soudée avec des liens étroits et profonds sont à double tranchant, car les informations voyagent en interne rapidement, mais les représailles sont parfois moins immédiates.
Ces petites communautés-là ont la mémoire longue. Souvent, ça revient 30 ans plus tard, souligne Yvon Dandurand, professeur émérite en criminologie à l’Université de la vallée du Fraser.

Une avocate de longue date dans le Nord, Anne Crawford, estime que les craintes des témoins sont souvent justifiées.
Autant les individus savent des choses sur les trafiquants de drogue, autant les trafiquants de drogue savent des choses sur les gens et les communautés, a dit Anne Crawford.
Des moyens restreints dans un cycle infini
Yvon Dandurand rappelle que même si les tensions n’éclatent pas et peuvent se faire oublier du grand public, les activités criminelles continuent et les arrestations ou les saisies dérèglent un équilibre. Cela entraîne une escalade de la violence jusqu’à ce qu’il y ait un compromis ou qu’un des deux gangs s’épuise ou qu’un tiers parti intervienne
.
À un moment donné, les organisations plus puissantes vont intervenir et faire arrêter la violence, parce que ce n’est pas bon pour les affaires, ajoute Yvon Dandurand, professeur émérite en criminologie à l’Université de la vallée du Fraser.
Il ajoute que la rotation régulière des agents de la GRC n’aide pas à l’approfondissement des relations entre les autorités et les communautés.
Dans un courriel adressé à CBC/Radio-Canada, un porte-parole du ministère de la Justice du territoire déclare que le ministère a investi dans une nouvelle unité de réduction de la criminalité et une équipe d’intervention d’urgence pour la GRC afin de lutter contre le crime organisé et le commerce de la drogue.
Ces unités appliquent la loi afin de perturber l’afflux de drogues dans nos communautés, a écrit le porte-parole.
Avec des informations de Nadeer Hashmi
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