Le coût de la catastrophe minière Eagle double et passe à 220 M$

Vue aérienne de la berme de sécurité à la mine Eagle, l'hiver.
Le montant des travaux nécessaires au nettoyage du site a encore doublé, pour atteindre 220 millions de dollars. (Photo d’archives : gouvernement du Yukon)

Les sommes nécessaires pour le traitement de la catastrophe de la mine Eagle de Victoria Gold vont encore doubler. Loin du projet initial, estimé à 50 puis à 105 millions de dollars, le montant estimé est maintenant de 220 millions.

Le 24 juin 2024, un bassin retenant des déchets contaminés au cyanure de la mine d’or s’est rompu. Des millions de litres se sont déversés dans cette région au centre du Yukon, empoisonnant les alentours, les cours d’eau, la faune et la flore ainsi que le sous-sol.

La firme PricewaterhouseCoopers (PwC), responsable des affaires de Victoria Gold depuis le mois d’août, a demandé à la cour son approbation pour augmenter le montant alloué au nettoyage de ce désastre. PwC a remplacé Victoria Gold après que le Yukon eut estimé que la minière n’agissait pas avec la célérité nécessaire.

Dans un rapport publié cette semaine, PwC estime que les fonds utilisés pour nettoyer le site de la catastrophe seront épuisés à la mi-avril. Le rapport souligne que les coûts estimés au départ pour assainir le site et l’urgence des travaux requis sont bien plus chers que prévu.

Visibilité limitée et manque d’information

La firme estime que le plan initial a été conçu avec un manque de visibilité et des informations incomplètes . Une quantité estimée à près de 4 millions de tonnes de minerais brut traitées par une solution contenant du cyanure a dégorgé du bassin. La moitié de ces déchets a débordé en dehors de la zone de sécurité prévue à cet effet, contaminant la région.

PwC a également indiqué que les travaux sont prévus jusqu’à l’automne, que des millions de litres d’eau contaminée restent à traiter, et qu’il faut encore drainer et stabiliser les bassins versants de lixiviation.

Le site, dont fait partie la mine, sera mis en vente.

Le gouvernement du Yukon, qui a déjà fourni les 105 millions de dollars demandés au départ, a provisionné la somme et s’apprête à donner 115 millions supplémentaires.

Le tribunal de l’Ontario, qui supervise la mise sous séquestre, doit examiner la demande d’augmentation de PwC le 1er avril. Le gouvernement du Yukon avait initialement estimé le coût total de la catastrophe entre 100 et 150 millions de dollars.

L’équipe chargée de la gestion du site prépare le terrain à l’arrivée du dégel. Celui-ci pourrait apporter des millions de litres d’eau supplémentaires susceptibles de se mélanger aux liquides contaminés du déversement.

PwC a creusé des déviations, des puisards, des fossés et des canalisations qui devraient éviter de voir les eaux printanières se mêler aux eaux usées de la mine.

Dans la phase 3 du plan de nettoyage de la catastrophe, qui doit démarrer en avril, un nouveau bassin de rétention sera créé, et la gestion des eaux contaminées reste la priorité des nettoyeurs. Cette phase devrait coûter environ 132 millions de dollars.

Bassin de rétention de la mine Eagle au pied d'un talus de terre en automne.
Le dégel fait peser la menace d’amener des millions de litres d’eau dans les bassins contaminés de la mine Eagle. (Photo d’archives : PricewaterhouseCoopers)

Elle comprend l’abandon total de la pratique de Victoria Gold de faire circuler ses eaux usées entre les bassins, le drainage et la vidange de ces derniers et leur réaménagement, ainsi que le renforcement des parois. Ces opérations seront lentes et dangereuses, car PwC estime que les bassins contiennent entre 180 000 et 200 000 mètres cubes de fluides cyanurés.

Dans son rapport, PwC demande l’accord de la cour pour mettre en vente le 30 juin toutes les propriétés de Victoria Gold, y compris la mine et ses actifs dans les bureaux de Vancouver.

PwC révèle qu’elle a pu récupérer beaucoup d’or et d’argent générés par la mine dans les déchets traités. Des discussions ont lieu pour déterminer la meilleure façon de répartir les sommes qui peuvent en être tirées, avec le gouvernement du Yukon, qui a financé ces opérations, ainsi qu’avec les Premières Nations.

Ces dernières, ainsi que le gouvernement territorial, assurent la surveillance de la région pour observer l’étendue de la contamination.

Avec les informations de Jackie Hong

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