Communautés autochtones du Nord : la participation sera-t-elle au rendez-vous?

Un électeur autochtone dans un bureau de vote.
Le taux de participation aux élections fédérales est faible dans les communautés autochtones nordiques. (Photo d’archives : Nancy Thomson/CBC)

Lors des dernières élections fédérales, les Autochtones des communautés nordiques ont été moins enclins à voter que le reste du Québec. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur le scrutin du 28 avril?

D’après Kara Louttit, analyste des politiques autochtones à l’Association nationale des centres d’amitié, cette tendance à bouder les urnes s’explique par le fait que  nous avons des peuples autochtones qui affirment leur souveraineté en refusant de participer au processus électoral.

D’un autre côté, poursuit-elle, nous avons des Autochtones qui se présentent activement aux élections.

Lors des élections fédérales de 2021, le taux de participation a été de 26 % au Nunavik et de 17 % à Eeyou Istchee, alors qu’il a été de 65 % dans le reste du Québec, selon Élections Canada.

Le nombre d’Autochtones vivant dans une circonscription peut faire la différence dans le taux de participation. Et cela peut faire une grande différence, analyse Mme Louttit.

Selon une étude d’Élections Canada, les électeurs autochtones ont toujours été confrontés à des obstacles qui les empêchent de voter, notamment le mécontentement à l’égard des dirigeants, le manque de compréhension du processus électoral, les difficultés d’inscription et d’accès aux bureaux de vote, ainsi qu’une méfiance générale à l’égard du système.

Kara Louttit note que les obstacles comprennent l’accessibilité des bureaux de vote, le manque de personnel bénévole et les élections qui coïncident avec les fêtes traditionnelles de la chasse.

Pour Patrick Forward, membre cri de Mistissini au Québec, il est plus important que jamais de voter.

Il fut un temps où nous nous préoccupions de l’inclusion, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, affirme Patrick Forward, membre cri de Mistissini. Aujourd’hui, nous cherchons à exercer une influence.


Le logement abordable et le financement des programmes de langues autochtones font partie des priorités sur lesquelles M. Forward espère que les dirigeants se concentreront.
Une femme dépose son bulletin de vote dans une boîte de scrutin.
Les Autochtones ont pu voter au fédéral pour la première fois aux élections de 1962. (Photo d’archives : La Presse canadienne/Chris Young)

Il note que certains membres de la communauté ont des sentiments mitigés quant à la portée de leur vote. Je pense qu’il y a une mentalité qui fait que cela n’a pas d’importance. Même s’ils votent, cela n’a pas d’importance, car qu’est-ce que le gouvernement va faire pour nous?

Les enjeux sont trop importants pour M. Forward, qui explique comment le fait de voter aujourd’hui peut façonner l’avenir. Il espère que Mandy Gull-Masty, la première femme à être nommée grande cheffe du Grand Conseil des Cris, remportera le vote dans Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou, au terme de sa campagne pour le Parti libéral.

Elle est passée à la scène fédérale, ce que je trouve très significatif. Nous sommes donc représentés par quelqu’un en qui nous avons confiance, souligne-t-il.

Des recherches d’Élections Canada indiquent que les candidatures autochtones augmentent de manière importante la participation électorale des Autochtones. Cet effet a été évident lors du mouvement Idle No More en 2015, qui a coïncidé avec l’élection de Romeo Saganash comme député du NPD.

Si c’est assez important, les gens trouveront des moyens de s’assurer que leur vote compte. Que je sois à Montréal, dans le bois ou ailleurs, vous pouvez être sûr que je prendrai le temps d’aller voter, lance Patrick Forward.

Kara Louttit reconnaît les défis des électeurs autochtones, le choix des dirigeants étant une décision cruciale.

Plutôt que de considérer le vote comme une trahison de la nation autochtone, nous pouvons recadrer notre souveraineté en tant que peuple autochtone comme un engagement autodéterminé, affirme-t-elle.

« Mon choix de voter est une forme de réduction des dommages […] en votant stratégiquement pour le parti qui infligerait le moins de tort », dit l’analyste politique.

Une faible participation électorale peut non seulement nuire aux citoyens actuels, mais aussi aux générations futures, selon Mme Louttit.

En tant que peuples autochtones, nous devons reconnaître que tout ce que nous faisons aujourd’hui a un impact sur les générations à venir, que ce soit dans la manière dont nous interagissons ou dans la façon dont nous défendons nos droits, ajoute Kara Louttit, analyste politique.

D’après un texte de CBC News

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