Le Parti libéral l’emporte au Yukon et aux T.N.-O.

Un texte de Matisse Harvey et d’Angie Isnel
Dans le Grand Nord, les libéraux ont remporté la circonscription du Yukon, celle d’Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou et celle des Territoires du Nord-Ouest. Tôt mardi matin, il était encore impossible de déterminer qui allait l’emporter au Nunavut.
Nunavut

Seulement 78 voix séparaient Lori Idlout, la députée sortante du NPD, de sa rivale libérale Kilikvak Kabloona. Il était donc impossible de déterminer un gagnant dans la circonscription. Selon Élections Canada, le décompte des votes restants pourrait prendre du temps.
Les bureaux de Qikiqtani, de Kivalliq et de Kitikmeot, les trois régions administratives du Nunavut, ont fermé leurs portes à 21 h 30 (HAE). Selon le directeur de scrutin du Nunavut, Jean-Claude Nguyen, 1196 électeurs ont voté par anticipation du 18 au 21 avril, soit une hausse d’environ 50 % par rapport aux 794 en 2021.
Quatre partis politiques avaient désigné leur candidat pour représenter les 41 000 habitants du Nunavut, dont plus de 21 300 électeurs qui étaient inscrits sur les listes électorales.
Les candidats en lice étaient James Arreak, du Parti conservateur, Lori Idlout, du Nouveau Parti démocratique et Kilikvak Kabloona, du Parti libéral.

Élections Canada a mis l’accent sur la communication en 14 langues sur les ondes radiophoniques. Toutes les informations étaient en inuktitut et en inuinnaqtun et il y a eu cinq vidéos explicatives sur des éléments importants du processus électoral traduites en 13 langues autochtones
.
Comme à chaque campagne électorale fédérale, la pénurie chronique de logements est un enjeu qui est demeuré au centre des préoccupations de nombreux Nunavummiut, puisque plus de la moitié des résidents vivent toujours dans un logement surpeuplé.
Par ailleurs, la sécurité dans l’Arctique canadien a aussi occupé une grande place dans l’espace public. Or, plusieurs Nunavummiut ont estimé que ce dossier a relégué au second plan des défis de longue date, comme l’insécurité alimentaire et le manque de ressources en santé mentale.
Territoires du Nord-Ouest

Mairesse de Yellowknife depuis 2018, Rebecca Alty est la nouvelle députée fédérale des Territoires du Nord-Ouest. Elle succède au libéral Michael McLeod qui a représenté la circonscription durant trois mandats.
Mardi, vers 22 h 15, heure locale, Rebecca Alty récolait 52,9 % des voix, soit 2420 de voix d’avance sur la candidate conservatrice Kimberly Fairman.
Avant de se lancer en politique sur la scène fédérale, Rebecca Alty a aussi été conseillère municipale pendant six ans. Elle a occupé des postes de direction dans des organisations à but non lucratif et des entreprises minières.
Reconnue notamment pour sa gestion des feux de forêt et ses actions pour lutter contre l’itinérance, elle avait indiqué qu’elle souhaitait continuer à représenter les intérêts ténois pour le logement abordable, la défense des voix autochtones et la réconciliation, la lutte contre le changement climatique et à renforcer l’économie locale pour offrir une diversité d’emploi pour les communautés.

D’après les estimations d’Élections Canada, 3631 électeurs ont voté par anticipation durant la longue fin de semaine de Pâques, un nombre similaire à celui de l’élection de 2021.
Le territoire compte 45 000 habitants. Il y avait plus de 30 500 électeurs inscrits sur les listes électorales, et ils auront choisi leur représentant parmi quatre partis politiques.
Hormis Rebecca Alty du Parti libéral, la candidate Angela Davidson s’est présentée pour le Parti vert, Kimberly Fairman, pour le Parti conservateur, et Kelvin Kotchilea, pour le Nouveau Parti démocratique.
Les besoins importants du territoire en matière d’infrastructures ont été au cœur des préoccupations des électeurs ténois durant cette campagne électorale. Des résidents souhaitent un plus grand soutien financier d’Ottawa pour la construction d’infrastructures attendues depuis de nombreuses années, comme le projet de la route du Mackenzie praticable à l’année qui relierait Wrigley et Norman Wells.
Brianna Brenton, une résidente de Yellowknife, affirme que les tensions diplomatiques actuelles entre le Canada et les États-Unis ont largement éclairé son choix.
À sa sortie du bureau de vote, cette dernière avait un message pour son futur député fédéral : Faites ce qu’il y a de mieux pour ma génération
, a lancé la jeune femme qui votait pour la toute première fois.

Un autre résident de Yellowknife, Tasir Bhuiyan, votait lui aussi pour la première fois aux élections fédérales. J’ai voté pour la personne qui, je crois, sera la plus apte à gérer [l’économie]
, a-t-il affirmé, à sa sortie d’un bureau de vote.
Yukon

Le candidat pour le Parti libéral au Yukon, Brendan Hanley, est réélu. Il comptait 49,9 % des voix vers 21 h 30, lundi, mais tous les bulletins n’avaient pas encore été dépouillés.
Ill devançait de près de 1336 votes son plus proche rival, le conservateur Ryan Leef. En 2021, Brendan Hanley avait été élu avec 33,2 % des voix.
Avant de se lancer en politique fédérale, ce dernier a été médecin hygiéniste en chef au Yukon à partir de 2008. Il a attiré l’attention comme responsable de la santé publique pendant les premières années de la pandémie de COVID-19.
Dans la continuité du travail effectué depuis quatre ans, il avait indiqué qu’il souhaitait se concentrer sur les mesures de logement abordable, de résilience climatique, d’accroissement des transports en commun, de réconciliation et de santé publique.

Lors du vote par anticipation, 4925 électeurs se sont déplacés, ce qui est légèrement moins élevé qu’en 2021.
Après deux désistements, quatre partis politiques étaient dans la course pour représenter plus de 47 000 résidents du territoire, dont un minimum de 33 400 électeurs inscrits sur les listes électorales.
Au Yukon, les candidats étaient Gabrielle Dupont pour le Parti vert, Brendan Hanley pour le Parti libéral, Ryan Leef pour le Parti conservateur et Katherine McCallum pour le Nouveau Parti démocratique.
Parmi les enjeux que les électeurs avaient le plus à cœur figurent les besoins du territoire en matière d’infrastructure énergétique, découlant principalement des changements climatiques et de la croissance démographique.
À leur sortie du bureau, Justin et Catherine Grenier, un couple francophone de Whitehorse, ont affirmé qu’ils étaient particulièrement heureux d’avoir pu exprimer leur droit de vote.
Il est toujours important de voter, mais cela l’était encore plus cette fois-ci, considérant le climat politique actuel au Canada et vis-à-vis de notre voisin du Sud… Il y a beaucoup de tensions, affirme Justin Grenier.

C’était important cette année, renchérit sa conjointe Catherine.L’élection s’est déroulée rapidement. Il y a eu beaucoup d’imprévus et de rebondissements, donc il a été fascinant de suivre le processus [électoral].
Elle affirme avoir grandement hésité entre les quatre candidats au Yukon qui, selon elle, avaient chacun des perspectives intéressantes à apporter.
Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou
La circonscription, qui était auparavant représentée par Sylvie Bérubé, du Bloc québécois, passe désormais aux mains de la libérale Mandy Gull-Masty, originaire de Waswanipi.
Mardi, vers 1 h, cette dernière comptait 1836 voix d’avance sur sa proche rivale bloquiste, soit 40,6 % des voix, bien que l’ensemble des bulletins n’avaient pas encore été entièrement dépouillés.
Mandy Gull-Masty est la première femme élue comme grande cheffe crie de la Nation d’Aeyou Istchee en 2021, représentant 18 000 personnes à travers les régions de la Baie-James et du Nunavik.
Lors de ses 12 années de travail auprès du gouvernement crie, elle s’est concentrée sur l’harmonisation des valeurs cries lors des développements des projets territoriaux.
Le développement des ressources, la protection des terres, la revitalisation de la langue crie et l’avenir de l’économie crie étaient des enjeux essentiels de sa campagne.
Mandy Gull-Masty se présentait comme une candidate différente, mais avec de l’expérience auprès des trois ordres de gouvernement : municipal, provincial et fédéral.
En raison de problèmes météorologiques, des électeurs n’ont toutefois pas pu voter dans plusieurs communautés du Nunavik, dont Salluit, Ivujivik, Tasiujaq et Puvirnituq.

Quatre partis politiques avaient annoncé leur candidat pour représenter le territoire d’environ 89 000 habitants, qui englobe 14 villages inuit.
Plus de 65 500 résidents étaient inscrits sur les listes électorales. Élections Canada estime que 9144 personnes ont voté par anticipation entre les 18 et 21 avril.
Les autres candidats étaient Sylvie Bérubé pour le Bloc québécois, Steve Corriveau pour le Parti conservateur et Thai Dillon Higashihara pour le Nouveau Parti démocratique.
Durant la campagne électorale, des électeurs inuit ont notamment plaidé pour une meilleure représentativité à Ottawa. Plusieurs Nunavimmiut souhaitent que les réalités du Nunavik soient mieux prises en compte dans les discussions aux Communes, parce que la région manque cruellement d’infrastructures et de services essentiels.
Le coût élevé de la vie est une autre grande préoccupation des résidents. Les aliments coûtent en moyenne 33 % plus cher que dans le sud de la province, selon une étude de l’Université Laval, à Québec, publiée en 2024.
Avec des informations de Sarah Xenos, d’Angie Isnel et de Claudiane Samson
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